Paraprosdokian
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Est-ce suffisant pour gagner une élection ? Si le monde votait, Obama serait élu, mais heureusement, seuls les Américains choisissent leur leader. Un seul non-WASP a été élu jusqu'à présent, le catholique d'origine irlandaise Kennedy. On connaît l'importance de sa communication, notamment le fameux débat contre Nixon qui fut, en 1960, une innovation avec l'arrivée de la télévision dans l'arsenal des candidats. Obama a misé sur Internet, ce qui est intelligent, alors que McCain mise sur les robocalls, ce qui serait rétrograde. C'est oublier que nombre de foyers connectés à Internet ne sont pas habités par des geeks, et que l'impact d'Internet reste marginal en 2008. Concernant les réseaux, Kennedy avait reçu entre autres l'appui des fameux teamsters, des Irlandais (aujourd'hui 65 millions d'électeurs potentiels) et avait réussi à fédérer les minorités sur son nom. Obama aura plus de difficultés : même si les sondages le donnent largement gagnant (comme Kerry à la même époque en 2004), nombre d'électeurs préféreront déclarer leur soutien au candidat démocrate mais ne pourront se résoudre à voter pour un noir. McCain, en revanche, cumule les atouts : un passé militaire glorieux, une expérience en politique sans tache, une réputation de franc-tireur et surtout, c'est un homme blanc. On lui reproche son âge, ce qui est compréhensible, et de s'être adjoint une femme comme VP, ce qui reste pour moi une source d'étonnement : comment la France, entre autres démocraties progressistes, peut-elle ne pas saluer ce progrès que les démocrates n'ont jamais osé, et même qu'ils ont rejeté en intronisant Obama plutôt que Mme Clinton ?
Qu'on me comprenne : je n'ai rien contre Obama, bien que je penche depuis des années vers McCain. La démocratie américaine est ainsi faite que le parti ne signifie pas grand chose ; un républicain de NYC est très proche dans ses idées d'un démocrate du Texas. Il existe non pas 1, mais 50 partis républicains, et idem pour le parti démocrate. Il n'existe pas de Red states ou de Blue States, mais une Amérique violette, de laquelle penser que les intellectuels ne sont que sur la côte Est et les ploucs dans le Midwest est un jugement arrogant qui montre qu'on se raccroche à l'image des USA que diffuse Hollywood. Ces dernières semaines, j'ai eu la chance de voyager à New York et à Bruxelles. L'Amérique continue de me faire rêver, alors que l'Europe reste un mystère. Où va l'Europe ? Que veulent ses dirigeants ? Quel destin nous proposent-ils ? Le rêve américain continue, avec son pendant cauchemardesque et les multiples défauts qu'on peut reprocher aux 50 Etats américains (je le rappelle au cas où les botcrawlers démocrates d'Obama passerait par ici). Mais force est de constater que quand les USA vont mal, le monde aussi va mal.
Quel que soit le résultat, la page Bush sera tourné. On sait ce qu'on perd, on ignore encore ce qu'on va gagner. Je souhaite juste que si Obama devient président, il n'ait pas à gérer une crise des fusées. Mais je pense que la semaine prochaine, ce sera encore un républicain qui sera à la Maison blanche. Je peux tout à fait me tromper, et je le répète, Obama et McCain présentent des atouts. Mais franchement, qui veut du bureaucrate Biden comme président ? En Europe, peut-être, mais pas aux USA.