10 octobre 2004

Envoyez vos KwH inutilisés à : Liban, Proche-Orient

Je ne suis pas seul dans le noir, à preuve, cet article de L'Orient-le jour :

S’coupera, s’coupera pas...S’coupera certainement, l’électricité, maintenant que les touristes arabes sont partis, non sans avoir profité d’un été libanais bien rose et tout illuminé, non sans avoir vanté les mérites d’un gouvernement qui, pensent-ils, a su remettre le pays sur les rails, après tant d’années de souffrances...Les Libanais, eux, c’est à la lumière de la bougie qu’ils le finiront, leur été, histoire de digérer les quelques semaines d’éclairage dont ils ont bénéficié, histoire de régler la facture (et quelle facture !) d’un État en faillite, aussi démissionnaire qu’imprévoyant. Histoire de se remémorer les pires moments de la guerre, ceux qui les avaient privés d’électricité des années durant, avec tout ce qui s’était ensuivi comme désagréments, alors qu’enterrés vivants dans les abris, ils étaient déjà privés de la lumière du jour.Les désagréments, justement, les Libanais les ont revécus, ces trois derniers jours, et continuent de les vivre, alors que le courant se rétablit progressivement, sans souci d’équité entre les citoyens, privilégiant les habitants de la capitale, mais faisant fi des autres, pourtant non moins citoyens.Sans courant, pas de pompes à eau. Sans pompes à eau, pas d’eau pour se laver, et surtout pas d’eau chaude, ni même d’eau potable. Sans courant, pas d’ascenseur non plus, commodité indispensable pour les personnes âgées, les handicapés, les mères d’enfants en bas âge, les livreurs... et j’en passe. Sans courant, pas de réfrigérateur aussi ou de climatiseur. La liste est bien longue !La bougie, le citoyen l’avait pourtant quasiment rayée de sa liste d’achats. Il l’avait remisée dans un tiroir, juste pour le cas où. Mais c’est en force qu’elle reprend sa place, aujourd’hui, et c’est par douzaines qu’il doit en acheter désormais, à défaut de générateur ou de camping-gaz.Car après lui avoir imposé le black-out total pendant quelques jours interminables, après l’avoir de nouveau abreuvé, au compte-gouttes évidemment, de ce courant tant convoité, on lui promet un hiver non moins sombre. Un hiver qu’il passera non seulement à la lueur de la bougie, mais qu’il passera à geler, à devoir se réchauffer avec les moyens du bord, à chauffer son eau dans la marmite, comme le faisaient ses grands-parents. À moins d’avoir les moyens de se connecter, de nouveau, au générateur de quartier. Si générateur il y a. Comme au bon vieux temps, finira-t-on par dire.Et dire qu’il y a une dizaine de jours, bien avant la grosse panne, les collecteurs de l’EDL ont eu le culot de frapper aux portes pour encaisser la facture d’électricité du mois de juillet, tout en menaçant de couper le courant aux mauvais payeurs.Le montant de la facture, juste pour le mois de juillet, dépassait sensiblement, et selon de nombreux contribuables, celui des deux mois de mai et juin réunis, pour une consommation équivalente de courant.Payez, vous vous plaindrez ensuite, qu’ils disaient. Ainsi fut fait.Et la lumière s’en fut, et pour de bon cette fois.Tu paies, tu paies pas... black-out quand même !
Anne-Marie EL-HAGE

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