PD vs BXVI
En tant qu'heureux abonné chez Free en France, j'ai pu recevoir aujourd'hui un email m'avertisssant que j'avais désormais accès à la chaîne de télévision suivante :
O'TV est une chaîneImaginez ma joie à l'idée que depuis Paris, je puisse éventuellement, moyennant une modeste somme de 3,50 euros par mois, avoir accès à une chaîne de télévision libanaise généraliste. Généraliste ? Généralissime plutôt, car Free ne précise pas, ou ignore, qu'il s'agit de la télévision de propagande du Général Aoun qui, j'espère ne suscitera pas d'adhésions massives dans mon pays natal qui reste épargné par la fièvre orange. Abonné Free, mon frère, garde tes 3 euros 50 pour acheter Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo mais ne les donne pas au félon cacochyme qui cherche à placer sa voix d'allié du fondamentalisme dans notre belle démocratie laïque.
de télévision libanaise généraliste :
news, variétés, sports, etc. disponible pour 3,50 €/mois
Cette offre m'a toutefois fait réfléchir aux conditions de mon exil actuel, comparé à ma situation il y plusieurs années lorsqu'en 1995, j'avais dû attendre plusieurs jours pour connaître les résultats de l'élection présidentielle, la Californie se foutant royalement que Chirac gagne. Il est désormais beaucoup plus facile de vivre l'expatriation, ne serait ce qu'un point de vue culturel. J'en veux pour preuve ma dernière acquisition, un abonnement chez Relay qui me donne accès à volonté à des téléchargements de magazines français contre à peine moins cher qu'une carte illimité UGC. Si on y ajoute un câble (pirate et donc erratique) distribuant allègrement les principales chaînes généralistes françaises et un abonnement Internet (niveau dial-up mais qui coûte plus cher que l'ADSL), on obtient le même niveau d'informations que si l'on restait dans la Mère patrie. Voilà pour la partie informations, car pour l'alimentation, c'est une autre histoire. Car la nouvelle est tombée cette semaine et l'incompréhension prédomine dans le microcosme des expatriés français :
Dans environ deux mois, les enseignes Monoprix et Géant auront disparu du paysage libanais. Elles seront peut-être remplacées par The Sultan Center, au nom du groupe koweïtien qui vient d’acheter les actifs des supermarchés à Achrafieh, Verdun, Jnah, Zouk et Baabda, ainsi que ceux du Géant Casino, au City Mall. Le tout pour 97 millions de dollars.
Fini les yaourts avec des morceaux de fruits siglés Monop, adieu les surgelés français, khalas un petit coin de France entre l'anglois Spinneys et le bordélique charcutier Aoun (encore lui mais non). Si je n'avais pas déjà pris la décision de partir, je crois que cette nouvelle aurait mis un coup d'arrêt à mon exil libanais plus sûrement qu'un conflit FL-hezb. Le signal est clair : la francophonie fout le camp. Et ce n'est pas la mort d'Aimé Césaire qui me contredira.
Notons en aparté, et en parlant de mort et donc pas de la relégation du PSG, que Desproges est parti il y a vingt ans. Il nous manque horriblement. Je me demande ce qu'il aurait dit sur le voyage pornographique du pape aux Etats-Unis. Selon BXVI, la crise pédophile a été mal gérée... Imaginez le niveau de cynisme dans sa formation en management. Qu'est-ce qui va changer à l'avenir ? Les curés recevront un "training" pour leur expliquer qu'on ne peut pas caresser les petits enfants ? On les choisira en incluant dans le questionnaire de recrutement une question pour éliminer les pervers ("Etes-vous pédophile ?") ? Cette tendance est intimement liée au métier de prêtre catholique, ceux qui "embrassent" cette vocation n'ayant que leur main droite pour se soulager. Qu'on leur permette de se marier à ces pauvres bougres qui choisissent souvent l'Eglise faute de diplômes et après avoir été recalé à l'armée. Un curé marié, c'est un pédophile de moins à mettre sous les verrous. Ou à délocaliser, selon la stratégie du Vatican (et rappelons que l'exil devient de plus en plus facile grâce aux nouvelles technologies !).
Aujourd’hui encore, quand on fait l’inventaire des ustensiles de cuisine que les balaises du Jésus’fan Club n’hésitaient pas à enfoncer sous les ongles des hérétiques, ce n’est pas sans une légitime appréhension qu’on va chez sa manucure. (Pierre Desproges)