26 novembre 2006

Sur Le Pen et le fascisme libanais

Entendons-nous bien : je ne voterai jamais pour Le Pen et je n'inciterai jamais à voter pour lui. Le programme du Front national est un vaste foutage de gueule, notamment sur le renvoi des immigrés qui plongerait à coup sûr la France dans une récession. La France est un pays d'immigration et, comme tout le monde, je descends d'immigrés qui ont trouvé une terre d'accueil pour des raisons diverses mais qui n'ont jamais eu à s'en plaindre. Le discours de Le Pen exhale des relents de racisme et de xénophobie qui conduiraient, s'il était élu, à un repli sur soi fatal à une époque où, qu'on le veuille ou non, la France doit s'ouvrir encore plus aux autres et accepter les différents rééquilibrages politiques dus à l'irruption de nouveaux pays forts. Il n'y a rien chez Le Pen qui me plaise ; mais dans cette bonne tradition "voltairienne", je reste choqué par la manière dont on l'exhibe, et dont on en fait un confortable épouvantail pour mieux attirer les bonnes gens.

A chaque élection présidentielle, le leader du FN accroit son influence et attire de plus en plus de votants. Pour Tapie, on s'en souvient, ceux qui vote Front national sont des "salauds", ce qui était presque un compliment de la part d'une fieffée crapule. Mais personne dans la classe politique ne se préoccupe vraiment de savoir qui sont les électeurs de Jean-Marie Le Pen, devenus pourtant une force qui dépasse même les partis "traditionnels" comme on l'a vu au premier tour de l'élection présidentielle de 2002. Pourtant, ces Français ne sont pas représentés à l'assemblée nationale, et on continue de les considérer comme des pestiférés. Lutter contre le Front national est devenu pour le Parti socialiste un oriflamme, le symbole que l'on est de bonnes gens qui luttent contre la bête immonde, ce qui évite de poser des questions embarrassantes sur le programme du PS. Se dire anti-facho (ce qui est une exagération, le FN est loin d'être fasciste) et brâmer "F comme fasciste, N comme Nazi, à bas le Front national" est devenu une manière de se placer dans le bon camp, celui des valeureux, qui néanmoins refusent le suffrage universel.

Les élections approchent et comme toujours, nous allons nous focaliser sur les petites phrases, les bons mots, la couleur des tailleurs de Ségolène, les dodelinements de tête de Sarko, les soupirs affligés de Bayrou, les rodomontades de Besancenot, bref sur le superficiel. Et chacun sera d'accord pour considérer Le Pen comme le repoussoir. On reste républicains tant que l'on ne discute pas avec Le Pen, comme notre président sortant qui affirmait ne l'avoir jamais rencontré alors même que des photos prouvaient le contraire. Un article du Monde exprime ce combat entre le bien et le mal, le sale et le pur, où les auteurs expriment, avec des allusions bien senties, le dégoût qu'ils éprouvent pour ceux qui reçoivent Le Pen dans les médias. Cela ne se fait pas. Recevoir Laguiller est concevable, elle est si drôle ma chère ! avec son discours révolutionnaire et sa vieille mobylette ! Et ce petit facteur ! N'est-il pas à croquer ! Mais Le Pen, c'est ce qui permet aux croquants de Brassens de se considérer comme moraux parce qu'ils se déclarent publiquement contre lui.

En 2007, Jean-Marie Le Pen va améliorer son score de 2002. Je m'en réjouis, et je le déplore. Je m'en réjouis car j'ai encore espoir que nous allons réaliser pourquoi cet homme cristallise autant de peurs et d'angoisses, et y remédier. Je le déplore parce que même s'il n'est pas fasciste, sa conception de la république m'inquiète fortement, sans parler de ses amis douteux. Vous allez me dire que ce post n'a rien à voir avec le Liban ? Et pourtant si. Quand on a parlé de la famille Gemayel comme d'un clan de fachos, ce sont des valeurs françaises que l'on a plaqué sur des Libanais débarrassé du fascisme, du vrai, depuis des décennies. Il est temps de repenser nos concepts hérités de la guerre froide qui veulent que l'on ait plus de tolérance pour les criminels d'extrême gauche que pour ceux d'extrême droite. Justice pour tous, et si Le Pen est un danger pour la république, qu'on l'interdise, mais avec la LCR, le PCF, LO et même De Villiers. Sinon, qu'on l'écoute et qu'on le combatte, et qu'on donne à la famille Gemayel le bénéfice du doute, et un peu de temps pour son deuil.

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24 novembre 2006

Si la France est la mère du Liban, espérons que son père reste à la maison

J'adore le forum de Libération. On y prend la température de la France et on parvient, en lisant les commentaires, à se faire une idée de comment un événement est perçu. Le plus souvent, les lecteurs apportent des précisions et malmènent un peu le journaliste qui s'était laissé emporter par sa plume. C'est ce qu'on appelle "Web 2.0", un terme à la mode pour dire que les internautes participent et ne sont plus de simples consommateurs. Mais parfois on tombe sur d'authentiques perles, mes préférées, celles énoncées par celui à qui on ne la fait pas, monsieur "théorie du complot", le lecteur professionnel qui sait tout sur tout et notamment que les médias sont tous pourris et contre le peuple, selon la théorie immortelle de Chomsky et autres post-méta-néo-marxistes. Comme cela concerne le Liban, je me suis dit que ce serait pas plus mal de revenir sur certaines idées reçues avec le professeur "Vilnius Nastavn", je ne sais pas quel pseudo c'est, mais d'emblée, le ton est donné. Voilà donc le genre de prose que l'on trouve et qui me hérisse :

Du délire!!!Je suis d'accord avec SJM, mais j'irai plus loin. Comment les antisyriens peuvent-ils êtres crédibles en réclamant un Liban dégagé de l'influence étrangère tout en appelant à la formation d'un tribunal international pour juger du meurtre au Liban...d'un (tout premier ministre qu'il était) libanais ? C'est un non-sens absolu. Ce faisant, ils ne font qu'apporter de l'eau au moulin des faucons de Washington, n'hésitant pas à appeler les "étatsuniens" à intervenir directement au Liban (on a vu, lors des manifs du 14 Mars des drapeaux américains brandis par la foule)...Elle est belle l'indépendance!!! A mon sens, toutes ces gesticulations ne visent qu'à garantir un pouvoir minimum aux communautés non-chiites. Car les chiites sont majoritaires. On accuse le Hezbollah de tout crime possible et imaginable, et on oublie allègrement que les phalanges, parti de Mr Gemayel, est coupable de crimes de guerre notamment (excusez de peu) des massacres de Sabra et Chatila en 1982. Pour moin cette opposition à la Syrie ne cache au final, qu'un lobby qui souhaite s'accrocher au pouvoir quoi qu'il arrive, et qui préfère être aux ordres de l'occident plutôt qu'à la Syrie ou à l'Iran. La démocratie, au vrai sens du terme, voudrait dire le pouvoir aux chiites. Ce que refusent les chrétiens, les druzes (connus pour leur participation dans l'ALS -auxiliaire d'Israel au Liban sud) et les sunnites. Jeudi 23 Novembre 2006 - 15:55

Reprenons, point par point :

Comment les antisyriens peuvent-ils êtres crédibles en réclamant un Liban dégagé de l'influence étrangère tout en appelant à la formation d'un tribunal international pour juger du meurtre au Liban...d'un (tout premier ministre qu'il était) libanais ? C'est un non-sens absolu.
Où est le non-sens ? L'ONU est une OIG, elle ne représente donc pas un pays en particulier. Mais il semble que l'ONU ne soit pas très populaire en raison de son caractère démocratique. Donc les "antisyriens", ou les démocrates, je préfère, sont tout à fait crédibles.

Ce faisant, ils ne font qu'apporter de l'eau au moulin des faucons de Washington, n'hésitant pas à appeler les "étatsuniens" à intervenir directement au Liban (on a vu, lors des manifs du 14 Mars des drapeaux américains brandis par la foule)...Elle est belle l'indépendance!!!
Je n'ai vu aucun drapeau américain le 14 mars, en revanche, ce genre de vocable (faucons, étatsuniens) indique clairement que notre ami, à l'instar du Monde diplo, ne porte pas les USA dans son coeur. On peut même penser qu'il soutiendrait l'Iran juste par antiaméricanisme primaire, un réflexe qui existe encore en 2006 et qu'on pourrait trouver amusant si ça ne poussait pas les simples d'esprit à poser l'équation Bush=Ben Laden. Et oui, elle est belle l'indépendance. Cela dit, une petite intervention américaine serait du plus bel effet, mais elle reste hautement improbable.

A mon sens, toutes ces gesticulations ne visent qu'à garantir un pouvoir minimum aux communautés non-chiites. Car les chiites sont majoritaires.
Les communautés non-chiites ? Les chrétiens aounistes ? Les Maradas ? Les chiites ne sont pas majoritaires, ils ne représentent que 30% des Libanais, et tous ne sont pas pro-Amal ou Hezbollah, ils sont nombreux ceux qui se servent de leur tête.

On accuse le Hezbollah de tout crime possible et imaginable, et on oublie allègrement que les phalanges, parti de Mr Gemayel, est coupable de crimes de guerre notamment (excusez de peu) des massacres de Sabra et Chatila en 1982.
En revanche, on n'oublie pas que le Hezbollah a assassiné les soldats français du Drakkar, tué un ambassadeur de France et kidnappé, torturé et occis nombre de Français, dont Michel Seurat. Et ce n'est que pour la France. Quant à Sabra et Chatila, il faudrait peut-être arrêter de se focaliser dessus et rappeler également que les Chrétiens aussi ont été massacrés au Liban (la liste est longue, je vous l'envoie par email).


Pour moin cette opposition à la Syrie ne cache au final, qu'un lobby qui souhaite s'accrocher au pouvoir quoi qu'il arrive, et qui préfère être aux ordres de l'occident plutôt qu'à la Syrie ou à l'Iran.
Oui, c'est fou non ? Des gens qui préfèrent discuter avec des démocraties plutôt qu'avec des dictatures ! En plus qui dit lobby dit pro-sioniste.

La démocratie, au vrai sens du terme, voudrait dire le pouvoir aux chiites. Ce que refusent les chrétiens, les druzes (connus pour leur participation dans l'ALS -auxiliaire d'Israel au Liban sud) et les sunnites.
Alors là mon con, tu pouvais pas dire une connerie plus grosse. L'ALS était composée à 70% de chiites et non pas de druzes. Mais c'est le genre de choses que Nasrallah n'aime pas trop rappeler, lui dont la bure est aussi noire que son âme est pure. La démocratie, c'est le gouvernement actuel qui représente le vote des Libanais. Rappelons que des ministres Hezbollah y étaient présents jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent qu'ils ne pouvaient pas être dans l'opposition ET dans la majorité, et que Aoun a refusé de faire partie du gouvernement quand on lui a proposé. Il semble le regretter, mais l'errance intellectuelle est une des caractéristiques du général.

Voilà, c'était un peu un post pour moi, mais ce genre d'inepties, de discours soi-disant structuré qui en fait reprend une propagande du bon vieux temps de l'URSS à la sauce syrienne me fait bondir. Merci d'avoir lu mon coup de sang. A votre tour de critiquer avec arrogance ce billet énervé.

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23 novembre 2006

Les pairs de nos pères

« Les phalanges libanaises sont responsables de nombreux massacres au Liban et elles sont basées sur le modèle fasciste européen des années 30, donc Pierre Gemayel était un facho avec du sang sur les mains ».

Cette réaction, on peut l'entendre souvent chez les beaux esprits de gauche, ici ou ailleurs, qui n'acceptent pas que les Kataëb aient changé mais n'auront pas de problème à considérer les partis communistes comme absous de tout péché antérieur. Il y a toujours eu ce problème, partout, de mieux traiter l'extrême gauche que l'extrême droite, en partant du principe que la gauche a du cœur et la droite de l'argent. Cette simplification outrancière perdure aussi en France, et l’image d’un Liban opposant gentils musulmans palestiniens progressistes et méchants chrétiens facho-réactionnaires continue de hanter les discussions sur ce pays, et de lui causer du tort.

Le fascisme a fait des victimes par millions, mais le communisme au XXe siècle l'a de loin surpassé. Que l'Union soviétique et la République Populaire de Chine aient, ou non, atteint leur objectif socialiste n'est pas important : les deux pays se sont réclamés, ou se réclament, du communisme pour des modes de gouvernement qui ont causés des dizaines de millions de morts. Ces massacres rouges n’absolvent pas les massacres bruns. Toutefois, il est bon de ne pas placer la faute dans un seul camp si l’on veut faire un travail de mémoire efficace et qui évite de répéter les mêmes erreurs à l’avenir.

Aujourd’hui, le virus fasciste a changé de camp. Lorsqu'on appelle le camp de Pierre Gemayel "chrétien", c'est un abus de langage et une forme de simplification pour faire comprendre aux téléspectateurs qu'il s'oppose aux chiites. Les alliés des Gemayel sont aujourd'hui sunnites et druzes, quand les alliés du Hezbollah sont les chrétiens aounistes et maradas. Il n'y a pas, au Liban, d'opposition religieuse, mais politique. L'extrémisme des phalangistes est depuis longtemps oublié comme mode de pensée et d'action, tout comme les Forces libanaises, avec l'incarcération aléatoire de leur leader Samir Geagea, ne voient plus dans la lutte armée le seul moyen de se faire entendre. Seul le Hezbollah présente aujourd'hui des signes de fascisme, en le dissimulant derrière une vulgate pseudo-marxiste qui lui permet des alliances contre-nature avec les "forces de progrès". Mais le Hezbollah continue d'employer des armes fascistes, et continue son travail de terrorisme : "nous ou le chaos".

L'IRA, en Irlande, alliée un temps au Hezbollah, n'a pas réussi à imposer ses volontés par le terrorisme, sur ce point elle a complètement échoué et s'est décrédibilisé, notamment en montrant son incapacité à contrôler sa nébuleuse lors de l'attentat d'Omagh en 1998. Le combat de l'IRA, commencé des décennies auparavant par les Fenians, a pu être entendu grâce au développement économique de l'Irlande qui a montré qu'une solution viable de réunification pouvait être envisagé. Ici encore, on a voulu opposer catholiques et protestants, alors que la lutte divisait les loyalistes et les républicains. L'exemple irlandais, où les rancœurs sont tenaces, peut offrir un modèle au Liban, en posant que l'économique peut apaiser les querelles, car quand on n'a rien en ce bas monde, on se fait facilement persuader qu'on n'en sera que plus riches dans l'au-delà.

Les Gemayel ont payé le prix du sang. On ne peut plus leur apposer l'étiquette infâmante du fascisme depuis des années. Les vrais fascistes, eux, ont réagi à la mort de Pierre Gemayel en râlant parce qu'ils allaient être obligés de décaler leurs manifs antidémocratiques alors qu'elles étaient sur le point de commencer. La terreur va donc reprendre, mais l’essentiel reste qu'on arrive à mettre un nom dessus.

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22 novembre 2006

Bonne fête de l'indépendance mon cul v2.0

Hier un jeune homme de 34 ans est mort assassiné par balles alors qu'il circulait dans sa voiture louée.

Voilà pour l'info.

Maintenant les interprétations : comme ce jeune homme s'appelait Pierre Gemayel et qu'il était ministre de l'industrie dans un gouvernement de plus en plus hostile à l'ingérence syrienne, on peut largement penser qu'il s'agit d'un meurtre politique.

Mais les esprits sont plus rapides que le vent et en France et au Liban, la connerie continue de rouler dans un bolide italien.

Pour certains Libanais, ce meurtre serait la conséquence d'un ordre que Pierre Gemayel aurait intimé à l'un de ses gardes du corps : va donc tirer sur cet insolent qui a osé me faire une queue de poisson sur l'autoroute.

Pour d'autres, ce ne peut être que le Mossad ou la CIA, les leprechauns du Moyen-Orient, car "la Syrie n'a pas intérêt à ce genre d'attentats".

En France aussi, on cogite dur. Le forum de Libé fourmille d'explications brillantes comme la suivante :

EEQ090A
LE LIBANet s'il n'était victime que des clauses de sa constitution,consécutive à son indépendance,à savoir: prépondérence des chrétiens dans ses gouvernements?car enfin ils sont tout de même bien minoritaires,et si on s'entete à soutenir des gens "parcequ'ils sont chrétiens"et favorables à l'occident,il ne faudra pas s'étonner que la situation perdure. enfin moi je suis chrétien,pas aveugle ni autiste.

Je voudrais juste dire une chose, à la suite de mon amie Bee : un jeune homme a perdu la vie, parce qu'il était engagé dans un combat politique. Que l'on soit d'accord ou non avec ses options électorales, on ne peut qu'être touché par sa mort si jeune. Ceux qui hurlaient vengeance après le massacre de Qana seront-ils les mêmes qui demanderont réparation après l'assassinat de Pierre Gemayel ? Les morts ont-ils un cours, un indice, des fluctuations boursières ? Une chose est sûre : il ne s'agit pas d'une lutte entre les chrétiens et les musulmans, comme on le pose bêtement en France. Le combat, répétons-le, oppose ceux qui croient encore à la démocratie et ceux qui la refusent. Pierre Gemayel, bien que venant d'une famille au passé lourd et dont on peut aussi critiquer les engagements militaires, n'a jamais tué personne à ma connaissance. Il était opposé à la mainmise de la Syrie et de son bras politique Hezbollahi au Liban, tout comme il ne soutenait pas le dessein de l'Iran et de son chien de garde Nasrallah pour son pays. Que faut-il en conclure ? Qui l'a tué ?

Qui que ce soit, j'espère que je me suis trompé toute ma vie sur l'existence de dieu, du paradis et de l'enfer et que ce genre d'assassins a une place spéciale dans la géhenne, où on lui fait subir encore et encore ce qu'il a commis comme atrocités. Car compter sur la justice des hommes au Liban contre le parti de dieu, surtout devant une incompréhension croissante de la question de la part de l'Occident qui s'en lave royalement les mains, c'est faire preuve d'une naïveté qui n'a plus rien de touchant.

Et la force et la faiblesse du Liban continue : encaisser, encaisser, encaisser les coups durs et continuer à vivre comme un boxeur ivre qui n'a plus rien à espérer. "Oeil pour oeil rendra le monde aveugle" aurait observé Gandhi. Certes, mais quand on vient te crever les deux yeux, essaie d'en sauver un en ripostant.

Mon hommage va aux Gemayel qui, comme de nombreuses familles libanaises impliquées dans la politique, ont su réagir avec sang-froid après la mort de Pierre. A la manière de Ghassan Tuéni après l'assassinat de son fils, aucun appel à la vengeance n'a été lancé. Qu'on aime les Gemayel ou non, on peut au moins les admirer dans ce moment atroce. Moi, je sais ce que j'aurais fait à leur place, et où je serais allé pour laver les affronts. Il est peut-être temps que je parte ? Non, pas encore.

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21 novembre 2006

Bonne fête de l'indépendance mon cul

I can't believe the news today
Oh, I can't close my eyes
And make it go away
How long...How long must we sing this song?
How long? How long...
'cause tonight...we can be as one
Tonight...

Broken bottles under children's feet
Bodies strewn across the dead end street
But I won't heed the battle call
It puts my back up
Puts my back up against the wall
Sunday, Bloody Sunday
Sunday, Bloody Sunday
Sunday, Bloody Sunday

And the battle's just begun
There's many lost, but tell me who has won
The trench is dug within our hearts
And mothers, children, brothers, sisters
Torn apart

Sunday, Bloody Sunday
Sunday, Bloody Sunday

How long...
How long must we sing this song?
How long? How long...
'cause tonight...we can be as one
Tonight...tonight...

Sunday, Bloody Sunday
Sunday, Bloody Sunday

Wipe the tears from your eyes
Wipe your tears away
Oh, wipe your tears away
Oh, wipe your tears away
(Sunday, Bloody Sunday)
Oh, wipe your blood shot eyes
(Sunday, Bloody Sunday)

Sunday, Bloody Sunday (Sunday, Bloody Sunday)
Sunday, Bloody Sunday (Sunday, Bloody Sunday)

And it's true we are immune
When fact is fiction and TV reality
And today the millions cry
We eat and drink while tomorrow they die
(Sunday, Bloody Sunday)

The real battle just begun
To claim the victory Jesus won
On...

Sunday Bloody Sunday
Sunday Bloody Sunday...

(U2)

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18 novembre 2006

Post redondant

Les nuages noirs et barbus continuent de s'accumuler sur le Liban. Le Hezbollah continue de menacer d'avoir recours à la rue, ce qui reste l'ultime moyen de s'exprimer en refusant la démocratie. Selon les dires de ses dirigeants, Hezbollah plus Amal plus Aounistes représentent 30% de la population, ce qui devrait leur donner droit à une minorité de blocage au gouvernement. Ce genre de calcul ne tient pas debout, tout comme le discours général du Hezbollah qui accuse les Etats-Unis d'ingérences au Liban. En France, on a un proverbe très moche pour décrire cette situation : "le camembert qui dit au roquefort : tu pues".

Rappelons tout de même les faits pour ceux qui auraient la mémoire courte : une milice paramilitaire et illégale s'est arrogée le droit de décider seul la politique étrangère d'un pays. Non contente de refuser la démocratie et la république que le Liban bon gré, mal gré, a su appliquer bien seul dans la région avec son rival israélien, cette milice, en plus de prétendre représenter le Liban, entend également incarner la volonté d'un dieu mal défini, puisqu'il s'agit ici d'une divinité sanguinaire et violente, mais également profondément misogyne puisqu'aucune femme ne possède de rôle de décision dans cet organisme. On a donc affaire à la pire des organisations politiques, qu'on ne saurait même comparer avec d'autres associations de terroristes comme l'ETA ou l'IRA, bien que celle-ci ait collaboré avec Hezbollah, car les républicains irlandais sont laïcs dans leur démarche et n'ont jamais appelé à la destruction de leur ennemi, mais seulement à son départ d'Eire.

En juillet, le Hezbollah a donc mené sa guerre tout seul, au nom des Libanais, alors même que le parti de dieu ne représente guère que lui-même. Aujourd'hui, la situation avec Israël, Etat démocratique bien qu'exerçant une politique militaire avec une férocité paranoïaque qui devient intolérable, se trouve dans une logique de guerre, une certitude de bataille tant l'Etat hébreu n'entend d'autres discours depuis le Liban que celui des antisionistes jusqu'auboutistes. Qui, aujourd'hui et en toute bonne foi, pourrait affirmer que le seul avenir pour le Liban reste dans l'affrontement guerrier avec un voisin qui a montré ses capacités à se défendre efficacement ? Personne. Il n'y a là ni bon sens, ni intelligence, ni clairvoyance. Le Liban se porte assez mal sans en plus se jeter dans une guerre fratricide, tant les points communs entre Libanais et Israéliens sont nombreux.

Le Hezbollah n'a pas d'enfants, il n'a que des martyrs potentiels. Les Libanais, eux, aiment profondément leur progéniture. Il n'y qu'à voir l'admirable sacrifice que consent chaque famille pour l'éducation des enfants, certains chefs de famille bien que ne disposant que de bas revenus n'hésitant pas à s'endetter pour pouvoir envoyer ses filles et fils dans une "bonne école" où ils apprendront, en trois langues, toutes les matières sauf l'histoire. Car ce pays a plusieurs histoires et les Libanais francophones, pour ne prendre que leur exemple, connaîtront mieux les affres de Clovis ou du général de Gaulle que celles de leur propre pays. Quand on n'a pas de passé, ou qu'on en a trop, il faut se construire un futur. Avec le Hezbollah, le futur est clair : la préhistoire, avec son dieu jaloux, ses femmes traitées comme des esclaves et "l'autre" considéré comme une menace permanente.

J'ai déjà parlé du Hezbollah dans ces termes ; il me semble utile de le refaire même si je m'égosille dans le désert. Ce parti représente l'une des menaces les plus dangereuses que nous ayons à affronter, et en continuant de le traiter comme les autres, parce qu'il nous fait peur, on contribue à le renforcer et à l'autoriser à nous menacer. Le combat est hélas très simple : entre Israël et le Hezbollah, l'un des deux doit disparaître. Et il en est qui, par antisémitisme primaire ou par fardeau de l'homme blanc honteux des colonies, hésitent devant ce dilemme. Pas besoin d'être devin ou d lancer une pièce en l'air pour comprendre que l'avenir est dans une société ouverte, et que l'Iran, maître-chien du parti de dieu, a autant d'avenir que le troisième Reich.

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15 novembre 2006

Des nouvelles de dieu (encore et toujours)

Petit florilège de réactions à la rencontre Dieudonné-Le Pen sur l'excellent site d'illétrisation massif qu'est la banlieue s'exprime (le titre du pamphlet est "Se sont les idées qu’il faut combatre pas les hommes, faut-il en avoir le courage (LBS) (sic) (sick))

FOUTONS LE BORDEL Nouveau [Synoptique]
"L’honorabilité n’est l’apanage d’aucun parti politique encore moins celui de ceux qui le proclament à tue tête comme le PS et l’UMP et compagnie.
L’honorabilité, cet argument qui sert de caution à tous les biens pensants de la classe politico-médiatique française, un argument de l’attachement aux valeurs républicaines, valeurs que nous avons de plus en plus de mal à reconnaître, parce que à géométrie variable."
valeurs républicaines ===> COMPRENDRE : LES VALEURS MACONNIQUE !!! Le nain puant n’a-t-il pas lui-même affirmé que la franc-maçonnerie était chez elle dans la république ??? SVP, commençons par expliquer au peuple la fonction nauséabonde de cette SECTE n01 en France !!! REVEILLEZ VOUS _ PARLONS VRAI !!!


Après les franc-maçons, les juifs, comme de bien entendu (curieux qu'on ne les ait pas associés comme au bon vieux temps du complot judéo-maçonnique) :

max Nouveau [Synoptique]
Triste pour triste à choisir je préfère un français , français avant tout, qu un sioniste français pro fasho israélien, entre la peste et le cholera il n y a pas photo, nous serons malade ensemble, mis nous succombeont pas u cholera sioniste, il suffit de lire les allégeances de principaux candidats auprès du Crif, pour constater une triste réalité, ils sont tous pour l état juif aux services des fashos, quelques soient les massacres perpétués,
Zarko déclare même que ce n est pas ce qu il font mais leur COM, le plus important
"""Parce qu’il est un ami d’Israël, le ministre de l’intérieur recommande aux Israéliens de veiller à ne par perdre la guerre de la communication"""
Extrait de son allégeance au Crif le 13 11 2006
Il assure même le crif qu il fait tout pour protéger ceux qui tir dans le dos des voleurs, ainsi que l arabophobie de Redeker
A nous ferra croire que tout les citoyens son égaux en France
Putain de démocratie pro sioniste


Et ça continue sur des pages de vomi antisioniste fasciste, en rappelant que les médias sont des salauds, Dieudonné un grand homme et ceux qui ne l'aiment pas des futures cibles (?), ce qui montre bien que le rapprochement Dieudonné-Le Pen n'a rien de fortuit. Rappelons que le titre de l'article précisait qu'il fallait ombattre les idées, pas les hommes ; visiblement ça ne s'applique pas aux juifs. Heureusement, par ci par là, une lueur d'intelligence qui ranime la foi en l'homme :

Redouane Nouveau [Synoptique]
JM Le Pen qui est fier d’avoir TORTURE nos frère durant la guerre de libération nationale en Algérie à la gegene(=électricité envoyée dans les parties génitales)n’est ni HONORABLE ni FREQUENTABLE. Je ne reconnais plus Dieudo qui abandonne son combat contre les nationalismes et pactise avec cette relique du racisme qu’est Le Pen. L’altermondialisme ne passe pas par l’alliance avec les fachos mais plutôt en les combattant ! Ahmed tu peux nous expliquer pcq là on comprend plus rien...c’est 1 site pro-Le Pen que tu fais ?

epiphanie Nouveau [Synoptique]
Etes vous devenu fou Mr.Dieudonné ? Tout cela me rend trés triste : qu’un homme de talent comme vous dérive année aprés année vers l’inacceptable. Quel dommage, quel gâchis. Je ne suis partisan d’aucun des grands partis pour autant cela ne rend pas plus légitime l’extréme droite. Quelle étrange logique vous pousse à cela ? La provocation ? Il n’en ressort que du dégoût. J’attends d’un responsable que vous souhaitez incarner une vision sociétale et un projet politique ambitieux. Au lieu de çà vous vous complaisez dans la haine des autres. Il n’en ressortira rien sinon du malheur. Svp un peu de dignité.

Dieudonné a connu le problème qui menace tous les artistes : il a arrêté d'avoir du talent, et cessé d'être drôle. Pour exister, il doit maintenant se transformer en personnage de sketch et provoquer en permanence. Mais la vie n'est pas toujours une comédie, cher petit comique. Et la perspective d'une alliance Front national-Dieudonné et sbires fachos-Hezbollah ne m'inspire pas beaucoup d'humour. Qui bénéficiera de la prochaine visite de sa miraclité ? Je propose Philippe de Villiers, Ramzan Kadyrov en Tchétchénie et la tombe d'Adolf Hitler, surtout après le congrès néo-nazi de Berlin qui montre que le ventre de la bête est toujours fécond, bla, bla, bla. En tout cas, Dieudonné est le bienvenu au Liban quand il veut pour voir tous ses amis Hezbollah et Forces Libanaises qu'il saura réconcilier dans son impressionnate dialectique de lutte contre le racisme par association avec les racistes. Un peu comme la politique étrangère de la France finalement, qui lutte contre les dictatures (Iran, Syrie, Maroc, Chine...) en laissant Philippe Douste-Blazy leur décerner des satisfecits. Ouh, ça va pas fort le monde.

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13 novembre 2006

La rue arabe

Quel crédit apporter à la nouvelle suivante, tirée de L'Orient le jour :

Dans un communiqué distribué, hier, dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared (Tripoli), el-Qaëda-Liban a proféré les menaces suivantes : « Nous sommes arrivés au Liban et nous œuvrerons pour la destruction de ce gouvernement corrompu qui obéit aux ordres de l’Administration américaine et nous signalons à tous les suppôts qui cherchent s’en prendre à nous que nous les aurons. Et vos frères au sein d’el-Qaëda au Liban poursuivront leur jihad contre les ennemis de Dieu. La victoire ou le martyre ! »

En l'absence d'autorités qui établiront l'authenticité du message, on ne peut que spéculer et ajouter cette menace à la longue liste des problèmes que rencontrent le Liban démocratique aujourd'hui. Je penche toutefois pour une fausse alerte, le camp palestinien au Nord apparaissant comme un endroit trop aléatoire pour être considéré comme le meilleur lieu pour distribuer des pamphlets. Mais tout reste possible, et un groupe terroriste de plus ou de moins au Liban...

Les groupes "chiites" continuent à tempêter et menacer, et leurs ministres claquent les portes. Le gouvernement a, en leur absence, approuvé le projet de texte de l'ONU qui porte sur la création du tribunal international qui devra juger les suspects de l'assassinat de Rafic Hariri, ce qui aparaît comme le minimum devant l'énormité du meurtre. D'aucuns avancent que la guerre de Juillet avait pour principal objectif de détourner l'attention de l'opinion publique des principaux suspects syriens ; elle a en tout cas renforcé la logique tyrannique du Hezbollah et d'Amal, qui avaient commencé pourtant avec un lourd handicap. Ces mouvements échappent à toute logique : en prétendant incarner le Liban bien que largement subventionné par l'Iran, en affirmant lutter contre une attitude dictatoriale (selon les termes du quotidien antidémocratique et proche du Hezb Al Akhbar), les formations "chiites" dévoilent au grand jour leur projet de destruction de l'identité libanaise dans sa diversité.

De nombreux citoyens soutiennent ces formations par peur, par rejet de la corruption des forces du 14 mars (Hariri and co.), par désir de revanche mais aucun ne s'arrête de vociférer pour réfléchir à l'absurdité de la situation. Le Hezbollah prétend avoir résisté à l'armée israélienne et acquis une "victoire divine". Grâce à sa politique de violence, et de recours à la rue, il va sans doute déclencher des émeutes qui pourraient tourner à une spirale de guerre civile. La capacité de nuisance du parti de dieu est connue : lorsque l'émission Basmat Watan avait osé rire un peu avec Nasrallah, ses sbires avaient semé la terreur dans les secteurs "chrétien" et "sunnite" en hurlant au blasphème. Ce n'est qu'un exemple parmi d'aures, mais il est particulièrement symbolique : on ne saurait contester Nasrallah le prophète. On n'ose imaginer si les hordes du Hezb devaient à nouveau envahir la rue pour protester contre un gouvernement démocratiquement nommé en rapport avec les parlementaires élus par le peuple libanais. Qui a peur du grand méchant Nasrallah ? Tout le monde. Et c'est bien là le problème. Les semaines qui viennent risquent de ruiner encore plus le peu d'activités économiques du Liban, que ce soit le commerce ou le tourisme qui seront affaiblis par la volonté du parti de dieu. Je le répète : quand on se prétend le parti de dieu, on n'est pas celui des hommes.

La chronique de France Inter a bien été diffusée hier, amenant sur ce blog deux fois de visiteurs que d'habitude. J'espère qu'ils n'ont pas été déçus, et qu'ils reviendront. La page commentaires est ouverte à tous, y compris aux trolls, mais son usage premier reste le dialogue, alors ne vous privez pas.

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12 novembre 2006

WIL 3.0

Excellent timing : au moment où je rentre au Liban et où je "toilette" mon blog, David Abiker m'annonce qu'il va parler de WIL sur France Inter lundi matin. J'en suis doublement content, car j'ai toujours beaucoup apprécié les chroniques de David Abiker dans "Arrêts sur image" et j'avais du mal à croire que c'était vraiment lui avant qu'il m'appelle au téléphone et que je reconnaisse sa chaude élocution. Si vous venez ici après la chronique de France Inter (en supposant qu'elle a bien été diffusée...), bienvenue sur un blog qui compte des commentateurs réguliers, devenus des amis virtuels avec le temps et sans qui je n'aurais pas continué mon petit travail de rédaction après la guerre de Juillet, tant les attaques ont été fortes y compris dans la blogosphère. Je ne suis pas libanais, pas juif non plus, juste un Français au Liban depuis plus de dix ans et qui possède un bon poste d'observation sur la région grâce à son travail, et qui essaie de dialoguer sur la situation d'un point de vue différent des médias sans avoir la prétention d'apporter autre chose que des opinions (et un ou deux scoops de temps en temps...).

D'abord une petite nouvelle passée inaperçue publiée dans L'Orient le jour :

Le frère de l’ancien ministre syrien de l’Intérieur Ghazi Kanaan, dont le suicide avait été annoncé en octobre 2005, a lui aussi mis fin à ses jours, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG proche de l’opposition basée à Londres.« La dépouille mortelle de Ali Kanaan, frère de l’ancien ministre, a été retrouvée mutilée sur les rails d’un train près de la région de Boustan al-Bacha » dans le gouvernorat de Lattaquié, affirme l’ONG basée à Londres.Selon des sources proches de la famille, citées par le communiqué, « Ali Kanaan s’est suicidé et un des fils du défunt a indiqué que son père passait par une période d’abattement et qu’il ne dormait plus chez lui, jusqu’à la découverte mercredi de son corps ».Le suicide de Ali Kanaan intervient un an après la mort de son frère. Le général Ghazi Kanaan, chef des services de renseignements syriens au Liban de 1982 à 2002, s’était suicidé à son bureau au ministère de l’Intérieur, selon Damas. Ghazi Kanaan avait été entendu par la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Franchement, soit le suicide est une tradition familiale chez les Kanaan (mais comme je connais d'autres membres de cette grande famille, j'en doute fort), soit la Syrie commence à sentir la pression de plus en plus forte concernant son rôle dans l'assassinat de Rafic Hariri. Au même moment, cinq ministres "chiites" démissionnent du gouvernement sous prétexte que les forces du 14 mars, dominantes parmi les ministres, refuseraient de partager le pouvoir avec les représentants d'Amal et de Hezbollah. Au Liban, une telle démission n'est pas irrévocable et on peut penser que les cinq ministres entendent faire un coup d'éclat pour appuyer leur opposition à l'établissement d'un tribunal international chargé de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien premier ministre Hariri. Nabih Berri, le chef d'Amal, va partir en Iran pour recevoir les prochaines instructions concernant la marche à suivre des groupes "chiites" proches de Téhéran. Cette démission risque donc fort d'être ravalée. Une solution politique au Liban semble de plus en plus compromise d'autant que, répétons-le, le Hezbollah ne peut pas trouver sa place parmi les autres formations libanaises en raison de sa nature et de ses objectifs. Le parti de dieu, soutenu par la Syrie et l'Iran, a pour objectif la destruction d'Israël, l'iranisation du Liban et continue à faire hurler "Mort aux Etats-Unis" à ses partisans lors des rassemblements plaçant au premier rang les mères des martyrs morts en combattant le petit satan israélien.

Israël met à rude épreuve ceux qui cherchaient encore à trouver des circonstances atténuantes à sa politique guerrière. Ce qui se passe à Gaza n'indigne presque plus personne ; et pourtant, il s'agit d'une guerre atroce, qui impliquerait, si elle disait son nom, que l'ONU statue sur la situation et envoie des troupes séparer les bélligérants. J'avais écrit un post pendant la guerre décrivant pourquoi je pense que nous sommes tous coupables de ce qui se passe au Moyen-Orient, notamment les Occidentaux qui soufflent le chaud et le froid et ont renoncé à s'impliquer, peut-être à cause de la peur du terrorisme. Il est peut-être temps, au lieu de menacer de canarder les chasseurs de l'armée israélienne, de comprendre qu'Israël a renoncé à juste titre à faire confiance aux autres pour assurer sa sécurité, et que cela conduit à des excès regrettables qu'il faut stopper de toute urgence. L'état de peur dans lequel se trouve Israël l'oblige à se conduire comme une brute sanguinaire, et il est temps que l'Occident affirme son soutien à l'Etat hébreu sans équivoque en reconnaissant le caractère terroriste de ses ennemis, afin d'empêcher des massacres d'innocents de part et d'autre. Mais comment renouer la confiance qui unissait la France et Israël auparavant, avant 1967 ? Peut-être en commençant par affirmer que la FINUL a été établi pour protéger le Liban et Israël de leurs véritables ennemis, qui ne sont toujours pas sur la liste des groupes terroristes européens.

Mais des miracles peuvent se produire, et c'est rassurant devant la situation cauchemardesque au Moyen-Orient. Ainsi, sa miraclité number one, Dieudonné, autrefois pourfendeur du Front national à Dreux et autoproclamé champion de la cause noire, a rendu visite à ses nouveaux amis ce week-end :

Jean-Marie Le Pen a fait une rencontre inattendue samedi en parcourant les stands de la grande fête de son parti le FN au Bourget (Seine-Saint-Denis): le fantaisiste et l'ex-candidat à la présidentielle Dieudonné, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Je suis venu faire un tour, je donnerai demain mes impressions" sur un site internet, a expliqué Dieudonné M'Bala M'Bala.
"Je suis venu pour voir", a-t-il dit en indiquant qu'il s'était aussi rendu à la Courneuve en septembre pour la fête de l'Huma.


Dieudonné et Jean-Marie Le Pen enfin réunis dans un même refus du complot juif franc-maçon ! C'est beau à pleurer. La politique libanaise est complexe ; la politique française n'est pas loin d'être incompréhensible. On savait Dieudonné prêt à tout pour faire parler de lui, y compris à venir au Liban après la guerre pour "constater les dégâts" et discuter avec les joyeux drilles du Hezbollah, mais cette rencontre visiblement très détendue et amicale laisse songeur. S'agirait-il d'une "ardissonisation" de la politique consistant à poser que les électeurs sont des cons, qu'on peut leur faire gober n'importe quoi tant qu'on trouve une explication abracadabrante mais branchée ? Le Pen, comme à chaque élection, clame avoir du mal à obtenir ses 500 signatures. Grâce à Dieudonné, il risque de récupérer celles des vrais antisémites et de faire ses 20% au premier tour vu que personne dans la classe politique ne se préoccupe de savoir pourquoi le FN progresse à chaque élection. Essayons de comprendre : Dieudonné soutient le Hezbollah et sympathise avec Jean-Marie Le Pen. Mais quelle formation libanaise a reçu le soutien du Front national durant la guerre de 75-90 ? Les Forces Libanaises, viscéralement opposées au Hezbollah. Messieurs, bon courage pour expliquer vos alliances au moment des votes, ça devient un peu trop complexe pour les simples mortels comme nous.

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10 novembre 2006

New York Boston Los Angeles Paris Beyrouth (3)

The Economist fait part de la volonté de l'Occident, en tout cas de la Grande-Bretagne, de renouer des relations avec la Syrie devant le chaos qui s'installe durablement dans la région. Nigel Sheinwald, futur ambassadeur de Grande-Bretagne aux Etats-Unis, a donc été chargé d'effectuer un voyage à Damas pour remettre Bachar le petit lapin du Golan dans le grand jeu du Moyen-Orient afin d'éviter encore plus de catastrophes au Liban, en Palestine ou en Irak. Bizarre que les diplomates ne parviennent pas à comprendre cette règle moyen-orientale pourtant limpide : pas de guerre sans l'Egypte, pas de paix sans la Syrie. Même si le régime des Assad reste l'un des plus nauséabonds qui soient, il reste essentiel dans les rapports de force de la région, et même s'il ne peut pas être considéré comme digne de confiance, il est indispensable de l'utiliser et de ne pas le mettre de côté. A moins d'y aller franchement et de lui réserver le même sort qu'à l'Irak de Saddam, avec les bons résultats que l'on sait.

On aurait pu penser que ce serait la France, ancienne puissance tutélaire de la Syrie et du Liban qui fasse changer la situation, mais notre bon pays reste englué dans une politique arabe incompréhensible consistant à vexer Israël et à humilier les autres pays de la région, sans compter les élections présidentielles qui deviennent de plus en plus un show à l'américaine avec deux compétiteurs médiatiques (même si je continue à miser sur DSK pour le PS). Quel rôle pourrait pourtant jouer la France, avec ses réseaux diplomatiques parmi les meilleurs, son poids économique, sa valeur culturelle, son armée efficace ! D'autant qu'une étude publiée par Time montre que finalement, la colonisation a eu plutôt du bon et la France pourrait se prévaloir de son ancienne mission de "civilisation" au Moyen-Orient : des chercheurs de Dartmouth College ont établi que les pays colonisés après 1700 ont connu une croissance de 64% par siècle, contre 11% avant la colonisation. L'économie n'est pas tout et ces chiffres concernent seulement les îles pacifique et atlantique, mais il est parfois bon d'arrêter de se lamenter sur notre histoire de France soi-disant si cruelle envers les autres. Je reste convaincu, suivant modestement des penseurs comme Pascal Brückner, que cette culpabilité est confortable, mais qu'elle nous empêche d'agir, notamment au Moyen-Orient où par crainte de réveiller les réflexes anti-impérialistes, nous ménageons la chèvre et le chou en laissant crever l'un et l'autre.

Et j'y retourne donc au Moyen-Orient. Comme nos bons patrons de NYC n'ont pas été capables de dire, devant les incertitudes croissantes relatives à la sécurité du pays, si nous devons rester à Beyrouth ou fuir le Liban, j'y reviens en attendant un changement de situation. Après tout, le pays n'est pas si mal si l'on enlève les conducteurs de béhèmes et les barbus va-t'en-guerre.

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04 novembre 2006

New York Boston Los Angeles Paris Beyrouth (2)



Forcément en Californie, tout change. La nourriture reste plus ou moins la même mais plus de buildings plus hauts que le ciel et les gens sont un peu différents. Ici, Mr. Goldman n'est pas juif, il est vraiment en or et s'entraîne à Venice Beach. Jésus fait de la pub, et les autocollants des pare-chocs incitent à l'oecuménisme. La vue que j'avais ressemblait beaucoup au Liban mais en fait pas du tout. L.A. est le plus turbulent des enfants de l'Amérique : toujours en mouvement, ce pervers polymorphe s'étend et s'étire, à la recherche de nouveaux habitants, de préférence hispaniques, qui serviront les WASP mieux établis. Alors que je m'endors sur la plage d'une douce somnolence, je sens que le piège se referme et que le sable se meut sous moi. J'échappe de peu à ce monstre parfait pour repartir dare-dare vers le monde new-yorkais plus ancien, avant de rejoindre l'ancien monde. Quelques jours seulement se sont écoulés, et le temps m'échappe. Donnez-moi un peu de temps pour le rattraper, même si le décalage horaire m'a volé un jour qu'on ne me rendra jamais. Il doit être par là, caché dans ces maisons de plage qui prétendent garder l'océan.



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New York Boston Los Angeles Paris Beyrouth (1)

NYC, c'est la jungle mais une jungle civilisée. C'est là où vit l'UN, splendide machin rarissime à l'utilité contestée par les partisans de la loi de la jungle, qui depuis le centre du monde tente pourtant de faire régner la paix entre les grands prédateurs. NYC est le parfait laboratoire de l'entente entre entre tous les peuples, puisqu'on y trouve des Burger King chinois, des supermarchés japonais ou des restaurants bien de chez nous.







On y trouve aussi des rues avec des noms de grands hommes mais qui semblent n'aller nulle part ou alors dans une seule direction, des statues dynamiques, des immeubles qui grattent le ciel, d'autres qui jouent avec, des lions qui gardent des bibliothèques, des cow-boys nus dans le froid, des taxis jaunes mais pas de sous-marins, des pretzels étouffe-président et des organisations anarchistes très structurées. C'est très beau NYC, mais je me demande qui l'a inventé.

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