30 octobre 2004

La France a peur

Il paraîtrait que le dénommé Pires ne s'entendrait pas bien avec le sélectionneur de l'équipe de France de football, Raymond Domenech. Est-ce que vous imaginez la portée de cet événement repris dans tous les grands journaux ? Que va-t-il nous arriver ? Qu'allons-nous devenir ? Les fans des pousse-citrouilles sont déjà en pleurs dans toute la France et les pays amis, la plupart à genoux en train de murmurer des prières à l'attention du Dieu du foot afin qu'il rabiboche les deux hommes mus par une digne colère l'un envers l'autre. J'ai peur. La France a peur. Et les déclarations de Ben Laden n'y changeront rien. Quand on aime le foot, on aime le foot, et le reste n'a pas d'importance. Le monde peut s'écrouler, il faut connaître les résultats de son équipe nationale, départementale ou de quartier, et il faut avoir écraser "ceux" d'en face, ces salauds qui ont essayé de gagner.

Le foot, c'est l'école de la guerre. Le foot, c'est aussi con que la "Brit-pop" avec ses drapeaux anglais sur les guitares. Le foot c'est pour les beaufs. Alors par pitié, il existe des journaux spécialisés pour ces braves gens. Qu'ils arrêtent de nous pourrir les colonnes des quotidiens avec leurs inquiétudes de demeurés sur une brouille Pires-Domenech.

Vous me trouvez facho ? C'est le foot qui est facho. Et pire encore, c'est un sport de médiocres.

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28 octobre 2004

Une anormale concentration de visites provenant d'universités m'inquiète.

Ce blog serait au programme de cours de première année d'info-com ?

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27 octobre 2004

Sortez les sortants !

Evidemment j’ai craqué. Je suis allé au Salon du livre écouter Dominique Wolton, monsieur communication au CNRS qui passe chez Ardisson. Pourquoi je fais ça moi ? Je sais pertinemment que ce que je vais entendre va m’agacer et je ne choisis que des « intellectuels » médiatiques dont le discours est creux pour rassembler le plus grand monde possible. Avant lui, on a vait eu droit à un entretien en direct de Pascal Boniface, chercheur français d’autant plus apprécié dans les pays arabes qu’il est considéré comme antisioniste (ça, c’est sûr) et antisémite (ce qui reste à prouver). Boniface égrenait nombre de lieux communs sur le leadership américain qu’il faut contrer, vieille antienne que Wolton reprend en évoquant la communication comme une sorte de science destinée à rapprocher les peuples. Une voix tonne à la fin du discours : un homme massif à la voix de stentor s’insurge contre les propos de Wolton qu’il estime « élitiste et tiers-mondiste ». Je savoure d’autant qu’il reprend en affirmant que le loisir mondial numéro un n’est ni la télé, ni les jeux vidéo mais la masturbation ! Les jeunes présents, certainement envoyés par leur école, s’écroulent de rire. Wolton répond platement en évoquant la mauvais compréhension de ce qu’il voulait dire mais il est évident que les penseurs de France, ce pays si bien nourri, ont du mal à comprendre la réalité du monde et que dans tous les cas ils préfèrent parler de la misère sans trop l’approcher.

Qu’est ce qui ne va plus avec notre pays ? Jadis première puissance, puis phare intellectuel, elle devient de plus en plus frileuse et moquée. Une partie de ce déclin peut être attribuée au choix hasardeux du Quai d’Orsay qui persiste à envoyer d’amateurs profs de lycée pour être attachés culturels. Une autre partie, et Derrida en était la preuve reste ce mépris de l’innovation : il suffit de lire le Canard enchaîné pour se rendre compte qu’il n’est pas bienvenu de sortir des sentiers battus en France. Je pense que c’est principalement ce qui provoque la fuite des cerveaux, et non pas l’attrait d’une fiscalité réduite ou de meilleurs salaires. Le pays se sent mal, et nous Français ressentons ce malaise. Alors que nous avons de formidables atouts, tout ce que nous arrivons à produire, c’est un concept impérialiste (la francophonie) et une réaction cocardière en politique internationale (le NON aux Américains). Boniface estime que la descente dans les rues de centaines de milliers de gens pour manifester contre la guerre signifie que l’opinion publique dans son ensemble était contre. Pour moi, il ne s’agissait que de centaines de milliers de gens qui manifestaient contre la guerre. Où étaient les millions d’autres, chez eux, à signer des pouvoirs pour les manifestants afin de les représenter ?

En tout cas, Wolton a évoqué avec dédain les blogs, les assimilant aux chats ( !) preuve en est de son manque de curiosité intellectuelle. Il estime que le phénomène s’affaissera d’ici quinze ans, sans comprendre que le blog c’est de la communication en direct alors qu’il le considère comme une masse d’informations non vérifiées. Sortez les sortants ?

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26 octobre 2004

Je rêve...

"Une famille de Décines, dans la banlieue de Lyon (Rhône) a décidé hier de porter plainte après l'exclusion de leur fille, jeune musulmane âgée de 13 ans, du collège où elle avait voulu suivre les cours coiffée d'un bonnet, à la place du voile", nous apprend Libé. Au journal de France 2 (13h) la maman de la jeune fille, voilée comme il se doit, nous fait part de son désarroi et de son incompréhension. Sa fille aurait pourtant "accepté de se mettre en conformité avec la loi" ! C'est gentil, ça, de vouloir respecter les règles. Elle met le voile en dehors de l'école, au conservatoire (!) mais à l'école de la République, elle ne met qu'un bonnet. Pourquoi ne pas la laisser tranquille ? Parce qu'il faut arrêter de se foutre de la gueule de la République ma bonne dame. Surtout quand réclame "aussi une prise en charge des frais d'inscription dans le privé, 3.000 euros, ainsi que des dommages et intérêts «symboliques».". Alors là, si c'est accordé, je rentre en France et je fais une manif, tout seul s'il le faut. Ma première manif...

Pendant ce temps, les Cathos se réveillent et commencent des opérations publicitaires agressives à l'occasion de la Toussaint. L'air ravi des gens qui ont abandonné la réflexion au profit d'une croyance dans un système, le petit Fabrice, toujours sur France 2, nous apprend qu'il s'agit de témoigner, et qu'il appartient au seigneur de convertir. Remplacez dans les discours des illuminés "Jésus" par "Skippy" (comme l'avait fait avec humour les Inconnus) ou par "Ben Laden" et vous avez quoi ? Trois ans de prison. C'était notre rubrique de plus en plsu fréquente "la religion, tu peux lui dire non".

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24 octobre 2004

J'ai deux amours...

Le Salon du livre en français vient d'ouvrir. Chers lecteurs, je tiendrai la promesse que je fais chaque année de ne pas y foutre les pieds pour ne pas pleurer devant la gabegie de nos impôts. J'aimerais toutefois évoquer un phénomène libanais qui a rapport avec ce salon et une conversation avec une jeune libanaise, la "transnationalité" (le titre du concept peut changer, et je vous encourage à m'envoyer des suggestions).

Les Libanais aisés ne se disent que rarement Libanais, en particulier les Chrétiens. Beaucoup se qualifient de Phéniciens, ces nobles ancêtres qui ont inventé l'alphabet, et ce afin de ne pas être confondus avec les Arabes inférieurs. Mais certains, possédant un autre passeport fréquemment acquis durant la guerre du Liban de 1975, préfèrent donner cette nationalité lorsqu'on les questionne sur leurs origines. Ainsi, ils se diront français plutôt que libanais, alors même qu'ils n'ont passé qu'une minorité de leur existence hors du Liban. Pourquoi ce rejet des origines, et cette incapacité, heureusement pas partagée par tous, d'accepter sa libanité ?

Amis lecteurs, bien sûr, je n'ai pas toutes les réponses, mais quelques pistes. D'abord, les Libanais ont de la difficulté à définir leur nationalité, devant le morcellement des 18 communautés. Le Liban aujourd'hui est écartelé entre l'arabité et l'occident, entre la Syrie et les Etats-Unis, entre le passé et le présent. Difficile alors de dire ce qu'est qu'être libanais d'autant que le pays est petit (à peine 4 millions d'habitants) et qu'il n'a jamais réellement pesé sur les affaires du monde. Un Libanais ne peut que revenir à des temps très anciens pour trouver un semblant d'amour propre national (ex : l'alphabet phénicien). La question pour les Français ne se pose pas : la France est comme une religion, et je pense que beaucoup de Libanais sont fascinés par notre culte de la Nation, ce qui explique qu'ils se disent plus volontiers français que libanais.

Mais se dire français, pour les Chrétiens, c'est aussi montrer son lien historique avec un pays qu'on dit "la mère du Liban". En se disant français, on plaide pour un type de société, pour une organisation en apparence rationnelle des rapports humains, pour un respect de l'individu, on cherche mentalement une suzeraineté comme au temps du protectorat. Il s'agit de dire "nous chrétiens francophones, préférons être régis par la France que par la Syrie". N'oublions pas que l'indépendance du Liban, toute relative, est récente (1943). On se cherche encore des maîtres devant la petitesse du pays et la puissance dangereuse des voisins.

Et puis, il y a bien sûr le phénomène de frime. Tous les pays du monde comptent des individus qui, pour se distinguer, préfèrent se dire d'ailleurs pour ne pas être confondus avec la masse. J'estime que bien souvent, cette attitude provient d'un manque de confiance en soi qui pousse à inventer une identité artificielle pour se mettre en valeur. Il y aussi de la confusion, mais c’est souvent agaçant car l’individu « singe » une communauté à laquelle il n’appartient pas dans le but de s’en faire accepter, ce qui bien souvent le ridiculise.

Ceci dit, pour revenir au salon, je ne supporte plus ces Libanais qui se pavanent en voulant être plus français que les Français. J’ai beau essayer de comprendre, comme je viens d’essayer de vous le démontrer, la « transnationalité », il est parfois ardu de ne pas perdre son calme devant l’arrogance qui en découle. Une brave dame m'avait reprise un jour (en roulant fortement les R) en me faisant remarquer qu'en français on ne disait pas "ceci" mais "cela". J'étais estomaqué, comme si on j'avais voulu apprendre à un ours à pêcher. Je me disais, un étranger essaie de m’apprendre ma langue maternelle, et en plus se plante. Où suis-je ? Qui est cette conne ? Maintenant, j’ai des accès de colère, mais je plains aussi beaucoup ces « transnationaux » qui peut-être, au lieu d’avoir plusieurs identités, n’en ont finalement aucune. Je crois que ce fait est fréquent dans des pays désarticulés culturellement, le Liban n’étant justement pas si différent des autres dans sa quête d’identité.

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22 octobre 2004

Ha ha ha et courrier des lecteurs, the retour

Hier, Michèle de Freyge (qui doit donc être une aristo, enfin quelqu'un de la haute) a dit "Curacao" au lieu de "Kurosawa" sur les ondes de Radio Liban 96.2. J'ai bien rigolé. Elle s'est reprise après, mais comme lapsus, c'était très aristo. Voilà pour la rubrique ha ha ha qui concernait les élites intellectuelles de notre beau pays.

Abordons la question de Mlle ex lobby arabo-américain :
"je me demande quel serait l’effet d’une victoire de Kerry sur la SALSA (Syrian Accountability and Lebanese Sovereignty Act).
Kerry laisserait-il tomber l’affaire comme un gros soufflé ? Je sais bien que le Liban n’a qu’a se blamer lui-meme pour ses malheurs, mais il a toujours, helas, fonctionné au gré des interventions extérieures.
J’aimerais bien connaitre votre avis la-dessus."

Mon avis est simple, je n'en sais rien pour la bonne raison que je pense que Kerry ne sait pas grand chose non plus sur la question. On aurait tort de penser que son élection signifierait la paix dans le monde et l'amour pour tous. Je pense qu'il réagira en fonction des sondages, et de la guerre en Irak. Franchement, au risque d'être décevant, je n'ai aucune idée là-dessus.

Je vais me rattraper avec une prédiction pour le Liban, après la démission de Rafic Hariri, remplacé par Karamé : ça va empirer. Vous savez, ce sont des petites choses qui peuvent parfois rendre la vie difficile. Ici, le gros problème que tout le monde partage, c'est l'électricité. J'en ai assez de voir mon UPS fumer à cause de surtensions répétées, et de voir mes appareils électriques déconner parce que le gouvernement est infoutu de fournir du courant à tout le monde, en quantité suffisante et régulière 15 ans après la fin de la guerre. Marre. Marre. Marre. Et payer pour réparer la voiture qui se fait exterminer par des routes de brousse qu'on appelle autostrades. Et subir les connards qui se croient obligés de rouler comme des fous en faisant des appels de phares et en risquant votre vie (qu'ils se tuent, ce serait génial, mais en général ils tuent les autres [hier j'ai vu une Ferrari, ce qui ici est du plus haut comique]). Et subir la dictature libérale dirigée par une Syrie de plus en plus acculée et qui fait aboyer ses chiens libanais contre la France, enfin courageuse, et les USA. Et les attentats qui risquent de recommencer comme au bon vieux temps. Qu'est ce qu'on va foutre au Liban ? Je donnerais beaucoup pour subir une grève de la RATP...

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17 octobre 2004

Nous serions donc tous des Américains

Le Monde publie un sondage qu'il a fait établir avec plusieurs confrères à travers le monde à propos des élections américaines :

Si l'on y votait demain pour élire le président des Etats-Unis, dans huit des dix pays où ont été réalisées les enquêtes d'opinion, George Bush serait révoqué, de façon souvent humiliante, au profit de son adversaire démocrate, pourtant bien mal connu. Dans ces chiffres, les Français tiennent leur réputation en gratifiant John Kerry d'un tonitruant 72 % de leurs suffrages, contre 16 % à M. Bush ; les Espagnols enfoncent le clou avec un misérable 13 % pour le candidat sortant, tout en sachant garder un peu plus de réserve envers l'inconnu Kerry (58 %) ; Bush plafonne tout juste à 20 % sur ses frontières nord et sud, au Canada et au Mexique. Plus intéressant, et plus problématique pour les gouvernements de la coalition que les Etats-Unis ont rassemblée pour intervenir en Irak : M. Kerry l'emporte "à deux contre un" chez les Britanniques ; il réussit le même exploit au Japon, à peine moins en Australie ; 68 % des personnes interrogées en Corée du Sud souhaitent sa victoire le 2 novembre, contre 18 % celle de Bush.

Je ne suis pas sûr de comprendre. L'élection présidentielle qui approche aux USA est importante, mais depuis quand avons-nous notre mot à dire ? De quel droit ? Imaginez les cris d'orfraie si demain CNN publiait un sondage prouvant que 85% des Koweitiens souhaitent une victoire de Laurent Fabius aux présidentielles de 2007 ou que 76% des Inuits considèrent notre loi sur la laïcité "irrespectueuse" des différences culturelles ? La réaction française (moi en tête) : Allez-vous faire foutre, ce n'est pas votre problème. Alors pourquoi faire aux autres ce qu'on ne supporterait pas que l'on nous fasse (surtout qu'une victoire de Kerry, que je souhaite quand même, risque de ne pas être la panacée pour l'Europe) ?

A propos de laïcité, j'espère que vous aviez mieux à faire que regarder "Tout le monde en parle", l'émission beauf-branchée de Thierry Ardisson. Sinon, je pense que vous auriez bondi en écoutant les propos de l'animateur, bombant le torse avec son catholicisme, et expliquant avec force "Mon père" onctueux à un Di Falco toujours aussi épais que le catholicisme est tolérant mon p'tit Laurent Baffie. Hé ouais, mon gars, nous les cathos, on est vachement tolérants, c'est les autres qui sont des fous de Dieu. Je vomis les religions, encore et encore. Si vous doutiez encore de leur toxicité, regardez les produits culturels qu'elles engendrent, le samedi soir sur France 2, avec un Ardisson catho et royaliste qui demande à Michel Rocard si sucer, c'est tromper. Hypocrite. Abruti. Triste minable branchouille.

Heureusement que Marc-Olicier Fogiel a embauché Guy Carlier le dimanche soir. Enfin une émission de télé.

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13 octobre 2004

Le Liban c'est les Soviets moins l'électricité

Désolé, j'ai pas pu m'empêcher.
La 1559 continue à faire couler beaucoup d'encre entre ceux qui estiment qu'il s'agit d'une violation inimaginable de la souveraineté libanaise, qui a bien le droit de se faire pomper par le frère syrien, et ceux qui considèrent qu'il était temps que les grandes puissances s'intéressent à la tutelle du Liban. Les Etats-Unis grondent, et menacent notamment de faire retirer les troupes de la FINUL, les troupes de l'ONU stationnées dans le Sud du pays, soi-disant pour faire tampon avec Israël, mais qui au final établissent le compte des vaches qui traversent la frontière (authentique).

C'est à ce moment que paraît dans les colonnes de L'Orient-le jour, journal plutôt anti-syrien des Chrétiens de l'opposition, un article sur le centre Jaffee de l’université de Tel-Aviv et de son rapport sur l’équilibre des forces dans la région pour la période 2003-2004. Je cite :

« À plusieurs reprises, (Israël) a posé des conditions déraisonnables pour la reprise des négociations ou n’a carrément pas tenu compte de signes montrant la disposition de la Syrie à renouer des discussions », affirme le texte. Qualifiant de « malheureux » le comportement du gouvernement israélien sur ce dossier, le rapport estime qu’une paix avec la Syrie « aurait probablement des conséquences stratégiques très positives » pour Israël. Selon le centre Jaffee, la conclusion d’un accord de paix entre Israël et la Syrie affaiblirait notamment le Hezbollah, aujourd’hui appuyé par Damas, et limiterait le défi politique que pose actuellement l’Iran à Israël. Le rapport met d’ailleurs en garde contre les capacités nucléaires de l’Iran, tout en estimant que les États-Unis « semblent plus proches d’un possible recours à la force pour empêcher l’Iran de compléter son programme nucléaire ». Jusqu’ici, toutes les tentatives de pourparlers de paix avec la Syrie ont buté sur la question du retrait du plateau du Golan syrien occupé, puis annexé par Israël à la suite de la guerre israélo-arabe de juin 1967.Parallèlement, les dirigeants du Front national progressiste (FNP, coalition de huit partis dirigés par le Baas) ont adopté hier une nouvelle charte au sein de laquelle la clause interdisant les négociations avec Israël a été éliminée.

Diable ! Nous serions-nous trompés ? La Syrie est bonne fille et tente de faire la paix et Israël ne cherche qu'à l'embêter ? J'en doute, même si Israël a évidemment intérêt à faire la paix. La Syrie est très forte dans sa capacité à souffler le chaud et le froid, et ne cède que lorsqu'elle est acculée. Alors que vaut ce rapport ? Rajoutons-le dans l'énorme pile des analyses sur le conflit qui ne tiendraient pas dans un palais séoudien. Ou avec les prévisions de Gilles Keppel, l'Elizabeth Teissier des politologues qui, avant le 11 septembre 2001, voyait la fin de l'islamisme et de son terrorisme après maintes réflexions.

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10 octobre 2004

Envoyez vos KwH inutilisés à : Liban, Proche-Orient

Je ne suis pas seul dans le noir, à preuve, cet article de L'Orient-le jour :

S’coupera, s’coupera pas...S’coupera certainement, l’électricité, maintenant que les touristes arabes sont partis, non sans avoir profité d’un été libanais bien rose et tout illuminé, non sans avoir vanté les mérites d’un gouvernement qui, pensent-ils, a su remettre le pays sur les rails, après tant d’années de souffrances...Les Libanais, eux, c’est à la lumière de la bougie qu’ils le finiront, leur été, histoire de digérer les quelques semaines d’éclairage dont ils ont bénéficié, histoire de régler la facture (et quelle facture !) d’un État en faillite, aussi démissionnaire qu’imprévoyant. Histoire de se remémorer les pires moments de la guerre, ceux qui les avaient privés d’électricité des années durant, avec tout ce qui s’était ensuivi comme désagréments, alors qu’enterrés vivants dans les abris, ils étaient déjà privés de la lumière du jour.Les désagréments, justement, les Libanais les ont revécus, ces trois derniers jours, et continuent de les vivre, alors que le courant se rétablit progressivement, sans souci d’équité entre les citoyens, privilégiant les habitants de la capitale, mais faisant fi des autres, pourtant non moins citoyens.Sans courant, pas de pompes à eau. Sans pompes à eau, pas d’eau pour se laver, et surtout pas d’eau chaude, ni même d’eau potable. Sans courant, pas d’ascenseur non plus, commodité indispensable pour les personnes âgées, les handicapés, les mères d’enfants en bas âge, les livreurs... et j’en passe. Sans courant, pas de réfrigérateur aussi ou de climatiseur. La liste est bien longue !La bougie, le citoyen l’avait pourtant quasiment rayée de sa liste d’achats. Il l’avait remisée dans un tiroir, juste pour le cas où. Mais c’est en force qu’elle reprend sa place, aujourd’hui, et c’est par douzaines qu’il doit en acheter désormais, à défaut de générateur ou de camping-gaz.Car après lui avoir imposé le black-out total pendant quelques jours interminables, après l’avoir de nouveau abreuvé, au compte-gouttes évidemment, de ce courant tant convoité, on lui promet un hiver non moins sombre. Un hiver qu’il passera non seulement à la lueur de la bougie, mais qu’il passera à geler, à devoir se réchauffer avec les moyens du bord, à chauffer son eau dans la marmite, comme le faisaient ses grands-parents. À moins d’avoir les moyens de se connecter, de nouveau, au générateur de quartier. Si générateur il y a. Comme au bon vieux temps, finira-t-on par dire.Et dire qu’il y a une dizaine de jours, bien avant la grosse panne, les collecteurs de l’EDL ont eu le culot de frapper aux portes pour encaisser la facture d’électricité du mois de juillet, tout en menaçant de couper le courant aux mauvais payeurs.Le montant de la facture, juste pour le mois de juillet, dépassait sensiblement, et selon de nombreux contribuables, celui des deux mois de mai et juin réunis, pour une consommation équivalente de courant.Payez, vous vous plaindrez ensuite, qu’ils disaient. Ainsi fut fait.Et la lumière s’en fut, et pour de bon cette fois.Tu paies, tu paies pas... black-out quand même !
Anne-Marie EL-HAGE

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06 octobre 2004

Retour à la bougie

Formidable pays où nous avons droit à 4 heures d'électricité par jour. Je pense aller piquer des cierges dans les eglises qui n'en manquent pas.

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05 octobre 2004

Beating around the Bush

Je ne voterais pas Bush si j'étais américain. Néanmoins, devant la furieuse propagande européenne contre le candidat républicain, je pense que je serais amené à voter pour le président sortant rien que pour emmerder les beaux penseurs. Merde, ils ne pourraient pas la fermer un peu, et laisser les Américains décider tout seuls pour qui voter ? Que dirions-nous si les Allemands nous enjoignaient de voter Fabius en 2007 ? Et franchement, les Californiens qui ont voté Schwarzenegger s'en réjouissent plutôt, contre toute attente. Comme quoi, on peut sortir de Sciences Po et raconter des conneries.

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03 octobre 2004

Pourquoi le Liban me fatigue ou ma journée dans le Sud

Hier, attentat. Pourquoi ? On ne sait pas vraiment si c'est un réglement de comptes mafieux ou un message (hypothèse retenue par les journaux libanais) à destination de ceux qui contestent la suprématie syrienne au Liban. Voici les faits :

"Le député et ministre démissionnaire de l’Économie, Marwan Hamadé (65 ans), a été blessé hier dans un attentat à la voiture piégée qui a provoqué la mort de son garde du corps et a blessé son chauffeur.
L’attentat s’est produit à 9h15. Le véhicule piégé était garé sur le côté droit de la route, sur une voie que le parlementaire emprunte généralement en quittant son domicile, situé dans un quartier résidentiel proche de l’Université américaine et de l’IC, sur une rue secondaire conduisant à l’hôtel Riviera. L’explosion de la charge a été télécommandée.
C’est à « un miracle » que M. Hamadé doit la vie sauve. Et ce miracle tient au fait qu’il avait pris place près de son chauffeur, plutôt que sur la banquette arrière. "

Bon, contrairement à mes collègues, je me garderai d'émettre une explication, je préfère attendre quelques années pour connaître la vérité sur ce "miracle". Je n'aime pas la politique au Liban. Je ne suis pas sûr que j'aime les Libanais non plus. Aujourd'hui, je me suis battu (oui, oui, physiquement, ceux qui me connaissent sont en train de se dire, ça y est, il remet ça) avec un chasseur qui exhibait fièrement les cadavres de quatre lapins (c'est ce qu'on appelle un guerrier) et j'ai failli vomir sur un jeune qui voulait m'acheter ma voiture (que je ne lui vendrai jamais, si vous la voyiez, vous comprendriez, surtout si vous êtes parisiens). Pourquoi ce rejet de bile ? Ce jeune con avait autour du cou un collier retenant ce que l'on appelle une svastika, ou une croix gammée, symbole du nazisme et repris par les judéophobes. Ce petit imbécile.

Donc, j'étais dans le Sud du Liban, à quelques centaines de mètres d'Israël. Alors qu'autrefois c'était très vert et plutôt agréable, ça commence à construire de façon libanaise, c'est à dire plein de maisons très voyantes construites avec l'argent de la drogue ou de l'Afrique. Le Liban commence à me peser. Inch Allah, l'an prochain, j'écrirai une fenêtre sur autre chose.

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