Pour ceux qui en doutaient encore, RFI (Radio France Internationale) reste une station de radio dont les prises de position sur le Moyen-Orient sont assez marquées. La preuve, la visite de Richard Labévière, rédacteur en chef du service monde et éditorialiste à RFI, au centre d’études et de documentation, relevant du Hezbollah, qui l’a contacté pour qu’il participe à la conférence sur le dialogue entre l’Europe et le monde islamique. M. Labévière prétend qu'il est important de dialoguer avec tous, et de ne pas être sectaire. C'est très naîf. Accepter l'invitation d'un parti prônant ouvertement la destruction d'Israël, ce n'est pas discuter, c'est prendre parti. Et ce n'est pas la première fois que RFI prend ouvertement parti contre Israël en tant qu'Etat.
M. Labévière a tout de même sorti un scoop, en bon journaliste qu'il est : "Je dirais d’abord qu’el-Qaëda n’existe plus. Ce n’est en tout cas plus une organisation opérationnelle depuis le 11 septembre 2001. Cette date a été en quelque sorte le résultat de la montée en puissance de l’organisation qui n’est plus qu’une coquille vide, une sorte de franchise, ou une étiquette idéologique."
Gilles Kepel, éminent islamiste de Sciences-Po avait lui aussi asséné l'idée que le terrorisme islamiste n'était plus un danger dans un ouvrage porté aux nues par les spécialistes. Six mois après survenait le 11 septembre 2001.

La consommation au Liban est une chose curieuse. Le salaire moyen est assez bas, environ 800 $ pour un employé, mais cet employé se doit de consommer au-delà de ses revenus. Le Liban a une densité de 4x4 et de Mercedes incroyable. Et les marchands de cellulaire font fortune dans ce pays tant il importe d'avoir le dernier Nokiola-Samsungsson à la mode. De grandes enseignes ont flairé le filon, notamment Spinneys, soutenu par le britannique Tesco, le BHV ou le Monoprix, appartenant tous deux à la même famille, et bientôt Carrefour. Mais une enseigne locale tire plutôt bien son épingle du jeu en créant des mini-malls, l'ABC. Son dernier projet, situé en plein coeur d'Achrafieh, quartier chic et chrétien, s'étend sur plusieurs étages et regroupe toutes les enseignes qui comptent en matière de mode et de restauration, avec une concession à la "culture" : Virgin Megastore et la librairie Antoine, une chaîne présente dans tout le Liban. Ce nouveau mall est fastueux, l'équivalent de ce qu'on pourrait trouver dans une ville moyenne française, mais pose la question récurrente : qui a encore les moyens de consommer au Liban ? Pour un pays qui se dit pauvre, le Liban sauve magistralement les apparences.

Où l'on reparle de Dominique de Villepin

Donc, la France qui s'était présentée comme le champion des Arabes lors de la guerre d'Irak est maintenant menacée par Al Qaida au même titre que les Etats-Unis, tandis que les pays du Moyen-Orient gronde contre sa laïcité impie. Dans le même temps, les produits bouchers tels que le foie gras français sont interdits aux Etats-Unis, décision que l'on imagine être une mesure de rétorsion contre Paris. Alors que fait Dominique de Villepin ? Entre deux ouvrages où il explique sa vision du monde, il propose de réunir les belligérants haïtiens... à Paris. La France coloniale, comme à l'époque où c'était une nation avec laquelle il fallait compter, voilà le projet de politique étrangère de notre aristo-diplo-"voleur de feu" (titre de son recueil de poésie). J'ai une suggestion : pourquoi ne pas dissoudre les Nations-unies et procéder à une réélection ? Cette astucieuse stratégie avait très bien fonctionné pour l'assemblée nationale en 1997, lorsque Villepin l'avait susurrée à l'oreille de Jacques Chirac.

Notre série : "Les Français sont pathétiques" continue. Lors de la 29ème nuit des Césars, pittoresque imitation des Academy Awards, le film canadien "Les invasions barabres" a été outrageusement récompensé, obtenant trois récompenses dont celles du meilleur film de l'année et meilleur réalisateur. Je me suis longuement demandé pourquoi ce sympathique faiseur qu'est Denys Arcand suscite tant d'enthousiasme, et pourquoi son film concourait aux Césars comme film français car majoritairement français, et aux Academy Awards comme film canadien. Un début d'explication est fourni par la dépêche AFP : "Pour Denys Arcand, dans un monde où les frontières ont tendance à disparaître, "il y aura les citoyens américains et les autres. Vu de Washington, être Français, Bulgares ou Japonais, c'est la même chose, tous des barbares", dit-il."
Nous y voilà donc. Les récompenses culturelles (que ce soit les césars, les médailles des arts et des lettres et autres) sont des classements politiques, destinés non pas à récompenser une oeuvre artistique, mais un message qui plaît à ceux qui décernent les bons points. Arcand se positionne clairement, à la manière de Michael Moore, contre ces barbares d'Américains. Ce qui lui amène la faveur des Français, trop heureux de ne pas avoir à choisir entre un Jean-Paul Rappeneau atypique et un Alain Resnais, excellents réalisateur mais assez peu en forme dernièrement.
Que font les Canadiens ? Protestez ! Dénoncez cette manipulation ! Vous n'en avez pas marre de n'exister que dans l'ombre des Français qui croient que votre culture, c'est Garou et les ours polaires ?

Pour un pays qui proclame connaître trois cents jours de soleil par an, la moyenne est en train de tomber. Pluie, neige, grêle, l'hiver libanais ne dépayserait pas un Breton endurci. Le problème c'est qu'ici, rien n'est prévu en cas de problème. Les routes sont des rivières, l'électricité se coupe encore plus que d'habitude et les bâtiments mal conçus s'écroulent sur leurs habitants. Français, mes amis, mes frères, réjouissez-vous de vos grèves SNCF-RATP-Air France. Au moins, ces nobles institutions ont le mérite d'exister et leur statut public vous permet d'économiser 80% du prix que vous paieriez si elles étaient privées. Ha, un métro, ou un petit RER Tripoli-Beyrouth-Saïda, même en grève toutes les semaines, quel plaisir ce serait ! D'autant qu'en cas d'attaque aérienne, ça fournirait des abris pour la population.

Hier soir, "Envoyé spécial" nous emmenait à Trappes, pour nous montrer le danger de l'islam fanatisé. Une fois de plus, on a eu droit à de longues séquences montrant des hommes et des femmes abrutis par la religion, et prêt à tout pour imposer leurs croyances aux bons Français. Je pose la question : et si on avait fait le même reportage à Neuilly, avec des représentants de l'Opus Dei, le curé de St Nicolas du Charonneret (orthographe approximative) et des scouts de France ? Ne nous serions nous pas dressés sur nos canapés en hurlant au complot catholique ? Intolérant et dominateur ? Prêt à en découdre avec tout ce qui ne répond pas au Pape ? C'est le problème des religions prosélytes. Mais rappelons que la polygamie existe chez les protestants (mormons) ou chez les juifs, que voiler les femmes se fait de façon courante pour les nonnes catholiques et chez les juifs orthodoxes, que la ségrégation dans le lieu de culte se fait à la synagogue et surtout chez les bouddhistes où la femme n'a aucun droit, contrairement à ce qu'un dalai lama hilare voudrait faire croire. La question n'est de toute façon pas sur le droit de porter le voile, comme le caquètent les femmes couvertes des manifs. Le problème se pose en république quand des musulmanes (ou autres) refusent de serrer la main des hommes, de suivre des cours de biologie ou d'éducation physique, ou de se faire examiner par un médecin homme. Le voile représente juste un symbole de leur aliénation qu'il convient de combattre, mais n'est pas le principal adversaire.
Deuxième question : il est vrai qu'il existe depuis longtemps un islam fanatique. Les médias le découvrent-ils une fois que leur oreillères de politiquement correct tombent ? Sont-ils en train de se lepéniser, ou de se démitterrandiser ?

C'est vrai, vous avez raison, la vie au Liban n'est pas si déprimante, on a parfois de bonnes raisons de se réjouir si on oublie complètement la politique. L'impression que je tire toutefois de ma brève expérience du pays est la suivante : les hommes politiques français sont aussi corrompus que leurs collègues libanais, mais au moins ils sont compétents dans leur ensemble. Assez rares en effet sont les députés qui héritent leurs fonctions de leur père en France (même si, nous sommes d'accord, il en est), alors qu'au Liban, c'est chose courante, ce qui ne facilite guère le dur apprentissage de la démocratie. L'ENA locale a été créée récemment, en partenariat avec notre ENA national. Souhaitons sincèrement que cela fera changer les mentalités en créant des fonctionnaires de haut niveau qui influeront sur leurs patrons politiques.

Autre chose, plus légère. Avez-vous remarqué que la culture qui nous vient du Québec est bien souvent discutable (Céline Dion, Anthony Kavanagh, Garou...) ? Le même phénomène se produit au Liban où la culture française est bien souvent ce qui se fait de pire au pays (Le film français à l'affiche se trouve être "mauvais esprit" un navet sans nom avec Thierry Lhermitte, alors que les chanteurs en visite au Liban se nomment Frédéric El Chato ou Frédéric François...). Doit-on en conclure que le Canada se débarrasse à bon compte de sa mauvaise production culturelle en l'envoyant aux Français, tout comme les Français le font pour le Liban ? Les Belges semblent avoir pris la position inverse en nous envoyant le meilleur semble-t'il. Mais Benoît Poelvoorde est-il le meilleur ambassadeur de la Belgique, ouest-ce le Gloupier, ou l'équipe du plat du jour ? Visitez-les. Cela aide à supporter le Liban corrompu, malgré le soleil et la mer. Et aussi l'affaire Juppé, si vous êtes toujours dessus.

"Reste, Alain, reste"

C'est vrai je ne blogue plus. Pour dire quoi ? Que ce pays me dégoûte de plus en plus ? L'échange de prisonniers Hezollah-Israël était du plus haut comique. Imaginez les indépendantistes corses négocier avec l'Iran pour la libération d'otages français. Hezbollah fait le boulot de l'armée, qui fait le boulot de la police, qui...ne fait rien. Je suis triste de constater que les jeunes de ce pays vont soit droit dans le mur, soit droit à l'étranger. Je suis effondré de voir que les prochains attentats contre l'Occident pourraient se préparer ici en toute légalité, tant l'obsurantisme religieux fait un retour en force dans la région. Et je suis honteux de voir que dans mon pays d'origine, on fait la fête à un dictateur chinois sanguinaire, et on se désole de la condamnation d'un second couteau du chiraquisme. Où est la justice ? Inscrite en lettres d'or sur les billets verts. Pardon, les euros, mais ça fait longtemps que je n'en ai pas vu, alors je ne maîtrise pas bien les codes couleur de la nouvelle monnaie forte.