10 novembre 2006

New York Boston Los Angeles Paris Beyrouth (3)

The Economist fait part de la volonté de l'Occident, en tout cas de la Grande-Bretagne, de renouer des relations avec la Syrie devant le chaos qui s'installe durablement dans la région. Nigel Sheinwald, futur ambassadeur de Grande-Bretagne aux Etats-Unis, a donc été chargé d'effectuer un voyage à Damas pour remettre Bachar le petit lapin du Golan dans le grand jeu du Moyen-Orient afin d'éviter encore plus de catastrophes au Liban, en Palestine ou en Irak. Bizarre que les diplomates ne parviennent pas à comprendre cette règle moyen-orientale pourtant limpide : pas de guerre sans l'Egypte, pas de paix sans la Syrie. Même si le régime des Assad reste l'un des plus nauséabonds qui soient, il reste essentiel dans les rapports de force de la région, et même s'il ne peut pas être considéré comme digne de confiance, il est indispensable de l'utiliser et de ne pas le mettre de côté. A moins d'y aller franchement et de lui réserver le même sort qu'à l'Irak de Saddam, avec les bons résultats que l'on sait.

On aurait pu penser que ce serait la France, ancienne puissance tutélaire de la Syrie et du Liban qui fasse changer la situation, mais notre bon pays reste englué dans une politique arabe incompréhensible consistant à vexer Israël et à humilier les autres pays de la région, sans compter les élections présidentielles qui deviennent de plus en plus un show à l'américaine avec deux compétiteurs médiatiques (même si je continue à miser sur DSK pour le PS). Quel rôle pourrait pourtant jouer la France, avec ses réseaux diplomatiques parmi les meilleurs, son poids économique, sa valeur culturelle, son armée efficace ! D'autant qu'une étude publiée par Time montre que finalement, la colonisation a eu plutôt du bon et la France pourrait se prévaloir de son ancienne mission de "civilisation" au Moyen-Orient : des chercheurs de Dartmouth College ont établi que les pays colonisés après 1700 ont connu une croissance de 64% par siècle, contre 11% avant la colonisation. L'économie n'est pas tout et ces chiffres concernent seulement les îles pacifique et atlantique, mais il est parfois bon d'arrêter de se lamenter sur notre histoire de France soi-disant si cruelle envers les autres. Je reste convaincu, suivant modestement des penseurs comme Pascal Brückner, que cette culpabilité est confortable, mais qu'elle nous empêche d'agir, notamment au Moyen-Orient où par crainte de réveiller les réflexes anti-impérialistes, nous ménageons la chèvre et le chou en laissant crever l'un et l'autre.

Et j'y retourne donc au Moyen-Orient. Comme nos bons patrons de NYC n'ont pas été capables de dire, devant les incertitudes croissantes relatives à la sécurité du pays, si nous devons rester à Beyrouth ou fuir le Liban, j'y reviens en attendant un changement de situation. Après tout, le pays n'est pas si mal si l'on enlève les conducteurs de béhèmes et les barbus va-t'en-guerre.

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