L'actualité n'est pas très riche en ce moment et c'est tant mieux, cela permet de passer un peu de temps à profiter de la culture. Grâce à
Madame, qu'elle soit mille fois remerciée, j'ai pu voir un spectacle de salubrité publique pour le Liban :
Axis of Evil. L'idée des trois principaux comédiens de stand up d'origine égyptienne, palestinienne et iranienne qui composent ce groupe américain, est de faire rire sur les travers des uns et des autres pour dédramatiser la situation, ou au moins de pouvoir en parler sans monter dans les tours (pardon du jeu de mots, il est involontaire mais finalement colle bien au contexte). Sans aller jusqu'à dire que c'est le meilleur stand up que j'ai vu, la soirée a été salutaire, en particulier grâce à un comédien libanais invité qui a nous a fait franchement marrer avec une imitation des bagarres à la libanaise ou les poings servent à faire des gestes menaçants sans aller plus loin, et une réinterprétation du code la route. On notera quelques dérapages (Los Angeles, land of the jews...), mais chacun en pris pour son grade. On respire mieux après, en tout cas jusqu'au prochain coup de théâtre libanais.
Si seulement la politique du pays était comme les
Sopranos. A défaut d'être juste et démocratique, elle serait en tout cas intéressante et dramatique. Penser qu'on n'a toujours pas de président et que ça ne change rien à la situation (je me suis aperçu qu'en fait je paie l'eau non pas deux mais trois fois !). Les
Sopranos achèvent leur ultime saison, et j'ai attendu sagement, sans télécharger, sans pirater, de recevoir le coffret par Amazon. L'avantage quand on achète des DVD de l'étranger, c'est que la sûreté générale les contrôle pour vous, retire la cellophane, et vous dit en plus s'ils sont moraux (exit
L Word). Visiblement, les shows mafieux passent mieux que les aventures de lesbiennes angelenas ou alors les douaniers ont bon goût. En tout cas, j'ai reçu mon coffret un mois seulement après ma commande - je pense qu'elle est venue en voilier depuis Miami, puis à dos de mulet depuis Saïda - et l'attente a été récompensée.
Si vous ne connaissez pas les
Sopranos, il n'est pas trop tard. Si vous n'aimez pas la télé, c'est le moment de vous y mettre. Si vous appréciez
24 ou
Lost, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Les
Sopranos, c'est sans conteste la meilleure série de télévision de tout le temps, réalisée par une équipe de génie qui a su raconter l'Amérique à travers une bande de gangsters du New Jersey pas glamour, tous insupportables, ignobles, et tellement humains. La précision de l'écriture, la sobriété de la réalisation, l'intelligence des scénarios, le soutien de la bande son, tout contribue à rendre le téléspectateur intelligent tout en le distrayant comme jamais. Comment une série a pu tenir aussi longtemps en maintenant le même rythme me dépasse complètement. Mais surtout, alors que je pensais être désespéré lorsqu'elle a touché à sa fin, j'ai au contraire été soulagé qu'elle s'achève de manière aussi brillante, sans avoir commis l'épisode de trop et en laissant en mémoire une des plus belles productions culturelles des Etats-Unis, prouvant une fois de plus que ce pays n'est pas que l'Amérique de Bush que les comédiens d'
Axis of Evil ont moqué le temps d'une soirée. Il ne faut pas télécharger les saisons des
Sopranos. Il faut soit les voler, soit les acquérir légalement. Et les regarder encore et encore comme certains relisent leur bible.
Pour finir, une petite vantardise et un grand merci : grâce à vous, au moins en partie, mon bouquin se vend bien selon mon éditeur, et devra sûrement être réimprimé début 2008. Je n'ai pas écrit les
Sopranos, mais j'ai fait ce que j'ai pu à mon niveau. Et je continuerai, au Liban ou ailleurs.