24 mars 2008

Pas dobre

Il fait lourd à Beyrouth. D'abord, le temps est revenu aux chemisettes, alors que j'étais en col roulé à Bratislava. Mais surtout, le hezbollah est autres chiens de guerre remuent leurs laisses, avides d'en découdre et de prouver qu'ils sont capables de détruire l'Etat hébreu. Quant on voit le scandale de ce week-end en France, avec ce sous-préfet normalien (quel hasard !) qui bavait son antisionisme dans les forums Internet, on réalise que la « cause » du hezbollah a peut-être plus de fans dans le monde qu'on n'ose l'imaginer. Peut-être que les Israéliens ont raison quand ils posent que de toute façon, ils ne doivent compter que sur eux-mêmes et que personne ne les aime. Les Libanais raisonnent de la façon inverse, persuadés que le monde entier les adore et que des fortes puissances veillent sur le Liban. La vérité est peut-être moins entière : le monde ne hait pas Israël, en revanche, un certain nombre d'abrutis verraient d'un bon œil sa disparition. Concernant le Liban, je poserais plutôt que le nombre de ses alliés diminuent d'autant plus vite qu'on se lasse de l'incapacité des adorateurs du Cèdre de prendre une décision en avant ou en arrière. Comme prévu, aucun président n'a été élu, et il y a de fortes chances que l'élection n'aboutisse pas avant plusieurs mois. Une fois de plus, le pays ne s'en porte pas plus mal, et on s'apercevra peut-être que, finalement, le poste de président est obsolète.

Le Liban est un pays post-moderne. A l’heure où les nations perdent de leurs significations, ou les frontières s’effacent et où le monde devient « plat » comme l’affirme Friedman avec talent, voilà un pays qui anticipe l’avenir en démontrant que le politique ne sert à rien et que seule compte l’économie. La meilleure preuve en est donnée par la Chine rouge. Monstre économique et financier, sa "gestion" des droits de l'homme ne soulève que quelques sourcils de bon ton, et on peut compter sur nos athlètes pour ne pas boycotter les JO de Pékin. Après tout, le sport s'est toujours accommodé des dictatures et pourquoi ne pas aller chez les cocos quand on a honoré l'invitation de Hitler en 1936 à Berlin ?

Autre signe que les nations sont dépassées, le retour en force de la religion, notamment ce week-end où le pape (qui ressemble de plus en plus à l'empereur/Sith de Star Wars) a converti un journaliste musulman ! Et hop, les parts de marché remontent. Ces mahométans croyaient qu'ils avaient le monopole des médias, de l'obscurantisme et de la violence verbale ? L'ancien des jeunesses hitlériennes secoue le Vatican et réveille la Congregatio de Propagande Fide pour reconquérir les âmes. C'est fort. C'est malin. On se sent rassuré : les chrétiens ne sont pas en perte de vitesse contrairement à ce qu'on pouvait penser. Le christianisme reste une valeur refuge quand les bourses dévissent. Mais j'ai confiance dans le chiisme, placement de père de famille. Puisque 85% des Libanais soutiennent le hezb, (ce qui est encore plus fort que l'estimation de Jean Ziegler qui estimait à seulement 80% le nombre de fanatiques il y a quelques années), on peut penser que le match revanche contre les hébreux permettra de créer un sursaut dans les portefeuilles. Le hezb a célébré aujourd'hui son martyr avec beaucoup plus de calme que prévu : avant il était question d'attaquer Israël, maintenant, on se défendra en cas d'attaque. Autrefois, on était sûr que le Mossad avait fait le coup, désormais on est plus circonspects. Jadis, on tirait en l'air pour montrer qu'on avait plein de munitions, maintenant le barbu en chef tance ses supporters en leur demandant d'être civilisés. C'est pas avec une démarche de couille molle que le hezb va faire remonter sa cote. C'est en lançant une OPA sauvage sur la petite Jew Inc. et surtout en changeant de CEO. Déjà on murmure que Nasrallah aurait peur d'Israël. Les investisseurs iraniens et syriens risquent de fuir. Le moment est venu pour une action coup de poing.

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