16 mars 2009

La Gazette de Suzette

Syrian Foreign Minister Walid al-Muallem said Monday a conflict in schedule was behind the notable absence of an official delegation at the inauguration of the first Lebanese embassy in Damascus.
"It was not intentional," Muallem told a joint news conference with visiting Arab League secretary general Amr Moussa.

He said he was under the impression that the "inauguration was taking place on Sunday" instead of Monday.

Earlier Monday, charge d'affaires Rami Murtada raised the Lebanese flag over the building located in the Damascus residential neighborhood of Abu Rummaneh, which is also home to the U.S. Embassy. (Naharnet)

Si vous pensez que c'est du foutage de gueule, je vous invite à contempler les quelques 60 ans d'Histoire entre le Liban et la Syrie et vous vous rendrez compte qu'il s'agit d'une erreur que n'importe qui aurait pu commettre. Pensez donc, l'ouverture de l'ambassade du Liban à Damas, on griffonne ça sur un post-it au ministère des affaires étrangères, et on s'en préoccupe comme d'un cocktail à l'ambassade des Fidji. Non, y voir de la mauvaise volonté des Syriens, une ènième rebuffade à l'égard de son ancienne colonie, c'est ne pas comprendre qu'un ministre syrien a des trucs autrement plus importants à faire après tout. Comme quoi ? Hé bien, il vous enverra le nombre de post-its qu'il a à régler d'ici la fin de la décennie, c'est effrayant : entre la paix avec Israël et les cocktails à l'ambassade des Fidji, on comprend qu'il ait confondu les jours d'inauguration de l'ambassade du Liban.

De toute façon, le Liban a d'autres chats à fouetter et commence à sentir la crise : il y a moins de milliardaires en 2009 qu'en 2008 comme le montre le tableau suivant, extrait de L'Orient-le Jour, un excellent quotidien qui sait rester impartial année après année et ne saurait prendre parti pour qui que ce soit et surtout pas pour le 14 mars :

Comme vous pouvez le constater, deux noms reviennent à intervalles réguliers dans ce classement : Hariri et Mikati. Après une brève recherche dans les archives du ministère des affaires étrangères syrien, j'ai retrouvé un post-it établissant clairement que chaque famille a fourni un premier ministre à la nation. Une fois de plus, y voir un lien de cause à effet me semble inapproprié. Le Liban n'est pas clanique : il se trouve juste que souvent, dans une famille, on trouve plusieurs membres dévorés par le besoin de servir le pays alors que dans d'autres, pas du tout. Il me semble de bon ton de plaindre Bahaa Hariri qui a perdu 300 millions de dollars entre 2008 et 2009. Gageons que cette perte provient de son légendaire bon coeur, et n'oublions pas que sans la famille Hariri, d'anciens présidents de la République française seraient mal logés.

Notre glorieux président Sarkozy ne manquera donc pas de féliciter le président libanais en visite en France pour la bonne tenue de son pays qui n'écarte pas l'idée d'attirer près de 2 millions de visiteurs cette année. Qu'importe les élections de juin, le quai d'Orsay a affirmé haut et fort, comme à son habitude, qu'il ne redoutait point une victoire du hezbollah. L'Orient-le jour, quotidien francophone de qualité, insensible aux quolibets qui voudraient le classer dans un camp ou un autre, dresse un portrait raffiné de l'atmosphère qui règne à Paris durant la visite du président le plus attendu au monde après celui des Fidji (car on sait régaler chez les Fidjiens) et ce coquin d'Obama :

Les Libanais de Paris arpentaient fièrement hier sous un soleil déjà printanier la plus belle avenue du monde et commentaient en famille ou en petits groupes, réunis aux terrasses des cafés, cette première visite d'État d'un président arabe sous l'ère Sarkozy.

(...) Côté politique, malgré le congé dominical, des responsables français joints par des médias libanais ont réaffirmé l'importance du geste du président Sarkozy qui a voulu montrer à quel point la France et le peuple français tiennent au Liban et entendent soutenir son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale. Le président Sleiman aura des entretiens avec le chef de l'État français, le Premier ministre, les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, ainsi qu'avec le ministre français des AE.

Car oui monsieur, en France, "malgré le congé dominical", on s'active pour que les Libanais de Paris puissent arpenter fièrement la plus belle avenue du monde. Et l'on oublie ce malheureux incident de Damas : la France est la mère du Liban. Tant qu'elle restera à ses côtés, tout ira bien. Et maintenant, dormez, je le veux.

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