13 novembre 2006

La rue arabe

Quel crédit apporter à la nouvelle suivante, tirée de L'Orient le jour :

Dans un communiqué distribué, hier, dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared (Tripoli), el-Qaëda-Liban a proféré les menaces suivantes : « Nous sommes arrivés au Liban et nous œuvrerons pour la destruction de ce gouvernement corrompu qui obéit aux ordres de l’Administration américaine et nous signalons à tous les suppôts qui cherchent s’en prendre à nous que nous les aurons. Et vos frères au sein d’el-Qaëda au Liban poursuivront leur jihad contre les ennemis de Dieu. La victoire ou le martyre ! »

En l'absence d'autorités qui établiront l'authenticité du message, on ne peut que spéculer et ajouter cette menace à la longue liste des problèmes que rencontrent le Liban démocratique aujourd'hui. Je penche toutefois pour une fausse alerte, le camp palestinien au Nord apparaissant comme un endroit trop aléatoire pour être considéré comme le meilleur lieu pour distribuer des pamphlets. Mais tout reste possible, et un groupe terroriste de plus ou de moins au Liban...

Les groupes "chiites" continuent à tempêter et menacer, et leurs ministres claquent les portes. Le gouvernement a, en leur absence, approuvé le projet de texte de l'ONU qui porte sur la création du tribunal international qui devra juger les suspects de l'assassinat de Rafic Hariri, ce qui aparaît comme le minimum devant l'énormité du meurtre. D'aucuns avancent que la guerre de Juillet avait pour principal objectif de détourner l'attention de l'opinion publique des principaux suspects syriens ; elle a en tout cas renforcé la logique tyrannique du Hezbollah et d'Amal, qui avaient commencé pourtant avec un lourd handicap. Ces mouvements échappent à toute logique : en prétendant incarner le Liban bien que largement subventionné par l'Iran, en affirmant lutter contre une attitude dictatoriale (selon les termes du quotidien antidémocratique et proche du Hezb Al Akhbar), les formations "chiites" dévoilent au grand jour leur projet de destruction de l'identité libanaise dans sa diversité.

De nombreux citoyens soutiennent ces formations par peur, par rejet de la corruption des forces du 14 mars (Hariri and co.), par désir de revanche mais aucun ne s'arrête de vociférer pour réfléchir à l'absurdité de la situation. Le Hezbollah prétend avoir résisté à l'armée israélienne et acquis une "victoire divine". Grâce à sa politique de violence, et de recours à la rue, il va sans doute déclencher des émeutes qui pourraient tourner à une spirale de guerre civile. La capacité de nuisance du parti de dieu est connue : lorsque l'émission Basmat Watan avait osé rire un peu avec Nasrallah, ses sbires avaient semé la terreur dans les secteurs "chrétien" et "sunnite" en hurlant au blasphème. Ce n'est qu'un exemple parmi d'aures, mais il est particulièrement symbolique : on ne saurait contester Nasrallah le prophète. On n'ose imaginer si les hordes du Hezb devaient à nouveau envahir la rue pour protester contre un gouvernement démocratiquement nommé en rapport avec les parlementaires élus par le peuple libanais. Qui a peur du grand méchant Nasrallah ? Tout le monde. Et c'est bien là le problème. Les semaines qui viennent risquent de ruiner encore plus le peu d'activités économiques du Liban, que ce soit le commerce ou le tourisme qui seront affaiblis par la volonté du parti de dieu. Je le répète : quand on se prétend le parti de dieu, on n'est pas celui des hommes.

La chronique de France Inter a bien été diffusée hier, amenant sur ce blog deux fois de visiteurs que d'habitude. J'espère qu'ils n'ont pas été déçus, et qu'ils reviendront. La page commentaires est ouverte à tous, y compris aux trolls, mais son usage premier reste le dialogue, alors ne vous privez pas.

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