01 mai 2006

Farewell, Revel

A propos du post précédent, et de ce besoin irrépressible de lire ou regarder des choses que l'on hait, je regardais BHL dimanche dernier chez Fogiel. Cet homme me fascine et visiblement je ne suis pas le seul si l'on compte le nombre de biographies qu'il suscite. Comment expliquer qu'un homme aussi avide d'attention et au discours d'une telle mauvaise foi ait ses entrées dans tous les médias, même s'il s'est fait dangereusement secoué dans l'émission "On ne peut pas plaire à tout le monde" ?

D'abord, il faut le reconnaître, BHL est beau, voire très beau pour un homme de son âge. Et ça, ça aide beaucoup pour se faire inviter dans les ménages, Villepin en a usé lui aussi. Mais en plus d'être "le plus beau décolleté de Paris", BHL a ce don inné pour saisir l'esprit du temps, le sujet qui le fera inviter et le placera du côté des bons, du côté de ceux qui défendent l'homme dans la tradition de Voltaire, du moins c'est ce que Bernard-Henri aime à jouer. BHL sait comme personne s'emparer du sujet people, de celui que l'on ne saura contester sous peine de passer pour un fasciste, mieux, pour un has-been. Il est vrai que le "philosophe" a du mal à nous faire croire que Sharon Stone serait intelligente, mais ce ne sont que les petits obstacles qu'ils contournent avec aisance en se concentrant sur les grandes causes, les vraies, celles qui devraient nous faire oublier que BHL n'a, pour se faire qualifier de philosophe, qu'une agrégation de philosophie, la "petite agreg", celle qui permet juste de gagner plus quand on est prof de lycée.

Et ce pays est fasciné par cet homme, beau, riche, très riche, flanqué d'une femme rayonnante et d'une fille écrivain à la manière de la fille cachée de Mitterrand, et qui nous assène dans les médias le bon combat, les vraies victimes, les vrais salauds, sans oublier de vérifier que c'est bien son bon profil que l'on photographie, pas celui sur lequel coule encore un peu de ces tartes à la crème qu'il s'enfile année après année, parce que c'est aussi un "pompeux cornichon".

Alors aujourd'hui, Jean-François Revel est mort, mais il ne manquera pas autant dans les médias qu'un BHL, parce qu'il était discret, bien qu'académicien, et de droite, donc dans le mauvais camp. Valait-il vraiment mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ? Aujourd'hui, il faut avoir raison avec Ardisson, et des gens comme Revel, ce grand penseur laïc et contre tous les totalitarismes, ne sera plus là pour balancer des gens comme BHL. Il manquera.

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