31 octobre 2007

Une autre pièce de Genet

La décision n'a pas été facile à prendre, j'y ai mûrement réfléchi mais je suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais décemment me soustraire à mon devoir. J'ai donc décidé de me présenter à la candidature de l'élection présidentielle de consensus libanaise. J'ai, dès ce matin, procédé aux formalités administratives, à commencer par le baptême maronite, sésame religieux pour pouvoir correspondre aux critères présidentiels. La cérémonie s'est bien déroulée, merci, j'ai même pu choisir mon nouveau prénom entre Charbel, Maroun et Elie. En fait, j'ai pris les trois pour ne vexer personne. Puis, il a fallu souscrire un prêt pour pouvoir m'acheter une grosse voiture allemande que j'ai fait modifier, notamment en lui mettant une plaque d'immatriculation à trois chiffres, en retirant les clignotants et les ceintures de sécurité, et en lui incorporant des vitres fumées. Avec le reste du pognon, j'ai loué des "bodyguards" très gros, et une dame un peu refaite qui me servira d'épouse. Sa probité est impeccable, tout comme sa manucure. Je ne lui ai pas encore trouvé de nom pour le moment, mais elle va à l'église tous les jours, et chez le coiffeur tous les soirs.

Ensuite, il a m'a fallu élaborer un programme, je sais que ce n'est pas obligatoire et qu'à la limite, ça fait un peu fayot, genre le gars qui veut convaincre les électeurs, et ici, ce n'est pas la plèbe qui vote. Mon plan pour le Liban est très technique : rétablir la croissance, instaurer la paix, inciter à la quête du bonheur, maintenir la démocratie, encourager le commerce, lutter pour l'indépendance du pays, restaurer la confiance dans les institutions, endiguer la corruption, redonner au pays sa vraie place, en bref, "Faire revenir le Liban" ! J'aime bien ce slogan, on ne sait pas trop où il était parti le Liban, mais en tout cas, je vais le faire revenir. Et pas plus tard que dès que je suis élu.

Bien entendu, les gens doivent comprendre que c'est moi ou le chaos. Pas besoin de louer James Carville et sa bande de spin doctors pour marteler l'idée que si je ne suis pas élu, c'est tout le Liban qui ira à vau-l'eau. Déjà que la situation n'est pas terrible, et je suis capable de nommer les coupables (je peux le faire), si on ne m'accordait pas l'investiture suprême, ce serait bien pire ! Armageddon ! La fin des temps ! La mort du petit cheval ! Je pense qu'en jouant sur la peur et l'ignorance de ses concitoyens, on peut faire des miracles. Vous verrez donc bientôt dans les rues de Beyrouth mon portrait officiel, que j'ai voulu rassurant, ce qui explique la moustache paternelle que j'arbore, ainsi que la position de mon regard, résolument tourné vers l'avenir tandis que j'esquisse un léger sourire confiant. J'aime bien mon portrait. Je m'aime bien.

De quelle expérience puis-je me targuer ? Là, c'est plus embêtant, je n'ai jamais dirigé une milice et je ne suis pas considéré comme un criminel de guerre. De plus, je ne suis pas un fils de médecin, d'avocat ou de négociant, ce qui pourrait faire dire que je ne viens pas d'une bonne famille. Mais je suis docile, et je suis prêt à m'aligner sur le camp qui m'offrira le plus d'avantages. Le Liban est à vendre et je suis comme lui. Dites un chiffre, je suis sûr qu'on est fait pour s'entendre. Et s'il le faut, je démissionne juste après pour ne gêner personne. En vérité, je vous le dis, je suis le candidat idéal, et vous allez bientôt le savoir.

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28 octobre 2007

Erratum humanum est

J'embraie rapidement sur le post suivant-précédent pour préciser que la raison qui m'a poussé à rédiger un synopsis aussi provocateur et simpliste est le besoin de répondre aux insultes contre Dominique Torrès, la France et les Français qui ont été proféré par nombre sous prétexte de défendre le Liban. Je ne tiens pas à ce qu'on assimile tous les Libanais à des snobs racistes, mais c'est hélas l'image qu'ils sont en train de développer devant le tollé de l'affaire des bonnes. Ce que je suggérais, c'est qu'il aurait été plus efficace d'ignorer le reportage ou de le contester point par point sur son fond, qui est hélas tout à fait conforme à la réalité. Torrès a ouvert la boîte de Pandore, et on s'aperçoit que les Libanais ne sont pas que des victimes. On pourrait aussi parler des droits de la femme dans ce pays, mais on aurait les mêmes réactions outrées demandant si en France c'est mieux. Toujours cette question du progrès déclenché par une mondialisation de plus en plus forte qui projette des cultures l'une contre l'autre sans repères pour les appréhender. La tauromachie chère aux Espagnols entre autres est perçue comme barbare ailleurs, et notre foie gras national est boycotté aux États-Unis parce qu'il s'agit d'une pratique cruelle. Les pratiques d'un pays ne sont pas toujours appelés à perdurer parce qu'il s'agit de traditions. Parler des choses permet de les remettre en question, de les désacraliser. Et si l'on parle du principe que les droits de l'homme sont absolument universels, alors les Libanais ont des progrès à faire, tout comme les Français. Mais s'accuser les uns les autres n'amènent à rien, et la France possède des organismes voués à faire respecter les droits de l'homme sur son territoire. Quid du Liban ? En tant qu'étranger, je sais qu'on n'y possède aucun droit, Français ou autres. Ce n'est pas mon pays, je ne peux pas en changer les règles. Mais qu'on me permette, puisque le Liban est un pays de droit d'expression et que les Libanais en sont fiers, de critiquer certains aspects des pratiques locales. Si cela ne m'est pas autorisé, il me faut alors m'exiler en Syrie.

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24 octobre 2007

Instruction/destruction

Cette semaine, en Europe, on a éteint les lumières pendant cinq minutes pour préserver l'environnement. Pour fayoter, le Liban a décidé de couper le courant pendant quatre heures à de nombreuses reprises, et, bon élève, continuera à participer à la lutte contre le réchauffement climatique en ne distribuant pas d'électricité pendant plusieurs heures CHAQUE JOUR. J'ai l'impression que j'ai déjà fait cette blague avant, donc soit j'ai une certaine constance, soit je vieillis et je radote, soit rien ne change au niveau des infrastructures libanaises. Pareil pour la vie politique. Les chefs de guerre se rencontrent pour parler de l'avenir du Liban, et voir dans quelle mesure ils vont pouvoir se partager le gâteau. C'est une bonne idée, même si elle n'est pas neuve, mais ça ne résoudra pas le principal problème du pays, à savoir la légitimité de l'Etat. Comment attendre un quelconque respect d'une autorité qui n'aura aucun moyen de désarmer une milice dont l'objectif reste, rappelons-le, la destruction du voisin et plus si affinités. Allez, répétons-le au risque de donner du poids à l'option "je radote", le Moyen-Orient n'est pas assez grand pour le hezb etIsraël, l'un des deux doit être éliminé. Que Hariri et Aoun s'embrasse sur la bouche ne changera rien à une situation qui pourrit.

Mais je commence à me poser des questions sur la capacité de mes amis libanais à percevoir la réalité du pays. Sont-ils tous devenus inaptes à la percevoir, à force de la trouver d'une brutalité inhumaine ? A preuve, cette affaire du reportage de Dominique Torrès qui continue à provoquer des remous, notamment cet article incompréhensible de "Fifi" Abou Dib dans L'Orient-le jour. Journal intéressant que ce quotidien francophone. Je me rappelle il y a dix ans qu'il publiait fréquemment des avis de recherche concernant des bonnes en fuite, avec photos comme au bon vieux temps des "Wanted" dans le Wild Wild West. Voici quelques passages de l'article de Fifi que je reproduis dans l'espoir qu'un lecteur veuille bien me les expliquer :

Qu’est-ce qu’une femme sans âge, juchée sur des talons de 12 cm, cheveux peroxydés platine, teint recuit au soleil de la plage, nez, lèvres, seins, ventre refaits aux canons Mattel. ? À part se fondre dans ce moule impossible, ce qui est déjà un travail à plein temps, Barbie n’a pas de vie dans la vie réelle. Elle ne sait ni laver une assiette ni repasser une chemise. Voilà pourquoi Barbie a besoin d’une bonne. Bonne. Adjectif ou substantif ? Voilà une métonymie bien française, toute moite de componction bourgeoise ancien régime exportée chez nous sous le mandat. Chez nous, on ne dit pas bonne. L’équivalent en arabe signifie simplement travailleuse, et fleure bon son Arlette Laguillier. Moins condescendant, donc plus valorisant. S’il n’y a aucune honte à être une travailleuse, il doit être humiliant de se faire appeler bonne, même avec un « b ». Résumons-nous. Qu’est-ce qu’une femme sans âge, juchée sur des talons, etc. jusqu’à bonne ? Une Libanaise assurément, selon les critères d’une certaine presse française.
[...]
Pour en revenir à la Libanaise, méchante par opposition à sa bonne, il y a lieu de s’interroger sur les raisons qui en font un sujet d’intérêt pour les médias français. Perçue comme une poupée gonflable, et gonflée avec ça, cette Barbie-là est une Barbarella. Esclavagiste et gâtée pourrie, elle traverse les guerres comme d’autres un safari au Kenya. Marie-Claire a fait trois pages sur sa passion pour la chirurgie esthétique. Le cas de May Chidiac, restée belle et coquette malgré son drame, soulève des passions d’entomologistes. Le sublime Caramel de Nadine Labaki désarçonne certains critiques (cf. Le Canard Enchaîné), parce que justement il n’adhère pas tout à fait au cliché Liban-pays-miné-par-la-guerre-où-les-femmes-ne-se-soucient-que-de-leur-apparence. Femmes du Liban, il nous reste à assumer l’étrange phénomène que nous sommes. Au seul pays de la région qui pratique la liberté d’expression, nous avons bon dos. Laissons dire. Un jour, on nous demandera notre recette pour garder panache et humanité quand tout s’écroule. Mais ce sont choses qui ne transmettent pas.

"Voilà une métonymie bien française, toute moite de componction bourgeoise ancien régime exportée chez nous sous le mandat." Evidemment, le retour du mal importé par les Français qui a corrompu le jardin d'Eden libanais. Notons tout de même que Fifi écrit en français dans un quotidien français. Qu'est-ce qui les pousse à utiliser la langue des anciens colons ? De plus, si je comprends bien son analyse, Le Canard enchaîné n'a pas aimé Caramel parce qu'il n'aime pas les pétasses ? Je ne saisis pas la vision du journalisme critique de l'auteuse. Et les Libanaises devraient être applaudies parce qu'elles se font faire des injections de botox sous les bombes ? Je pense que si vraiment les Libanais(es), ou plutôt certain(e)s se sentent vexé(e)s de la façon dont on les représente en France, il faudrait plutôt diffuser un clip, en particulier sur France 2, afin de rétablir la réalité. Je me propose d'en rédiger le synopsis, c'est cadeau, si, si, ça me fait plaisir :

(Montage d'images incluant Baalbeck, les Cèdres, Raoucheh, enfin le genre de truc que diffuse la MEA dans ses avions en insistant sur le côté années 70). Voix-off :
Bienvenue au Liban. Un pays où l'étranger est reçu avec hospitalité (bandeau défilant sous l'image avec une astérisque : sauf si vous êtes palestinien, juif, d'Europe de l'Est, d'un pays en difficultés économiques pires que le Liban, ou que vous provenez d'un pays occidental mais que vous n'êtes pas riche), où les lois sont respectées, où l'apparence n'a aucune importance, où l'environnement n'est pas saccagé, où l'armée est respectée, où l'Etat assoit son autorité partout où le faible a besoin de lui.

(Images du hezbollah tirant des roquettes depuis les immeubles. Essayer de trouver des images de juifs se les prenant sur la gueule). Au Liban, vous trouverez la sérénité grâce à notre résistance spécialement formée à vous assurer un séjour réussi. Son action efficace a permis d'anéantir la corruption dans les zones qu'elle contrôle. Grâce à elle, vous pourrez profiter à fond des joies du Liban sans crainte de devoir écourter votre séjour. Quant aux avions qui vous suvolent, notre efficace DCA les éliminera avant même qu'ils n'aient obscurci l'un de nos 300 jours de soleil garanti ! (Images de bimbos siliconées). Le Liban : l'Orient de vos rêves ! (Freeze sur le visage rassurant de Nasrallah en contre-plongée, et musique de Fairuz)

Cette affaire des bonnes est un révélateur. Au Liban, on va continuer à nier la réalité pour pouvoir continuer à l'ignorer. Un détail qui en dit long : l'appartement que nous occupons est neuf. Près du lit et dans la salle de bains, nous disposons d'interrupteurs qui permettent de faire retentir une puissante sonnerie dans la cuisine qui se trouve être adjacente à une petite pièce de deux mètres carrés qu'on nous a présentée comme la chambre de bonne. Ce signal sonore est censé avertir l'esclave à domicile que sa présence est requise auprès de ses maîtres dans les plus brefs délais. Et après ça, Fifi continuera à écrire :

En attendant, des femmes et des hommes affluent sur nos bords de l’autre bout du monde, fuyant une misère plus misérable que la nôtre. Ils ont signé pour le gîte, le couvert, un salaire ridicule par rapport à l’Europe, mais ils y trouvent leur compte. Ils nous viennent victimes de croyances étranges et d’un vécu épouvantable. Faut-il avoir faim et mal, faut-il ne plus rien espérer de la vie, pour faire plus de dix heures de vol alors qu’on n’a jamais vu un avion, et mettre entre parenthèses deux ou trois ans de sa jeunesse dans un pays inconnu ? Souvent, ces malheureux partent comme on se suicide et arrivent chez nous à l’extrême limite du désespoir. Si certains mettent fin à leur vie, ce n’est pas tant de la maltraitance des maîtres – elle existe, hélas, comme n’importe où, mais d’une fêlure charriée depuis l’enfance qui fait qu’à l’arrivée, à la moindre contrariété, on se disloque.
Bien sûr, ce ne sont sûrement pas des conditions de vie qu'aucun Libanais n'accepterait en France qui sont responsables des suicides des bonnes. Tout comme c'est Israël qui est responsable de tous les maux du Liban. Il existe un complot, docteur, et il veut anéantir le seul pays qui abrite une réelle coexistence entre tous les peuples, sauf bien sûr si vous êtes palestinien, juif, d'Europe de l'Est, d'un pays en difficultés économiques pires que le Liban, ou que vous provenez d'un pays occidental mais que vous n'êtes pas riche.

Encore une fois, je refuse de généraliser, mais les voix les plus fortes sont celles qui nient les problèmes du Liban, et accusent l'autre de ses malheurs. Et pourtant, reconnaître qu'on est malade est la première étape vers la guérison. C'est grave, docteur. Et une petite injection de silicone continuera à ne rien changer.

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22 octobre 2007

Elle est bien bonne

Le reportage de France 2 sur l'esclavage chez les Libanais a déclenché maintes réactions dans le monde virtuel dont certaines inquiétantes. Il semble qu'on puisse parler du Liban quand on est un non-Libanais, mais seulement pour en dire du bien. Si c'est pour critiquer de façon négative ou parler d'un fait gênant, on se fait abreuver d'injures par cette même partie de la population qui a intérêt à ce que rien ne change. En ouvrant ce blog sur le Liban, je comptais parler d'aspects plus méconnus d'un petit pays qui ne fait la une des journaux que lorsqu'il est en guerre. Etant resté des années au Liban, je me suis vite rendu compte que si la situation est ce qu'elle est, c'est parce qu'une majorité de Libanais, ou suffisamment, tiennent à ce qu'elle ne change pas. On peut accuser Israël ou la Syrie tant qu'on veut, les habitants de ce pays sont avant tout responsables de ce que s'y passe. Mais la thèse de la victimisation, du "malheur arabe" trouve des émules partout. C'est tellement facile de se plaindre. Je suis resté grâce à ceux, nombreux, qui ne se plaignent pas mais travaillent à changer le pays. Je pars à cause de ceux, hélas plus nombreux, qui se plaignent et tendent la sébille en se désolant de leur situation, et en exploitant ceux qui sont encore moins bien lotis.

Les réactions sur le reportage de Dominique Torrès ont parfois révélé la façon dont certains Libanais perçoivent le reste du monde à commencer par la France. Je passe sur les réactions du genre "mais nous on traite bien notre esclave, elle a le droit d'avoir un lit", c'est plutôt les attaques ad hominem contre la France qui montre que l'ancien colon est couvert d'éloges quand il donne du fric à son ex-protectorat, mais qu'il ne s'avise pas de se mêler d'affaires internes ! Un Libanais a le droit de s'exprimer sur la France ; si on rétorque qu'il n'y connait rien, on se fait traiter de raciste. Mais un Français ne pourra jamais comprendre le Liban, trop complexe pour son petit cerveau d'occidental. Au hasard des blogs, j'ai pu recueillir ce genre de réflexions, aussi éloquentes que "les Français essaient de transposer leur conception des droits de l'homme chez nous, mais ce n'est pas pareil", comme si les droits de l'homme n'étaient justement pas universels.

Ce reportage a énervé ? Tant mieux ! Je suis fier de constater que les comments chez moi ont au contraire approuvé sinon la manière, en tout cas la forme de la démarche de Dominique Torrès. Il est vrai qu'elle n'a pas fait un travail de journaliste, mais cela fait des années qu'elle travaille la question de l'esclavage, et elle a dû voir des choses atroces qui lui font perdre sa diplomatie et son objectivité. Tant mieux encore une fois ! Elle n'a énervé que ceux qui ont quelque chose à se reprocher ! Justifier l'esclavage en arguant qu'il y a des pays où c'est pire, c'est justement poser le principal problème du Liban qui se compare toujours avec ses voisins arabes, et qui s'en trouve fort dispos. Personne d'intelligent n'a pensé que tous les Libanais sont des esclavagistes en voyant ce reportage. Mais les spectateurs francophones auront remarqué que les réactions libanaises sont dans une grande majorité des invectives fielleuses qui montre à quel point Torrès a touché juste. Reste maintenant à parler de tous les Libanais qui n'ont pas de bonnes, n'en veulent pas et se désolent du comportement de leurs compatriotes. Ils sont légion, et on aimerait bien les entendre, et pas seulement sur les bonnes.

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18 octobre 2007

Touche pas à ma pote

Merci à Dominique Torrès pour ce reportage diffusé hier soir sur France 2 dans Envoyé spécial et consacré à l'esclavage au Liban. Rien de nouveau, on connaissait déjà cette particularité libanaise consistant à posséder de petites mains à domicile et à en faire ce que bon leur semble. On peut aussi observer l'attitude des Libanais "de souche" vis-à-vis des immigrés en général, qu'ils soient balayeurs, gardiens d'immeuble ou bien ouvriers. Le Liban est un pays raciste, où l'on considère et officialise une dangereuse idéologie posant une hiérarchie au sein de la race humaine. Cela va au-delà de la xénophobie, partagée par la plupart des pays, et qui consiste à avoir peur de l'étranger. Au Liban, les "Madames" sont persuadées qu'elles font une bonne action en utilisant des bonnes philippines, éthiopiennes ou sri lankaises, et tombent des nues quand on leur fait remarquer qu'il s'agit d'esclavagisme. On n'imagine pas une Libanaise être traitée de la sorte par, disons, une famille française, car ce serait une atteinte à sa dignité. Mais au Liban, on considère les petites bonnes comme du bétail et on se persuade qu'elles sont bien mieux ici à se faire violer et violenter que dans leur pays à crever de faim. Dominique Torrès, qui a beaucoup enquêté sur l'esclavage moderne, propose qu'on commence par forcer le gouvernement libanais à rédiger un décret interdisant qu'on retire leur passeport aux esclaves libanais. Je pense qu'il serait plus efficace que les grosses nations exigent l'arrêt de l'esclavage de la part du Liban et des autres pays qui continuent la traite comme au bon vieux temps du commerce triangulaire, ou alors les citoyens issus de ces pays seraient traités comme les sont les étrangers dans leur pays. Je ne sais pas pourquoi les Français sont considérés comme privilégiés au Liban, lorsqu'on doit prendre contact avec les autorités pour être régularisés, on est traités comme les bonnes, c'est-à-dire moins bien qu'un ressortissant de pays arabe, et à peine mieux qu'une prostituée d'un pays de l'Est, autre victime de l'esclavage.

Le reportage était fort mais s'adressait à tous, pas seulement aux nombreux Libanais qui considèrent normal d'oppresser des humains nés dans un pays moins favorisé. Il serait facile d'ajouter le racisme comme défaut aux Libanais en pensant qu'il proviendrait d'un chromosome mal dégrossi. Cette attitude provient de l'ignorance et la plupart des Libanais ne se rendent tout simplement pas compte de ce qu'ils font. Comment leur expliquer ? J'ai essayé de joindre Amnesty International pour essayer, mais il n'existe pas de bureau de pays au Liban. Il me semble pourtant qu'il en existait un il y a quelques années. Si vous avez des informations, merci de me les communiquer.

Le rugby s'achève dans la douleur après la défaite contre les félons, mais il reste un match à jouer. Comme beaucoup, je me suis laissé paresseusement et bêtement par cette coupe du monde en oubliant un peu le reste du monde. Pourtant, il s'en passe des choses, à commencer par le divorce de not' président, son épouse expliquant que "je vais essayer maintenant de vivre discrètement et dans l'ombre, comme je l'aime"... Elle est pas bête Cécilia. Comme elle aime vivre dans l'ombre, elle épouse des gens qui ne se trouvent jamais dans la lumière comme Jacques Martin ou Nicolas Sarkozy. C'est un peu idiot de se réjouir du malheur des autres et j'espère que le président de la République ne va pas menacer son ex d'une guerre nucléaire si elle ne revient pas, mais franchement, ne plus entendre parler de Cécilia Truc va faire un bien fou. On regrette déjà Bernadette, qui avait lancé à Villepin encore premier ministre "Vous êtes encore là vous ?" au détour d'une rencontre inopinée. Et on espère que celui qui a été choisi comme président fera les réformes nécessaires sans se laisser impressionner par les "mouvements sociaux" des derniers bolchéviques de la planète. En même temps, le départ de sa femme risque de bien l'énerver, et de lui donner une occasion de vouloir se défouler. Je me rappelle 1995, avec Blondel et autres roitelets qui affirmaient que les grèves poussaient les gens à se parler de nouveau. Tu parles. Une grève, comme une guerre, c'est l'échec de la négociation et franchement, je ne vois pas qui va croire que Sud ou la CGT ont tenté de discuter avant de lancer leurs troupes dans les rues. Cela dit, voilà une bonne solution et une bonne liaison : et si FO ouvrait un bureau au Liban pour défendre les esclaves ? Il faudrait cotiser pour cela, et tout ce qui ressemble à "impôts" apparaît comme un gros mot au pays du cèdre.

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07 octobre 2007

XV+I

Au hezbollah, on ne manque pas de ficelle, voire de cordes de marine. La dernière, qui date un peu, du sayyed :

Le patron du Hezbollah a créé l’événement en préconisant, si le consensus échouait, l’élection du président, « pour une seule et unique fois » au suffrage universel ou l’arbitrage de cinq instituts de sondage indépendants. Hassan Nasrallah a également fait imputer à Israël les assassinats des députés Tuéni, Gemayel et Ghanem.
Mais quelle bonne idée ! Faire désigner le président par un institut de sondage ! Je conseille au descendant du prophète de faire appel aux instituts qui avaient donné Balladur président en 1995, qui sont les mêmes qui ont toujours su sous-évaluer ou sur-évaluer le vote lepéniste. En tout cas, on se réjouit que le hezbollah apprenne la démocratie, on espère même que le prochain leader de ce charmant mouvement sera élu non par dieu mais par la masse populaire. Et pourquoi pas une femme ? Au hezbollah, tout est possible, y compris de considérer que détruire le Liban est une divine victoire.

Concernant les accusations contre Israël, on se doutait bien que c'était eux derrière les attentats contre Tuéni, Gemayel et Ghanem, qui étaient bien sûr leurs ennemis jurés. On raconte même selon notre source au palais Baabda que le hezbollah impute le réchauffement climatique et la défaite de l'Iran en coupe du monde de rugby à l'Etat hébreu. Comment ils n'ont pas d'équipe de rugby ? Mais bien sûr que si ! Je vous rappelle que l'Iran est le seul pays au monde où il n'y a pas d'homosexuels, alors vous imaginez le réservoir de rugbymen que ça représente !? En tout cas, notre XV tricolore nous a donné samedi soir un spectacle éblouissant, que ce soit dans le défi du haka ou dans la maîtrise de la vague noire. Là, vous vous dites légitimement "tiens, d'habitude, sur ce blog, on conchie dans un même mouvement anar de droite la religion comme le sport. Qu'est-ce qui lui prend au WIL, il tombe dans la chabalmania ?". A cela, je n'ai pas trop envie de répondre mais je vais jouer fair-play, voire mauvaise foi, à l'anglaise quoi : le rugby n'est pas un sport, c'est une épopée (je l'ai déjà dit dans les comments). J'ai beau y avoir laissé deux épaules, une cheville et une nuque qui me permet de prédire quand il va pleuvoir, je continue d'aimer cette "régression primitive", comme dit l'un de ses meilleurs bardes, Daniel Herrero (qui reste quand même dangereusement proche des cocos, un comble pour un rugbyman mais ça doit être juste un crochet qu'il fait en passant). Il a écrit beaucoup de livres très beaux sur le rugby, et même ma mère, la pauvre , qui a tout fait pour nous empêcher de jouer à l'ovale avec le frangin pilier, a trouvé que le Toulonnais avait du panache et du lyrisme pour évoquer l'aventure à XV. A propos de bouquin, le mien sort demain. Si on bat les Anglois ce samedi, ça me fera une bonne semaine qui avait pourtant mal commencé avec les nouvelles conneries du hezbollah. En même temps, on devenait un peu anxieux de ne pas avoir de nouvelles de dieu par le biais de son parti. C'est un peu comme les enfants : quand on ne les entend plus, c'est qu'ils sont en train de raser le chat ou de vider les parfums dans la baignoire. Attendons la fin du Ramadan, et prions pour les chats. Et le XV de France qui s'en va combattre l'ennemi héréditaire.

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