Quoi qu'il arrive, l'élection du président des Etats-unis nous concerne tous. En conséquence, chacun a son opinion sur les forces et faiblesses des deux principaux prétendants au titre. J'entends beaucoup de choses, parfois qui m'horripilent devant l'idéalisation de cette élection. D'abord, évidemment, cette "obamamania" que je n'arrive toujours pas à percer mais qui repose sur plusieurs idées reçues. D'abord qu'Obama incarne le changement, un peu selon les mêmes recettes de com' qui en France ont fait apparaître Sarkozy comme un candidat de rupture. Dans les deux cas, on parle de politicien professionnel, avocat avant d'avoir de plus vastes ambitions, et qui sont juste assez "immigrés" pour ne pas avoir à le rappeler tout en n'ayant donc pas à prouver leur ouverture sur le monde. Je rappelle qu'Obama, même s'il a des origines kényanes, est un HOMME, ce qui en soi ne représente pas de changement particulier. S'il fallait saluer une innovation dans ces élections, ce serait la nomination d'une vice-présidente femme par les Républicains, mais cette fois-ci, à l'instar des Ségolène Royal, on a préféré s'étendre sur ses soi-disant faiblesses qu'on n'aurait jamais reproché à un homme. Sarah Palin a des positions sur nombre de sujets de société qui m'effraient, notamment sur l'avortement ou la religion, mais Obama est également inquiétant sur son programme militaire. On reproche à Palin d'être une gourde, on oublie qu'Obama est persuadé qu'il existe 57 Etats aux USA. Le monde entier veut qu'Obama soit président, parce qu'il est jeune et excellent en communication. De plus, soutenir les républicains est suspect : ce sont des méchants qui ne pensent qu'à l'argent. Lincoln, le président abolitionniste, était républicain, et si on parle de richesse, le trésor de guerre d'Obama est beaucoup plus conséquent que celui de McCain. Pour preuve, la demi-heure de propagande qu'il s'est offerte sur les télévisions américaines et qui montre qu'il peut dépenser sans compter.
Est-ce suffisant pour gagner une élection ? Si le monde votait, Obama serait élu, mais heureusement, seuls les Américains choisissent leur leader. Un seul non-WASP a été élu jusqu'à présent, le catholique d'origine irlandaise Kennedy. On connaît l'importance de sa communication, notamment le fameux débat contre Nixon qui fut, en 1960, une innovation avec l'arrivée de la télévision dans l'arsenal des candidats. Obama a misé sur Internet, ce qui est intelligent, alors que McCain mise sur les robocalls, ce qui serait rétrograde. C'est oublier que nombre de foyers connectés à Internet ne sont pas habités par des geeks, et que l'impact d'Internet reste marginal en 2008. Concernant les réseaux, Kennedy avait reçu entre autres l'appui des fameux teamsters, des Irlandais (aujourd'hui 65 millions d'électeurs potentiels) et avait réussi à fédérer les minorités sur son nom. Obama aura plus de difficultés : même si les sondages le donnent largement gagnant (comme Kerry à la même époque en 2004), nombre d'électeurs préféreront déclarer leur soutien au candidat démocrate mais ne pourront se résoudre à voter pour un noir. McCain, en revanche, cumule les atouts : un passé militaire glorieux, une expérience en politique sans tache, une réputation de franc-tireur et surtout, c'est un homme blanc. On lui reproche son âge, ce qui est compréhensible, et de s'être adjoint une femme comme VP, ce qui reste pour moi une source d'étonnement : comment la France, entre autres démocraties progressistes, peut-elle ne pas saluer ce progrès que les démocrates n'ont jamais osé, et même qu'ils ont rejeté en intronisant Obama plutôt que Mme Clinton ?
Qu'on me comprenne : je n'ai rien contre Obama, bien que je penche depuis des années vers McCain. La démocratie américaine est ainsi faite que le parti ne signifie pas grand chose ; un républicain de NYC est très proche dans ses idées d'un démocrate du Texas. Il existe non pas 1, mais 50 partis républicains, et idem pour le parti démocrate. Il n'existe pas de Red states ou de Blue States, mais une Amérique violette, de laquelle penser que les intellectuels ne sont que sur la côte Est et les ploucs dans le Midwest est un jugement arrogant qui montre qu'on se raccroche à l'image des USA que diffuse Hollywood. Ces dernières semaines, j'ai eu la chance de voyager à New York et à Bruxelles. L'Amérique continue de me faire rêver, alors que l'Europe reste un mystère. Où va l'Europe ? Que veulent ses dirigeants ? Quel destin nous proposent-ils ? Le rêve américain continue, avec son pendant cauchemardesque et les multiples défauts qu'on peut reprocher aux 50 Etats américains (je le rappelle au cas où les botcrawlers démocrates d'Obama passerait par ici). Mais force est de constater que quand les USA vont mal, le monde aussi va mal.
Quel que soit le résultat, la page Bush sera tourné. On sait ce qu'on perd, on ignore encore ce qu'on va gagner. Je souhaite juste que si Obama devient président, il n'ait pas à gérer une crise des fusées. Mais je pense que la semaine prochaine, ce sera encore un républicain qui sera à la Maison blanche. Je peux tout à fait me tromper, et je le répète, Obama et McCain présentent des atouts. Mais franchement, qui veut du bureaucrate Biden comme président ? En Europe, peut-être, mais pas aux USA.