hezbollah véritable ou historique ?
Comme on pouvait s'y attendre, le conflit se rallume en Irlande du Nord. En privilégiant certains interlocuteurs, le gouvernement britannique n'a pas résolu un conflit multi-centenaire et refuse de trancher : l'Irlande du Nord est-elle britannique ou irlandaise ? Cette colonisation est tellement ancrée qu'elle est devenue une tragédie, en ce que définir le statut des six comtés de l'Ulster amènera à un transfert de population au moins, à un renouveau de la guerre civile au pire. La France, devant les conflits sociaux en Martinique et Guadeloupe pour ne citer que les plus récents, n'a guère de conseils à offrir, mais il faut reconnaître à la Grande-Bretagne une formidable capacité à appliquer la devise "diviser pour régner". A preuve, sa dernière idée consistant à s'adresser directement au hezbollah. Quand on connaît l'aide historique qu'ont amené les mouvements républicains terroristes nord-irlandais à leurs homologues moyen-orientaux, notamment le hezbollah dans la plaine de la Bekaa, on peine à trouver une logique dans la diplomatie britannique. Londres n'a pas réussi à résoudre ses problèmes nationaux, a refusé de dialoguer pendant des décennies avec Sinn Fein en taxant, à raison, l'IRA de terrorisme, mais n'a pas les mêmes pudeurs pour prendre le thé avec l'une des organisations terroristes les plus radicales et les plus dangereuses du Moyen-orient ? Serait-ce un sketch des Monty Pythons ?
Les organisations terroristes possèdent souvent les mêmes méthodes, mais pas forcément les mêmes objectifs, ni la même idéologie. L'IRA, et ses multiples manifestations, a toujours eu pour but le retour des forces britanniques d'occupation en Grande-Bretagne, et le rattachement de tout l'Ulster à l'Irlande. L'IRA a toujours suivi une ligne inspirée du marxisme, mais malgré les tentatives de la labeliser "catholique", poursuit une ligne laïque. Le hezbollah est un mouvement fondamentalisme religieux, créé et soutenu par deux pays étrangers, dont l'objectif est non seulement la destruction d'Israël mais aussi la guerre contre les juifs dans le monde comme en ont témoigné les attentats en Argentine en 1994. Les deux organisations ont eu des liens étroits, mais sont aussi opposées dans leur doctrine que peuvent l'être le marxisme et le fascisme. Quelques naïfs font mine de faire la différence entre la branche armée et la branche politique du hezbollah, arguant qu'il faut parler avec l'un pour apprivoiser l'autre. C'est mal connaître un mouvement qui, dans ses aspirations, reflète l'irrationalité de l'idéologie de ses créateurs : on peut faire la paix avec l'IRA, dont les buts sont clairs même s'ils amènent des décisions difficiles, mais avec le hezbollah c'est impossible devant l'intransigeance de son "combat".
Les combattants de l'IRA (Provisional) ont eu beaucoup de mal à se recycler, beaucoup sont devenus chauffeurs de taxi ou ont vécu de petits métiers. D'autres ont proposé leurs services à l'étranger. On imagine mal comment on pourrait recycler les factions du hezbollah. Celles-ci ont pu intégrer avec succès en leur sein d'anciens membres de "Tsadal", l'armée supplétive d'Israël au Liban sud, mais la dissolution du hezbollah poserait de nombreux problèmes en ce que, fanatisées depuis toujours dans l'idée qu'il faut détruire le sionisme, les troupes chercheraient à se rendre utile dans un combat qui ressemble à ce qu'on leur a inculqué jusqu'à maintenant. Donc, comme toutes les tragédies, pas de solution miracle : où bien le hezbollah est anéanti au prix de dommages colossales sur la population civile libanaise qui le protège malgré elle, où on parvient à le dissoudre et on déplace le problème sur un autre front. Les Britanniques ont sûrement pensé à toutes les alternatives, gageons qu'ils oeuvreront au mieux... de leurs intérêts.