20 janvier 2009

The Soft Bigotry of Low Expectations

C'est donc aujourd'hui qu'on a pu assister à l'avénement du messie. Grâce à cet homme, le monde entier, qui a regardé cette fantastique cérémonie bourrée de peoples, sera bientôt rédimé. Barack Hussein (C'est important !) Obama a déjà changé l'eau en vin, ou plutôt a mis de l'eau dans son vin, marché sur l'eau, en fait marché sur Washington et s'apprête maintenant à résoudre les problèmes des nécessiteux. Que la vue soit redonnée aux aveugles ! Que Dick Cheney se lève de son fauteuil ! Qu'on fasse croire que Shakira ou Beyoncé peuvent parler politique pendant plus de 4 secondes !

L'avenir paraît si sombre que les espoirs des habitants de la planète s'incarnent dans le président Obama. Possédant un second prénom à connotation islamique, il saura se prouver ami des Arabes. A moitié noir, il écoutera les Africains. Américain, il sera l'allié d'Israël. Successeur de Bush, il se réconciliera avec les Européens. Et comme il a grandi à Hawaii, il pourra dialoguer avec les Asiatiques. Or, Obama devra bientôt rompre le charme et prendre des décisions. Il a certainement conscience du poids colossal qui pèse sur ses épaules, mais ce fardeau a été son arme pour gagner les élections. Il n'a pas d'expérience, il est une expérience. Et quel que soit le travail qu'il accomplira, et je ne doute pas une seconde qu'il sera un bon président, il ne peut que décevoir.

Il devra notamment s'occuper de la situation à Gaza, et contribuer à la résolution de cet étonnant paradoxe : alors que le monde entier acclame son accession au pouvoir, cette même opinion publique fustige la réponse "disproportionnée" d'Israël contre le Hamas qui devient maintenant la victime des bourreaux juifs. La lecture de quelques journaux bien-pensants est toujours édifiante : alors que Siné fustigeait les salopards qui avaient plastiqué sa maison en Corse, le même ne voit pas du tout le lien avec les terroristes du Hamas qui, en se dissimulant dans la population et actionnant leurs roquettes au milieu de civils, attirent la foudre de l'armée israélienne. L'antisémitisme est maintenant un fléau de mieux en mieux accepté, sous couvert d'antisionisme. Existe-t-il un autre pays au monde qui possède ses cohortes d'ennemis souhaitant tout simplement sa destruction ? Y-a-t-il eu dans l'histoire une armée à qui on a demandé autant de comptes et surtout, compté les victoires militaires comme des défaites ?

L'intervention à Gaza, qui reprendra sûrement bientôt, était une défaite morale pour la communauté internationale qui a toujours refusé de considérer que recevoir des roquettes sur Sderot et Ashkelon était inacceptable pour Israël. Elle a également contribué à rappeler au monde le thème de ce billet qui constitue mon titre pour aujourd'hui : comme on continue à prendre les pays arabes pour incapables de se diriger, qu'on les infantilise indirectement comme au temps des colonies, on leur passe tout, même l'inacceptable. Ils veulent détruire Israël ? Bah, on les sait tellement idiots qu'ils n'y arriveront pas, alors pourquoi intervenir ? Le problème, c'est que même les enfants peuvent blesser, et surtout, que les enfants grandissent. 

Depuis que Chroniques Beyrouthines a fermé, il n'existe plus de blog francophone consacré au Liban. Il me manque cette possibilité d'indignation que permet un blog, média personnel de dialogue qui présente aussi le fâcheux inconvénient d'attirer les trolls. Mon niveau d'indignation est maintenant remonté, notamment grâce à un retour temporaire au Liban. J'ai de nouveau besoin de témoigner de ma colère devant un monde qui confond de plus en plus un président américain et un messie ou un groupe de terroristes et de courageux résistants. Pourvu que ça dure.

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