Communication
On a bien du mal à s'entendre entre France et Liban en ce moment. Pour une fois, la diplomatie française adopte une position courageuse en décidant d'interdire la chaîne raciste Al Manar sur le territoire français. Le problème, c'est que les médias arabes et les Arabes en général prennent cette décision pour une attaque en règle contre les valeurs locales, alors qu'il ne s'agit que de lutter contre un fléau hélas assez répandu au Moyen-Orient. Alors, oui,
chère amie, Al Manar (le phare de quoi je me le demande) est une chaîne judéophobe et raciste. Oui, la France doit l'interdire, pour montrer notamment que nos valeurs n'incluent pas l'appel au meurtre et à la haine envers qui que ce soit. Oui, il faut parfois réadapter la maxime révolutionnaire "pas de liberté pour les ennemis de la liberté".
L'extrait suivant tiré de
L'Orient le Jour résume la position libanaise qui me semble sincèrement ne pas comprendre ce que l'on reproche à Al Manar, sûrement parce que la judéophobie est un sentiment extrêmement commun au Liban, et une haine non seulement acceptée, mais encore chaudement encouragée :
Réuni à Beyrouth, le Comité de suivi de l’affaire d’al-Manar, formé de représentants de nombreux médias libanais, a annoncé la tenue d’une « réunion élargie de solidarité pour protester contre la vigoureuse campagne menée contre al-Manar en France ».
La réunion doit avoir lieu vendredi, à la veille de la décision que doit prendre la justice en France, au siège de l’Ordre de la presse, a annoncé le président de l’Ordre, Mohammed Baalbacki.
Tout en soulignant « sa confiance dans la justice française, le comité invite la France à ne pas se soumettre aux pressions du lobby israélien qui a été dérangé par la première décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel » (CSA), le 19 novembre, d’autoriser l’émission des programmes d’al-Manar, a indiqué M. Baalbacki, qui a également « remercié l’État libanais qui a pris position aux côtés d’al-Manar ».
Le président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam, a de son côté transmis aux journalistes l’appui du président de l’Union des journalistes arabes, Ibrahim Nafeh, qui a exprimé la « solidarité entière et sans réserve de l’Union à l’égard de toutes les démarches qui seront entreprises dans le cadre de cette affaire ».
Enfin, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a « souhaité que les gouvernements occidentaux laissent aux médias arabes une marge suffisante pour se défendre ».
Ce qui m'amuse toutefois chez les "professionnels de l'information" libanais, c'est la tartuferie qui leur fait défendre Al Manar aujourd'hui, chaîne par ailleurs fort médiocre bien que produisant les trois quarts de son contenu, alors qu'ils étaient bien moins nombreux pour soutenir MTV, la chaîne de télévision interdite en 2002...