24 mai 2006

Ceska Lipa, Liberecky Kraj

Qui aujourd'hui doute encore du caractère non seulement dangereux mais aussi totalitaire du Hezbollah ? Comment justifier qu'il y ait deux forces armées pour un seul pays, dont l'une sous la coupe d'intérêts privés ? Après avoir rappelé qu'il pouvait envoyer 12000 roquettes sur le Nord de la Palestine (curieuse idéologie qui consiste à nier l'existence d'un pays tout en se déclarant prêt à le détruire) le parrain du Hezbollah considère que l'armée libanaise n'est pas apte à faire pièce à l'armée israélienne, ce que chacun sait depuis longtemps, et que donc il est impensable que ses sbires se mélangent aux forces armées régulières. Dans n'importe quel pays, on évoquerait l'imminence d'un coup d'Etat. Au Liban, on se contente de justifier l'existence d'une force armée privée en arguant qu'elle incarne la résistance, à l'instar des Français pendant la guerre contre l'occupation allemande. Mais même les communistes en France ne souhaitaient pas profiter de l'écrasement de l'ennemi pour établir une dictature. Le Hezbollah veut étendre son emprise sur tout le Liban, établir la loi islamique et détruire le Liban tel qu'on le connaît. Il sera bientôt trop tard pour résoudre le problème du parti de Dieu, et Nasrallah sait profiter comme personne des dissensions internes au Liban pour se rengorger de sa puissance de terreur.

Car on a eu droit à un magnifique exemple de solidarité à la chambre lorsque Nabih Berry, pourtant président de l'Assemblée nationale, l'a quitté furieux parce que certains députés souhaitaient une protestation officielle contre la demande d'arrestation de Walid Joumblatt. La Syrie fait appel à Interpol pour capturer Joumblatt, pourtant leur ancien allié, ce qui a été qualifié par Washington de "provocation syrienne". La Syrie ose tout, se permet tout, assurée de pouvoir compter sur ses habituels alliés comme Berry, qui se contrefoute du Liban, mais reste attaché à leur petit terrain d'influence. Je ne suis pas Libanais. Je ne peux pas qualifier ces gens de traîtres, mais leurs manoeuvres me rendent malades. Ils haïssent le Liban plus que ne le fera le plus faucon des hommes politiques israéliens. Et je ne suis même pas sûr que l'histoire les jugera. On a vu tellement de crapules glorifiés dans les livres d'histoire que j'ai perdu espoir de ce côté-là.

Comment notre expert en Syrie voit-il la demande d'arrestation de Joumblatt par sa dictature préférée ? Il n'en parle pas pour le moment, trop occupé à citer Phil Weiss du New York Observer. Ce dernier tient un blog et y raconte qu'il est allé en touriste en Syrie, c'était pas mal, d'ailleurs il tient Joshua Landis pour un expert en Syrie parce qu'il y a habité plusieurs années et qu'il est marié à une Syrienne. Mais alors... Je suis un super expert en Liban, moi !

Lisez les aventures de M. Weiss en Syrie, ça nous rappelle les voyages de Marc-Edouard Nabe en Irak, ou Nerval au Moyen-Orient : c'est confondant de naïveté, surtout lorsqu'il écrit :

I was surprised by how little evidence I saw of militarism. There were few police in the streets, no soldiers that I can remember, except for a couple of guys with semiautomatic rifles lolling outside an official building. In touring the country, we passed many military bases with watch towers. They were all unmanned. Syria is a poor country, and you see it in the absence of soldiers. I have no doubt that Israel could defeat Syria in no time.

C'est beau comme du Guy Carlier matiné de Philippe Labro. Entre le syndrôme Lawrence d'Arabie, qui pousse les Occidentaux à prendre fait et cause pour le monde arabe contre leur propre camp (voir notamment l'Institut Français du Proche-Orient), et les touristes qui restent une semaine dans la région et pensent avoir tout compris, je me demande si les Libanais n'ont pas raison de ne voir l'étranger que par le prisme du f o o t b a l l. Allez Liban !

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