22 novembre 2006

Bonne fête de l'indépendance mon cul v2.0

Hier un jeune homme de 34 ans est mort assassiné par balles alors qu'il circulait dans sa voiture louée.

Voilà pour l'info.

Maintenant les interprétations : comme ce jeune homme s'appelait Pierre Gemayel et qu'il était ministre de l'industrie dans un gouvernement de plus en plus hostile à l'ingérence syrienne, on peut largement penser qu'il s'agit d'un meurtre politique.

Mais les esprits sont plus rapides que le vent et en France et au Liban, la connerie continue de rouler dans un bolide italien.

Pour certains Libanais, ce meurtre serait la conséquence d'un ordre que Pierre Gemayel aurait intimé à l'un de ses gardes du corps : va donc tirer sur cet insolent qui a osé me faire une queue de poisson sur l'autoroute.

Pour d'autres, ce ne peut être que le Mossad ou la CIA, les leprechauns du Moyen-Orient, car "la Syrie n'a pas intérêt à ce genre d'attentats".

En France aussi, on cogite dur. Le forum de Libé fourmille d'explications brillantes comme la suivante :

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LE LIBANet s'il n'était victime que des clauses de sa constitution,consécutive à son indépendance,à savoir: prépondérence des chrétiens dans ses gouvernements?car enfin ils sont tout de même bien minoritaires,et si on s'entete à soutenir des gens "parcequ'ils sont chrétiens"et favorables à l'occident,il ne faudra pas s'étonner que la situation perdure. enfin moi je suis chrétien,pas aveugle ni autiste.

Je voudrais juste dire une chose, à la suite de mon amie Bee : un jeune homme a perdu la vie, parce qu'il était engagé dans un combat politique. Que l'on soit d'accord ou non avec ses options électorales, on ne peut qu'être touché par sa mort si jeune. Ceux qui hurlaient vengeance après le massacre de Qana seront-ils les mêmes qui demanderont réparation après l'assassinat de Pierre Gemayel ? Les morts ont-ils un cours, un indice, des fluctuations boursières ? Une chose est sûre : il ne s'agit pas d'une lutte entre les chrétiens et les musulmans, comme on le pose bêtement en France. Le combat, répétons-le, oppose ceux qui croient encore à la démocratie et ceux qui la refusent. Pierre Gemayel, bien que venant d'une famille au passé lourd et dont on peut aussi critiquer les engagements militaires, n'a jamais tué personne à ma connaissance. Il était opposé à la mainmise de la Syrie et de son bras politique Hezbollahi au Liban, tout comme il ne soutenait pas le dessein de l'Iran et de son chien de garde Nasrallah pour son pays. Que faut-il en conclure ? Qui l'a tué ?

Qui que ce soit, j'espère que je me suis trompé toute ma vie sur l'existence de dieu, du paradis et de l'enfer et que ce genre d'assassins a une place spéciale dans la géhenne, où on lui fait subir encore et encore ce qu'il a commis comme atrocités. Car compter sur la justice des hommes au Liban contre le parti de dieu, surtout devant une incompréhension croissante de la question de la part de l'Occident qui s'en lave royalement les mains, c'est faire preuve d'une naïveté qui n'a plus rien de touchant.

Et la force et la faiblesse du Liban continue : encaisser, encaisser, encaisser les coups durs et continuer à vivre comme un boxeur ivre qui n'a plus rien à espérer. "Oeil pour oeil rendra le monde aveugle" aurait observé Gandhi. Certes, mais quand on vient te crever les deux yeux, essaie d'en sauver un en ripostant.

Mon hommage va aux Gemayel qui, comme de nombreuses familles libanaises impliquées dans la politique, ont su réagir avec sang-froid après la mort de Pierre. A la manière de Ghassan Tuéni après l'assassinat de son fils, aucun appel à la vengeance n'a été lancé. Qu'on aime les Gemayel ou non, on peut au moins les admirer dans ce moment atroce. Moi, je sais ce que j'aurais fait à leur place, et où je serais allé pour laver les affronts. Il est peut-être temps que je parte ? Non, pas encore.

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