31 mai 2006

Lettre vite torchée à Nicolas Sarkozy

Monsieur Sarkozy,

L’un des principaux reproches adressés à la police est le tutoiement ostensible lors des interpellations. Comment voulez-vous montrer l’exemple à vos troupes quand vous tutoyez les jeunes de Montfermeil ? Vos utilisations de « racaille » et « karcher » ne m’ont pas choqué. Mais vous ne passerez pas pour autre chose qu’un démagogue si vous croyez que brailler sur un jeune comme si vous étiez son prof de sport contribue à vous donner une image de mec qui en a.

Moi, je ne vous permettrais pas de me tutoyer. Etre le premier flic de France, c’est aussi donner le ton, et chaque citoyen doit être traité de la même manière. En revanche, vous avez ma bénédiction pour tabasser la racaille. Si vous pouviez faire la même chose au Liban, ça nous arrangerait.

Allez, en te remerciant,

WIL

Sinon, rien à voir mais "Le style L’Orient-Le Jour" ne lasse pas de m'éblouir de par sa précision. Un exemple aujourd'hui :

Le ministre des Télécommunications, Marwan Hamadé, a reçu hier à son bureau l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman. Les deux hommes ont évoqué les derniers développements à la lumière des récents événements.

C'était donc ça ! On comprend tout de suite mieux.

Quant à mon lecteur de Polynésie (Faaa ?), il est prié de me contacter dès que possible.

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29 mai 2006

Groland, Groland

Ami, à l'heure où le service public français nous emmerde avec du tennis, et avant qu'il nous gonfle avec du foot, il faut se rappeler que ceux qui trouvent que le sport, c'est chiant, ont leur ménestrel. Qu'il soit mille fois honoré.

Ami, à l'heure où le seul moyen de communication entre le Liban et Israël demeure l'échange de bombes, il est bon de savoir qu'au Moyen-Orient, certains se battent pour l'environnement et pour un monde meilleur malgré la connerie ambiante. Longue vie à Bluethroat qui a enfin commencé son blog.

Ami, à l'heure où le politiquement correct devient la norme et alors que Jamel Debbouze est considéré comme un acteur, il existe un blog d'übernerd qui arrive à provoquer un rire de qualité avec des blagues racistes sur un pays de moustaches. Bénies soient les références à Star Wars.

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28 mai 2006

La Roche-sur-Foron, Rhone-Alpes

Hier soir s'est achevé le mois de Marie. Non, ce n'est pas un mois spécial avec des soldes comme le mois du blanc, c'est le mois où l'on célèbre Marie des cathos. Traditionnellement, des processions de nuit emmènent les fidèles au son de chants guerriers jusqu'à Harissa, l'Eglise maronite qui surplombe Jounieh. J'ai pour habitude d'apaiser la soif de ces généreux pélerins qui viennent gueuler sous mes fenêtres après minuit en leur octroyant de solides rations d'eau balancés depuis mon balcon, mais cette année, d'une part il faisait froid alors j'ai eu pitié, d'autre part ils sont de moins en moins nombreux, alors j'ai eu doublement pitié, et je suis retourné voir Ardisson, en profiter avant qu'il ne disparaisse à la rentrée prochaine pour retourner à une carrière de publicitaire.

Celles qui n'ont pas l'air de disparaître, ce sont les rixes à la frontière libano-israélienne. Une fois de plus, on n'est pas sûrs de qui a commencé, si c'est le Hezbollah ou les groupes palestiniens, mais on croit savoir qui va finir tout ça. Remarquons encore que la frontière entre le Liban et Israël reste agitée, alors que celle entre la Syrie et l'Etat hébreu demeure toujours aussi calme. C'est sûrement parce que le gouvernement syrien est constitué de gens bien élevés, qu'Amnesty International s'entête à vouloir salir, comme nous l'apprend régulièrement mon nouvel ami Joshua Landis.

Ardisson s'en va, Aoun arrive ! Le Général va enfin posséder sa propre chaîne de télévision au Liban, Orange TV. J'ai été un peu étonné à cette annonce, je croyais qu'il avait déjà sa télé, et qu'elle s'appelait Al Manar. Comme quoi on peut être au Liban depuis de (très, très) longues années, et ne pas toujours comprendre les subtilités locales.

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27 mai 2006

Lith, Noord-Brabant

Au Liban, on n'a pas de CPE, mais on a quand même des jeunes en colère. Hier, les étudiants de la Lebanese American University, une fac pas franchement considérée comme de haut niveau mais fréquentée surtout par la jeunesse dorée qui n'arrive pas à rentrer à l'AUB, se sont mis sur la gueule à l'occasion de la célébration de la "Libération" du Liban, lorsqu'Israël a décidé de plier bagage du Sud. Les étudiants de Amal, mouvement chiite pro-Syrie ont voulu fêter dignement l'événement, ce qui a un peu agacé ceux du Parti Socialiste (hahahaha) Progressiste de Walid Joumblatt . Bilan : intervention des bérets verts aux alentours du campus, puis de la force d'intervention rapide des FSI (les CRS locaux mais en beaucoup moins psychologues) et au final trois blessés, peut-être par armes blanches, en tout cas ça n'avait pas l'air de rigoler sur le campus.
Heureux pays où les commandos de l'armée interviennent contre les jeunes et personne ne vient se plaindre de brutalités policières.
Les partis politiques utilisent au Liban, comme partout ailleurs, les jeunes et les endoctrinent pour les pousser à la violence, bien qu'il faille peu de pression pour que certains se révèlent belliqueux. On en arrive à ces extrêmes manichéennes où les jeunes s'affrontent en référence au mouvement dont ils se revendiquent, ici Amal la Syrienne contre PSP le valeureux défenseur du Liban. Evidemment, les choses sont plus complexes qu'elles n'apparaissent, mais combien de supporters du PSP veulent se souvenir des prises de position plus que favorables qu'a émis leur patron vis-à-vis de la Syrie dans le passé ? On est dans 1984, où l'histoire se réécrit en permanence pour justifier les errements politiques du pouvoir en place.
Pour éviter ce genre de problèmes, de nombreux campus interdisent les mouvements politiques, à l'USEK, ou à Balamand mais dans ce cas-là, c'est la politique qui vient sur le campus, les étudiants politisés des autres facs venant faire de l'agit-prop sur les campus "neutres". Mais quand on voit comme les sciences politiques sont mal considérées dans ce pays, moins que le droit notamment ce qui est l'exact inverse de la France, et assez mal enseignées, on peut douter de l'émergence de nouvelles élites politiques dans un pays où l'allégeance commence au berceau.

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25 mai 2006

Shimonoseki, Yamaguchi

J'écris assez souvent sur ce blog en ce moment, pour deux raisons. La première, c'est que je n'arrive pas à m'atteler à ce projet éditorial, pourtant accepté, tamponné et encouragé, et donc plutôt que de m'y mettre et de le finir le plus tôt possible, je fais de l'écriture d'évasion : ce blog. La deuxième raison, c'est surtout que l'actualité libanaise est riche en sujets d'énervement. Le dernier, après la non-condamnation de la provocation du "gouvernement" syrien, ce sont les paroles du "président-général" (remarquez la série de guillements) qui "a prononcé hier un sévère jugement contre tous ceux qui réclament le désarmement de la Résistance, estimant qu’ils « complotent contre le Liban »." La cinquième colonne est de retour, sous les traits de ceux qui trouvent étrange pour le moins qu'un pays dispose de deux armées, sans compter les milices armées palestiniennes ou les forces paramilitaires des chrétiens.

Le chef de l’État, qui s’est rendu au pénitencier de Khiam et à la caserne des forces mixtes de sécurité à Marjeyoun à l’occasion du sixième anniversaire de la libération du Liban-Sud, en a profité pour réitérer son soutien au Hezbollah. Aussi a-t-il mis l’accent sur la nécessité de préserver la Résistance, rejetant toute idée d’incorporer cette dernière dans l’armée. Le Hezbollah, représenté par cheikh Nabil Kaouk, a, lui aussi, rendu hommage aux « positions constantes et courageuses » du président Lahoud qui ont permis « la concrétisation » et « la préservation » de la libération.

Car on a tendance à l'oublier, c'est grâce au Hezb que l'armée israélienne a quitté le Liban il y a six ans. Quiconque n'est pas d'accord est un imbécile : cinq mille barbus sous équipés et fanatisés ont réussi à faire partir l'armée la plus puissante de la région, et il est de bon ton de le faire savoir. Que de chemin parcouru depuis ! A l'époque, en regardant la télévision en groupe, une connaissance libanaise avait lâché un "sale traître" plein de fiel à destination de l'armée du Liban Sud, supplétive de Tsahal. Aujourd'hui les "traîtres" sont partis, pour certains chez le voisin du Sud, d'autres sont emprisonnés et pour les habitants des régions autrefois occupées, c'est la misère économique. Hezbollah se fera fort de s'occuper de ces futurs électeurs, faisant une fois de plus jouer ses muscles en utilisant tous les idiots utiles à sa disposition. Comme Lahoud. Vous pensiez que le président Chirac était mauvais, malhonnête et sans scrupules ? Vous adoreriez Emile Lahoud, le seul ex commandant militaire à ma connaissance à être prêt à sacrifier son ancienne administration pour s'acheter la paix des barbus. Il devrait tout de même se méfier. Le Hezbollah respecte uniquement la force. Et ce que fait Lahoud, ça s'appelle baisser son froc.

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24 mai 2006

Ceska Lipa, Liberecky Kraj

Qui aujourd'hui doute encore du caractère non seulement dangereux mais aussi totalitaire du Hezbollah ? Comment justifier qu'il y ait deux forces armées pour un seul pays, dont l'une sous la coupe d'intérêts privés ? Après avoir rappelé qu'il pouvait envoyer 12000 roquettes sur le Nord de la Palestine (curieuse idéologie qui consiste à nier l'existence d'un pays tout en se déclarant prêt à le détruire) le parrain du Hezbollah considère que l'armée libanaise n'est pas apte à faire pièce à l'armée israélienne, ce que chacun sait depuis longtemps, et que donc il est impensable que ses sbires se mélangent aux forces armées régulières. Dans n'importe quel pays, on évoquerait l'imminence d'un coup d'Etat. Au Liban, on se contente de justifier l'existence d'une force armée privée en arguant qu'elle incarne la résistance, à l'instar des Français pendant la guerre contre l'occupation allemande. Mais même les communistes en France ne souhaitaient pas profiter de l'écrasement de l'ennemi pour établir une dictature. Le Hezbollah veut étendre son emprise sur tout le Liban, établir la loi islamique et détruire le Liban tel qu'on le connaît. Il sera bientôt trop tard pour résoudre le problème du parti de Dieu, et Nasrallah sait profiter comme personne des dissensions internes au Liban pour se rengorger de sa puissance de terreur.

Car on a eu droit à un magnifique exemple de solidarité à la chambre lorsque Nabih Berry, pourtant président de l'Assemblée nationale, l'a quitté furieux parce que certains députés souhaitaient une protestation officielle contre la demande d'arrestation de Walid Joumblatt. La Syrie fait appel à Interpol pour capturer Joumblatt, pourtant leur ancien allié, ce qui a été qualifié par Washington de "provocation syrienne". La Syrie ose tout, se permet tout, assurée de pouvoir compter sur ses habituels alliés comme Berry, qui se contrefoute du Liban, mais reste attaché à leur petit terrain d'influence. Je ne suis pas Libanais. Je ne peux pas qualifier ces gens de traîtres, mais leurs manoeuvres me rendent malades. Ils haïssent le Liban plus que ne le fera le plus faucon des hommes politiques israéliens. Et je ne suis même pas sûr que l'histoire les jugera. On a vu tellement de crapules glorifiés dans les livres d'histoire que j'ai perdu espoir de ce côté-là.

Comment notre expert en Syrie voit-il la demande d'arrestation de Joumblatt par sa dictature préférée ? Il n'en parle pas pour le moment, trop occupé à citer Phil Weiss du New York Observer. Ce dernier tient un blog et y raconte qu'il est allé en touriste en Syrie, c'était pas mal, d'ailleurs il tient Joshua Landis pour un expert en Syrie parce qu'il y a habité plusieurs années et qu'il est marié à une Syrienne. Mais alors... Je suis un super expert en Liban, moi !

Lisez les aventures de M. Weiss en Syrie, ça nous rappelle les voyages de Marc-Edouard Nabe en Irak, ou Nerval au Moyen-Orient : c'est confondant de naïveté, surtout lorsqu'il écrit :

I was surprised by how little evidence I saw of militarism. There were few police in the streets, no soldiers that I can remember, except for a couple of guys with semiautomatic rifles lolling outside an official building. In touring the country, we passed many military bases with watch towers. They were all unmanned. Syria is a poor country, and you see it in the absence of soldiers. I have no doubt that Israel could defeat Syria in no time.

C'est beau comme du Guy Carlier matiné de Philippe Labro. Entre le syndrôme Lawrence d'Arabie, qui pousse les Occidentaux à prendre fait et cause pour le monde arabe contre leur propre camp (voir notamment l'Institut Français du Proche-Orient), et les touristes qui restent une semaine dans la région et pensent avoir tout compris, je me demande si les Libanais n'ont pas raison de ne voir l'étranger que par le prisme du f o o t b a l l. Allez Liban !

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23 mai 2006

Colts Neck, New Jersey

OK, d'accord, j'ai compris, la C o u p e du M o n d e de F o o t b a l l va commencer. Est-ce que pour autant, chaque citoyen libanais doit être obligé de mettre un drapeau d'un autre pays sur son balcon ou sur sa voiture ? Qu'est-ce que c'est que ce soudain engouement pour (dans l'ordre) le Brésil, l'Allemagne, l'Italie, ou la Grande-Bretagne ? Est-ce qu'on réellement me faire croire que les Libanais s'enthousiasement pour le plus débile des jeux au point qu'ils se prennent pour des champions d'autres nations, devenant pendant un mois des citoyens par procuration ?
C'est ma troisième C o u p e du M o n d e de F o o t b a l l au Liban et à chaque fois, ces vomissements nationalistes de supporters m'agacent au plus haut point. Un drapeau, ça a une signification, ce n'est pas juste un fanion d'une équipe sportive. C'est ce qui explique également que je deviens berserk à chaque fois que je vois une des (trop) nombreuses Coccinelles de Volkswagen portant la svastika nazie avec fierté. Petits cons. Persuadés que Hitler était antisémite et donc qu'il aurait été contre Israël, quelques demeurés croient intelligents d'arborer ces symboles de leur propre destruction. Minables.

Pendant ce temps en France, Bruno Gollnisch est interdit d'enseignement à l'université pendant cinq ans. Je devrais m'en réjouir, certes, ça ne me fait pas de peine au contraire, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'on devrait condamner dans la foulée tous ses collègues d'extrême gauche qui ont soutenu les régimes totalitaires avec ferveur pendant des décennies. Le Pen était au second tour de la présidentielle en 2002, il ne cesse d'améliorer son score électoral grâce aux bonnes âmes qui le démonisent. Avec la mise à pied temporaire de Gollnisch qui, rappelons-le, était prof de civilisation japonaise, donc moins susceptible d'influencer nos chères têtes blondes que la moitié des profs d'histoire de l'extrême gauche, le FN va gagner des points. Y aura-t-il en France un homme politique qui acceptera le fait qu'il s'agit, non pas d'insulter les électeurs du Front National, mais de comprendre les raisons de leur choix ? A moins de penser que 20 % des électeurs sont des connards, ce qui est le premier pas vers un fascisme bon teint. Combattre les idées du Front National, ce n'est pas se boucher le nez en votant Chirac en 2002. C'est proposer un projet politique pour la France, et ça, on attend toujours.

Pour finir, une note d'humour : la Syrie demande à Interpol d'arrêter Walid Joumblatt, le derviche tourneur de la politique libanaise... Je pense qu'ils devraient également réclamer l'arrestation de Ronald McDonald, Nelson Mandela et Julio Iglésias. Tant qu'à être ridicule, autant qu'ils y aillent à fond.

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22 mai 2006

Références

Quand je consulte mes stats, j'ai parfois des surprises. Récemment, un farceur a réussi à me faire croire pendant quelques heures que l'oeil de Damas était sur moi, car j'avais un référent qui provenait du site d'admirateurs de la Syrie dont j'avais parlé dans mon post précédent. Mais le plus souvent, on parvient sur mon blog en tapant des mots qui n'ont aucun rapport avec ce que j'écris. Ainsi, lors de la nomination il y a quelques jours de l'équipe de pousse-citrouilles qui doit se rendre en Allemagne pour la confrontation des manchots nationaux en juin (vous aurez compris de quoi je parle mais je ne veux pas me refaire Googler si je parle du sport en question, merde, j'ai écrit sport, ça va encore attirer des amateurs de skyblogs, merde, j'ai écrit sky... putain, on n'en sort pas...), nombre de gens ont atterri chez moi en quête d'infos concernant cette activité physique que je considère réservé aux demeurés. Z'ont pas du être déçus de leur visite, tout comme ceux qui se retrouvent ici parce qu'ils ont tapé dans un célèbre moteur de recherches précité une combinaison de mots censé déterminer si oui ou non tel acteur ou telle présentatrice de JT public appartiennent à une confession religieuse monothéiste minoritaire dans le monde mais majoritaire dans un pays du Moyen-Orient situé au Sud du Liban. On dirait du Pictionary, et c'est assez chiant, mais afin de ne pas induire mes lecteurs en erreur, il va falloir que j'use de formules ampoulées, d'euphémismes et de synonymes à l'avenir.

Sinon, les comments marchent bien, j'en suis assez surpris même si les posts qui prêtent le plus à discussion tournent toujours autour des mêmes thèmes. Il semble que les religieux n'aient toujours pas renoncé à me convertir, ce qui est gentil de leur part mais parfaitement inutile. De la même façon, concernant la France, on continue de s'écharper avec fougue. J'aime bien. Toutes ces discussions me permettent aussi de découvrir de nouveaux blogs chaque jour. Je pense faire un hommage groupé un de ces jours à tous ces gens qui participent au débat dans la blogosphère. J'étais rassuré de voir notamment que la venue de Chomsky au Hezbollah a été sévèrement critiqué dans la plupart des blogs libanais, alors même que les médias officiels ont été dans leur majorité assez caressant comme à leur habitude.

Preuve une fois de plus que Dominique Wolton n'a rien compris à l'Internet et à la communication, notamment quand il nous faisait à Beyrouth il y a deux ans cette grande prophétie "les blogs, c'est comme le chat, ça va pas durer".

Encore un qui aura fait n'importe quoi pour passer chez Ardisson. "Les hommes dans le vent ont un destin de feuilles mortes." Merci Mongénéral.

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20 mai 2006

Nos voisins chéris

Parlons un peu des voisins. La Syrie, d'abord. Une question a été posée à un certain nombre de syrianistes, de syreurs, enfin d'experts en Syrie : "How did Syria perform over the past 40 years compared to its neighbors?". La réponse paraît assez évidente, mais il paraît que non. Plusieurs "spécialistes" ont donc tenté d'y répondre sur ce site, je vous recommande la réponse de l'ambassadeur syrien aux Etats-Unis, un modèle de langue de bois. Sinon, il y a celle de l'inénarrable Joshua Landis, qui arrive à dire que c'est la sécurité qui est la plus grande réussite du modèle syrien. Dr. Landis est mariée avec une jeune femme syrienne (on peut admirer les photos sur son site) et je pense qu'il souhaite avant tout ne pas finir dans les geôles de Bachar, comme les intellectuels qui viennent d'y être renvoyés pour avoir oser demander des relations diplomatiques avec le Liban. Au moins, là-bas ils seront en sécurité.

L'Iran ensuite. Plusieurs personnes m'ont signalé ce qui reste à vérifier, à savoir le retour de la bonne vieille étoile jaune pour identifier les juifs en Iran. Les chrétiens et les zoroastriens (?!) ne seront pas en reste, chacun sa couleur pour se distinguer de la masse des vrais croyants. L'Iran dément fermement cette politique à l'encontre des minorités, le problème c'est que ça n'étonne personne venant des mollahs iraniens, et que plusieurs pays pratiquent le fichage des religions, comme le Liban où l'appartenance communautaire est inscrite sur la carte d'identité. Ce qui reste le plus intéressant, c'est que cette histoire, vraie ou fausse, a surgi alors que la théocratie iranienne se trouve dans le processus de définir la tenue officielle des Iraniens, en particulier des femmes. Quel beau pays où les femmes ne sont pas tenues de passer leur temps à se constituer une garde-robe dernier cri, pouvant ainsi se consacrer à des activités plus nobles comme... aller à la mosquée, torcher les gosses et préparer la bouffe. Les trois K d'Adolf Hitler, le rêve de tout phallocrate attardé, l'avenir des Perses. Culture de mort, mort de la culture.

En tout cas, si les juifs doivent porter un ruban jaune en Iran, je me ferai un devoir d'en porter un aussi... dès que je serai rentré en France. Je pense que le Liban ne goûterait pas la solidarité avec la religion officielle du voisin du Sud et je ne tiens pas à me retrouver au cachot pour savoir si oui ou non, Herr professor Joshua Landis a raison concernant la sécurité dans la région.

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19 mai 2006

L'autre mondialisation

L'excellent Jean-Robert Fitte, président de l’Université Paris IV-Sorbonne, a été l'un des rares patrons de fac à s'être exprimé de manière intelligente pendant la crise du CPE, notamment en essayant d'expliquer les enjeux de l'éducation de demain à des étudiants confits de gauchisme soixante-huitard. Voilà un universitaire comme on les aime, bien loin de l'image du mandarin assis sur son CDI irrévocable et postillonnant son inculture devant des étudiants soumis portant t-shirts Che Guevara et dreadlocks. Conscient de la nécessité pour l'université française de devoir aller de l'avant et d'exporter un savoir-faire français qui tend à s'autocongratuler, la Sorbonne Paris IV va s'implanter à Abou Dhabi. Excellente nouvelle, car les Etats du golfe, Dubai, Sharjah et le Qatar en tête, ont commencé depuis longtemps à vouloir faire de l'éducation un de leurs atouts dans la région et ont bien sûr fait appel aux meilleures universités américaines. Paris IV fait figure de pionnière dans la région et peut apporter beaucoup aux EAU, d'autant que le chemin de la démocratie passe d'abord par l'éducation.
C'était, après la venue de Chomsky au Liban, le petit rayon de soleil universitaire de la semaine.

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Fuite de cerveau

Pour commencer , un p'tit lien vers un blog, une fois n'est pas coutume. Son nom est bien politiquement incorrect, je me garderai donc de le répéter sur ce blog homologué par le Nouvel Obs, les Inrocks et bientôt Mazarine Pingeot. Il est français, vit à Beyrouth, dit des gros mots et fait du bien à lire parce qu'on se dit qu'on n'est pas le seul comme il me le dit dans son mail, à être "un enfoiré de centriste incapable de voir le Complot des 300 Familles, la juiverie internationale, la Grande Menace Islamique et autres évidences de comptoir". Donc, son blog me plaît, allez donc chez Oussama BenLiquid, voilà c'est dit.

Ensuite, comme promis à ma chère Sis' from Texas, parlons un peu de ces fameuses lois Sarkozy sur l'immigration qui font tant hurler les bonnes âmes. Immigration choisie est devenu le nouveau concept malodorant en France, comme si 1. ça changeait quoi que ce soit 2. la France était la seule à le pratiquer 3. la France pouvait faire autrement. Le président du Sénégal se plaint, arguant qu'il ne veut pas former des élites pour qu'ils aillent travailler en France, à quoi on peut lui répondre que 1. ça s'appelle la fuite des cerveaux et la France n'y échappe pas 2. étudiant ne veut pas dire fonctionnaire et on a encore le choix de faire ce qu'on veut même au Sénégal (mais pas en Birmanie) 3. vu le nombre d'experts et de coopérants que le Sénégal accueille en permanence, je ne suis pas sûr qu'il gagnerait au change en stoppant émigration et immigration en même temps.

Sarkozy n'est pas mon ami, d'ailleurs ce n'est l'ami de personne. Mais ça devient fatigant d'entendre des hurlements outrés chaque fois qu'il propose quelque chose. Et pourquoi on ne pourrait pas choisir son immigration, choisir les gens qui vont venir vivre avec vous ? Que les défenseurs des droits de l'homme se rassurent, en France on a autant besoin de main d'oeuvre non qualifiée que de médecins libanais, ce ne sera pas que l'élite que l'on accueillera.

Et puis, quand on voit comment ça se passe ailleurs, on a tendance à rire des expressions scandalisées des bobos. Le Liban vous force à faire la queue à la sûreté générale, vous traite comme rien (sauf quand vous êtes du Tiers Monde, là c'est comme une merde), change ses lois sur l'immigration en permanence et refuse de naturaliser les Palestiniens tout en soutenant leur combat contre Israël. Les bobos ont du mal à se rendre compte aussi d'une chose : comme le fait dire très bien Coline Serreau à Timsit dans la crise, c'est pas Neuilly ou Levallois-Perret qui accueillent les immigrés en masse, c'est Sarcelles qui est obligé de se pousser pour faire de la place.

L'antisarkozisme : le dernier refuge intellectuel d'une certaine gauche. Y'en qui sont tombés bien bas depuis la chute du mur de Berlin.

Pourtant, il est efficace Sarko, comme le prouve cette dépêche établissant sans contestation aucune que la délinquance est en baisse :


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16 mai 2006

Chomsky, Mein freund
Toujours sur la venue de Chomsky au Liban et son soutien joyeux au Hezbollah (cette manie qu'ont certains intellectuels de soutenir leurs bourreaux...), voici deux adresses intéressantes, en anglais. La première sur les nombreuses contradictions du père Chomsky, même si de nombreux arguments sont tendancieux, la deuxième analyse plus les conneries que Noam a prononcé sur le seul club nucléaire du Liban.

Bonne lecture, et osez après dire que Chomsky est le plus grand intellectuel américain vivant.

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15 mai 2006

En direct de Beyrouth

Ce pays possède, comme je l'avais déjà souligné, l'un des systèmes d'informations parallèles parmi les plus impressionnants qui soient, j'ai nommé La Rumeur. Chaque jour, mes indics se démènent pour me ramener avec une grande solennité la dernière rumeur qui parcourt le Liban, et à chaque fois ils arrivent à se dépasser. Mais aujourd'hui, c'est différent. C'est de la qualité exceptionnelle. Un arrivage comme on n'en avait pas vu depuis le coup de l'aéroport souterrain des combattants palestiniens au Liban. Aujourd'hui, la rumeur qui fait frémir Beyrouth :

Le Hezbollah aurait l'arme nucléaire.

!
!
!

Je sais. C'est magnifique. Mais imaginez vous entendre cette bombe, annoncée avec le plus grand des sérieux, et en vous retenant de partir en hurlant de rire, expliquer que déjà c'est difficile pour l'Iran alors pour les bras cassés du Hez, il faudrait peut-être qu'il y ait des PhD chez les barbus, c'est pas gagné etc.

Mes interlocuteurs étaient tout ce qu'il y a de plus sérieux, et croyez-moi, ce ne sont pas des idiots. Penser qu'ils puissent croire à ce genre d'absurdités, c'est... les mots me manquent.

J'adore ce pays.

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14 mai 2006

Télé toujours

Je regarde aussi Ardisson, l'ignoble publicitaire qui ressemble de plus en plus physiquement à Seguela, peut-être à cause des U.V. Marine Le Pen s'est refait un nouveau look, qui la rend moins poisonnière et donc plus dangereuse. Les idées du Front national sont un fatras, avec quelques idées suicidaires, surtout en ce qui concerne l'économie : si on flanque dehors trois millions d'immigrés, soi-disant pour réduire le chômage, on va se retrouver dans un pétrin sans nom. En même temps, pourquoi l'extrême droite serait-elle moins fréquentable que l'extrême gauche ? Soit on arrête d'inviter Buffet, Besancenot et Laguiller, soit on donne le même temps de parole au FN. Le mieux c'est de les inviter ensemble : de grands moments de télé en perspective.

En voici d'ailleurs un chez Ardisson : Karl Zéro qui vient pleurnicher de s'être fait mettre dehors par Canal +, la chaîne du foot et du porno (et aussi des émissions américaines joyeusement pompées, comme Les Nuls ou NPA). Karl semble avoir oublié l'affaire Pierre Carles, et son film "pas vu, pas pris" où le cinéaste essayait de dénoncer les connivences entre journalistes et hommes politiques. A l'époque, Zéro avait pris grand soin de ne se fâcher avec personne, surtout pas avec Canal, et avait laissé tomber Pierre Carles. Onze ans après, le voilà dans la même situation ou presque que Carles, le talent et le courage en moins. Ha, l'ironie de l'histoire ! Bien sûr, Ardisson, d'ailleurs ancien patron de Pierre Carles ne parle pas des choses qui font mal, on est tous copains, la preuve on se tutoie. Imaginez que tout le concept du "Vrai journal" de Karl Zéro, qui s'arrête enfin cette année était basé sur le tutoiement avec les invités. Quelle trouvaille. Une idée de génie digne d'Ardisson. Ou de Seguela. A force, je les confonds.

Téléchargez "Pas vu, pas pris", je crois pas que Pierre Carles vous en voudra. Et ce sera autant de temps que vous passerez pas devant la télé.

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13 mai 2006

La Grande Domi

Fort. Très fort. En une seule phrase, notre premier ministre chéri a réussi à insulter les photographes de presse, les fonctionnaires, et aussi les gastéropodes. En revenant à pied à son ministère (image sportive toujours), la Grande Domi a balancé aux photographes qui l'attendaient un joyeux :

«Vous auriez dû venir avec nous, on a fait une belle balade. Vous êtes là comme des fonctionnaires, comme des moules accrochées au rocher ! Allez, Salut !»

La classe. Même la mariée-au-ministre-Jean-Louis-Borloo-mais-quand-même-capable-de-faire-son-métier-de-journaliste Béa la béate Schönberg a été obligé d'en parler sur France 2. Elle n'a bien sûr pas fait de commentaires sur la fougue du premier des ministres et donc patron de son mari. J'en viens presque à éprouver de la compassion pour la Grande Domi, seul contre tous, grotesque aristo d'Empire persuadé d'être la réincarnation de Napoléon, inimitable caricature d'énarque ayant grandi sous les ors de la République et néanmoins persuadé de savoir intimement ce que veut le peuple. Il faut qu'il reste. Sans lui, il ne reste que des politiques bien ternes qui ne nous font pas autant rire à défaut de pleurer.

Et sinon...

Je ne dis plus rien sur le Liban. La raison en est simple : rien ne se passe. Les mêmes chefs de bande qui ont fait la guerre sont maintenant chargés de faire la paix, et ça n'a pas l'air de surprendre grand monde. Joumblatt continue de tourner sa veste vitesse grand V, Aoun est illisible, Hezbollah de plus en plus dangereux maintenant qu'ils sont un peu aux manettes notamment de l'électricité, Hariri essaie de se faire un prénom, Berri est un sale con et où est Geagea ?

J'ai quand même apprécié l'article du Monde sur les communautés chrétiennes d'Orient en danger.

Au Liban et en Turquie, des progrès sont signalés. "Les maronites se sentent plus forts dans le nouveau contexte politique libanais", estime un responsable. La voix du patriarche Sfeir est l'une de celles qui se sont fait le plus entendre pour un retour à l'indépendance du Liban contre l'occupation syrienne. 40 % des chrétiens (maronites, melkites, etc.) auraient quitté le pays depuis le début de la guerre, en 1975, mais la diaspora, à Paris ou à Lyon, est active et garde des liens puissants avec leur patrie.

Et les musulmans, aucun ne s'est expatrié ? Pas un n'est parti, ils sont tous restés pour comploter contre le bon chrétien et lui piquer son pays ?

Les religions... Il est bon de rappeler aussi souvent que possible à ceux qui l'auraient oublié que la religion est toxique et qu'elles ont fait largement plus de mal que de bien jusque-là.

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12 mai 2006

Pause pub

Je regarde la télé. C'est mon défaut. Je regarde beaucoup la télé. C'est encore plus grave. En plus, je regarde à la télé des émissions dites "débiles". Et là, vous sentez que vous n'avez pas affaire à un lecteur de Télérama. Car tous les jours, religieusement, je me mets devant France 2 à 19h50 (décalage horaire oblige) et je regarde "On a tout essayé" et là la moitié d'entre vous a cliqué pour quitter mon blog.

Imaginez vous expatrié. Certains d'entre vous le sont, alors c'est plus facile pour eux. Pour les autres, mettez-vous dans la peau de quelqu'un qui a quitté son pays et qui souhaitent tout de même avoir des informations autres que le prix de l'essence à la pompe ou les dernières frasques du couple Sarkozy-Villepin. Comment savoir de quoi on parle en France sans parler par les médias, souvent trop officiels, ou les blogs, souvent pas assez ? "On a tout essayé" est fait pour l'expatrié avide de conversations de comptoir.

Pour ceux qui ne connaissent pas, l'émission quotidienne est animée par Laurent Ruquier qui s'entoure chaque jour de six chroniqueurs, renouvelés en permanence. Ruquier est évidemment considéré comme un imbécile par les bonnes gens, alors même qu'il parvient à être populaire sans être démago. Son amitié avec Ardisson est évidemment suspecte, mais on peut imaginer qu'il s'agit d'un lien commercial qui les unit, l'immonde publicitaire étant le producteur du petit Normand.

Si Ruquier reste un excellent animateur, ça se gâte au niveau des chroniqueurs. Chacun semble avoir un rôle bien établi, se répartissant grosso modo entre les cons marrants et les intellectuels ayant de l'esprit, mais cette distinction apparaît parfois arbitraire. Gérard Miller semble faire partie des intellos possédant une extraordinaire capacité à dire n'importe quoi sur tout avec une démagogie énarchique, alors que Steevy, rescapé de Loft story et élu abruti du coin par ses pairs de l'émission, pose des questions avec une candeur qui frise le surréalisme mais auxquelles les autres chroniqueurs n'arrivent pas à répondre. Mais Steevy possède sa carte de l'UMP, alors que Gérard Miller est un ancien Mao. Toujours la même histoire : avoir tort avec Sartre, que raison avec Aron...

L'émission est agréable, mais me permet surtout de me rendre compte de ce qui se passe en France. Pas tellement sur le choix des invités et de ce qu'ils racontent mais plutôt par le biais des chroniqueurs qui pour la plupart restent des Français moyens. Et ce n'est pas une insulte que de le dire, je ne vois pas en quoi une actrice comme Valérie Mairesse, talentueuse dans sa carrière cinématographique, pourrait éclairer d'un avis d'expert une question de macro-économie. Tout comme je ne suis pas sûr que Pierre Benichou soit un spécialiste d'autre chose que la vie nocturne chez Castel. Grâce à ces aimables cathodeurs, je ne manque jamais une polémique sur la télé réalité ou une rumeur sur Alain Juppé. Et c'est ça aussi la France. Et c'est très bien comme ça. Et j'aurai vraiment tout essayé.

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10 mai 2006

Lisez ce blog, il ne parle pas de fesses mais il est pas si con

Par hasard, je relis un post que j'avais fait en 2004. Je ne me suis pas tellement trompé, hélas :

Le Quai d'Orsay respire !
Et nous aussi. Dominique de Villepin a quitté le Ministère des Affaires étrangères pour laisser sa place dans le gouvernement Raffarin à Michel Barnier. Joie. Les banlieues seront à feu et à sang, car il dirige maintenant le Ministère de l'Intérieur, mais c'est le prix à payer pour le génie.
posted by Wil @
1.4.04

Comme quoi, les haines tenaces, ça a parfois du bon.

Noam Chomsky était hier soir à l'Université américaine de Beyrouth, la fameuse AUB qui truste les subventions de tous bords, y compris et surtout des Américains, et qui s'avère être la fac la plus antiaméricaine de la région. Je n'étais pas à la conférence du Grand Soleil de la Pensée, mais j'en ai lu le compte-rendu auquel d'ailleurs on pouvait s'attendre.

D'abord, pour ceux qui ne le connaissent pas, sachez que Noam n'est pas le chanteur du générique de Goldorak de notre enfance (c'est Goldorak, le graaaaaaand, le graaaaaand Goldorak... qui est-il, d'où vient-il, formidable robot, des temps nouveaux...)

Bref. Noam Chomsky est un excellent professeur du MIT en linguistique qui a décidé à peu près à l'époque de la guerre du Vietnam de devenir commentateur politique, ce qui lui a moinns réussi. Mais comme il tient un discours antiaméricain de base, à la limite du racisme, et qu'en plus il est juif et condamne vertement Israël, vous imaginez les lauriers qu'on est prêts à lui tresser dans les pays arabes. Démonstration :

les États-Unis ont imposé un blocus financier au gouvernement du Hamas, touchant ainsi toute la population palestinienne. N’est-ce pas la même logique que celle de Ben Laden ? À savoir, punir tout un peuple parce qu’on n’est pas d’accord avec son gouvernement ?

Ha oui, c'est sûr, cette fausse réthorique me rappelle la jeune karatéka qui tient un blog dont je vous ai entretenu précédemment. Comparaison n'est pas raison monsieur Chomsky et Ben Laden ne finance pas des groupes armés qui veulent sa destruction.

l’axiome principal de la politique américaine, c’est le contrôle des ressources énergétiques

Quant au Liban, précise M. Chomsky, « l’intérêt américain pour ce pays tient au fait qu’il est un acteur central pour tout ce qui concerne le transport énergétique ».

Evidemment, fallait y penser. Israël ne suffit pas, il leur faut aussi le Liban.

L’universitaire américain compare ainsi « la politique américaine à la mafia, et le gouvernement au parrain qui élimine toute faction qui essaie de se révolter contre lui ».

Complètement d'accord. Les mafieux, ce ne sont pas les dictateurs syriens ou les corrompus du Fatah, ce sont les démocraties qui sont riches (crime) et en plus attaquent les honnêtes gens comme Saddam (crime).

L'ami Noam finit sur cette phrase énigmatique :

Après tout, la démocratie et la liberté acquises en Occident sont le fruit d’un long parcours et de beaucoup de sacrifice.

Mais, maître, je ne comprends plus, je croyais que c'était les démocraties qui étaient mauvaises, contre le bon Tiers-Monde ?

Je schématise bien sûr, mais lui aussi. Assez chiant à écouter, l'intellectuel américain le plus connu au monde continue de faire des entrées avec un discours manichéen se basant sur la haine des Américains qu'éprouve le monde, le plus souvent basé non sur la politique étrangère des USA mais sur l'image qu'il diffuse dans les médias culturels. A la place de Chomsky, j'aurais honte d'abuser des gens comme un bonimenteur de foire. Et d'attiser la haine dans ses discours. Ceci dit, répétons-le, il est plus facile de critiquer Bush, comme se le permettent des millions de gens, que de critiquer la Chine, comme ont essayé quelques opposants qui croupissent en prison. L'AUB reste plus confortable, et pis y'a des petits fours.

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01 mai 2006

Farewell, Revel

A propos du post précédent, et de ce besoin irrépressible de lire ou regarder des choses que l'on hait, je regardais BHL dimanche dernier chez Fogiel. Cet homme me fascine et visiblement je ne suis pas le seul si l'on compte le nombre de biographies qu'il suscite. Comment expliquer qu'un homme aussi avide d'attention et au discours d'une telle mauvaise foi ait ses entrées dans tous les médias, même s'il s'est fait dangereusement secoué dans l'émission "On ne peut pas plaire à tout le monde" ?

D'abord, il faut le reconnaître, BHL est beau, voire très beau pour un homme de son âge. Et ça, ça aide beaucoup pour se faire inviter dans les ménages, Villepin en a usé lui aussi. Mais en plus d'être "le plus beau décolleté de Paris", BHL a ce don inné pour saisir l'esprit du temps, le sujet qui le fera inviter et le placera du côté des bons, du côté de ceux qui défendent l'homme dans la tradition de Voltaire, du moins c'est ce que Bernard-Henri aime à jouer. BHL sait comme personne s'emparer du sujet people, de celui que l'on ne saura contester sous peine de passer pour un fasciste, mieux, pour un has-been. Il est vrai que le "philosophe" a du mal à nous faire croire que Sharon Stone serait intelligente, mais ce ne sont que les petits obstacles qu'ils contournent avec aisance en se concentrant sur les grandes causes, les vraies, celles qui devraient nous faire oublier que BHL n'a, pour se faire qualifier de philosophe, qu'une agrégation de philosophie, la "petite agreg", celle qui permet juste de gagner plus quand on est prof de lycée.

Et ce pays est fasciné par cet homme, beau, riche, très riche, flanqué d'une femme rayonnante et d'une fille écrivain à la manière de la fille cachée de Mitterrand, et qui nous assène dans les médias le bon combat, les vraies victimes, les vrais salauds, sans oublier de vérifier que c'est bien son bon profil que l'on photographie, pas celui sur lequel coule encore un peu de ces tartes à la crème qu'il s'enfile année après année, parce que c'est aussi un "pompeux cornichon".

Alors aujourd'hui, Jean-François Revel est mort, mais il ne manquera pas autant dans les médias qu'un BHL, parce qu'il était discret, bien qu'académicien, et de droite, donc dans le mauvais camp. Valait-il vraiment mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ? Aujourd'hui, il faut avoir raison avec Ardisson, et des gens comme Revel, ce grand penseur laïc et contre tous les totalitarismes, ne sera plus là pour balancer des gens comme BHL. Il manquera.

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