Better be judged by 12 than be carried by 6
En vacances, la tradition veut que je me goinfre de films pour pallier à la disette culturelle du Liban. J'ai donc commencé avec I am Legend, histoire de voir ce pour quoi on avait bloqué les rues quand j'étais à New York en octobre 2006. C'est toujours amusant de se rendre compte de la magie du cinéma en comparant le tournage et le résultat. Un New York désert et pourtant suffocant dont on ressort soulagé d'en être aussi loin. Je m'engouffre alors dans une autre salle pour assister à la visite de la fanfare, narrant les aventures du petit orchestre de la police d'Alexandrie qui se trompe de chemin en arrivant en Israël pour se produire dans un centre culturel arabe. Après le panorama de la guerre de 1973 du Caire, j'ai du mal à croire encore à l'amitié israélo-égyptienne, mais le cinéma est là autant pour nous faire rêver que pour nous inspirer. Quelles différences existe-t-il finalement entre ces deux peuples ? Une histoire de religion ? Et même au cinéma, je suis obligé de me rappeler de ce douloureux esclavage, cette aliénation qui continue à progresser, même au coeur de notre belle république laïque.
Car, not' président, toujours pas à une incohérence médiatique près, s'est rendu auprès du pape pour lui présenter l'intellectuel français le plus achevé, Jean-Marie Bigard, l'homme qui fait passer Patrick Sébastien pour un sympathique animateur raffiné. Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes, martèle M. Sarkozy. J'assume pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Eglise. Sauf que personne n'a jamais nié cette période noire de l'histoire de France, tout comme personne en Allemagne ne dément que les nazis ont régné de 1933 à 1945. Que la France ait eu un passé catholique, c'est inscrit dans les livres d'histoire et accepté par tous ; pour autant, son passé doit-il servir de miroir pour l'avenir ? De guide, certes, pour se rappeler les nombreux massacres et abus de pouvoir engendrés par la domination spirituelle du vatican. Mais la France doit-elle redevenir une nation à la botte d'une caste de théocrates qui prétendent représenter sur terre le dieu des esclaves ?
A l'heure où on va célébrer Noël, je me réjouis que cette fête perde progressivement sa dimension religieuse, et qu'elle soit devenue la célébration des enfants et de la joie que leur inspire la magie du Père Noël et de ses distributions de présents. Mais le Rome Rule est encore puissant et ne s'avoue pas vaincu par la raison que ce XXIe siècle devrait avoir apporté après des siècles d'obsurantisme. La preuve, ce film, Golden Compass que je me suis empressé de visionner après que les ligues catholiques l'aient dénoncé comme faisant l'apologie de l'athéisme. Le film, bien sûr, ne comporte aucune mention de dieu et ne prône par l'athéisme, mais dépeint une caste qui entend agir pour le bien des hommes en leur dictant gentiment quoi faire, selon les mots de Nicole Kidman qui joue une de leurs sbires. Le scénario a donc été édulcoré, mais ça ne suffit pas pour les cathos qui condamnent l'intention de l'auteur. Il est vrai que Philip Pullman, l'auteur de la série qui a inspiré le film, fait également partie de ceux qui s'inquiètent de l'influence néfaste de la religion sur les enfants :
The novelist has said they are in response to C.S. Lewis' "The Chronicles of Narnia," the popular children's fantasy series of which "The Lion, the Witch and the Wardrobe" is the first book — written by Lewis to teach Christian ideals to kids.En lisant ces lignes, on se sent moins seul. La religion prétend tellement intervenir dans tous les aspects de la vie qu'elle condamne ceux qui refusent son diktat, et les isole, surtout dans des périodes de célébration aussi grandiose qu'en fin d'année (allez faire des courses un samedi avant Noël à Paris !?). Joyeux Noël à tous quand même. En espérant que la tradition des cadeaux pour les petits soit respectée, si possible avec un ventripotent bonhomme en rouge, et que se déroule un festin pour ceux qui peuvent se le permettre, en souhaitant que la crèche soit remisée là où elle devrait se trouver : dans le bénitier avec les grenouilles. Enfin, je vois que sur MTV, on célèbre aujourd'hui la journée internationale de l'orgasme. Y'a de l'espoir."I loathe the 'Narnia' books," Pullman has said in previous press interviews. "I hate them with a deep and bitter passion, with their view of childhood as a golden age from which sexuality and adulthood are a falling away." He has called the series "one of the most ugly and poisonous things" he's ever read.