18 février 2008

Kill your Idols

Pour le Times, c'est clair, la mort du chien de guerre du hezbollah est due au Mossad. Pour le chef de la National Intelligence Mike McConnell en revanche, ce serait un coup de la Syrie, voire du hezbollah lui-même. Si on considère l'excellent timing de l'assassinat, on en vient presque à se dire que Nasrallah pourrait s'être accommodé de la mort de son fidèle boucher puisqu'il a ainsi pu éclipser les manifestants du 14 mars lors de la Saint Valentin. A coups de vociférations, de menaces et de tambourinements de la poitrine, Nasrallah a démontré qu'il n'a que faire d'un tribunal international puisqu'il connaît les coupables universels : les Israéliens et les juifs dans le monde entier par extension. On a vu que le hezbollah est impuissant à causer quelque dommage par la force militaire que ce soit à son voisin du sud, mais on le sait également capable de frapper à l'extérieur des frontières comme en Argentine, où le parti de dieu a déjà démontré toute sa capacité à attaquer en traître.

On a tendance à l'oublier, mais les grands combats du XXe siècle ne sont pas gagnés. Que ce soit les droits des femmes, bafoués dans le monde entier, l'antisémitisme qui ressurgit de plus en plus comme politiquement correct, ou encore le fascisme qui prend une forme de plus en plus vert-brun, les sociétés ouvertes de Karl Popper ont fort à faire pour le demeurer. La tentation majeure pour une démocratie consiste toujours, en cas de crise, à se refermer sur elle-même, ce qui est une grave erreur. Trouver des boucs-émissaires, tenter de blâmer les autres pour ses propres fautes, encourager les actes de haines pour détourner l'attention populaire des vrais problèmes, voilà des signes clairs qu'une société devient malade, à la manière des vomissements qui préfigurent la fièvre et la décomposition du corps. Quand Nasrallah parle, j'ai l'impression qu'il dégueule. Et je suis effaré de voir ses foules manger sa bile et la vénérer en se félicitant que la solution à tous leurs problèmes réside dans l'anéantissement de ceux qui leur ressemblent comme des frères. A quelle température les discours d'un des plus grands malades du Moyen-orient vont-ils porter le Liban ?

Et une fois de plus, l'Europe envoie des messages contradictoires, car parler d'occident ne veut de toute façon rien dire. Alors que l'Union européenne semble avaler tout le continent à toute vitesse, le Kosovo entend devenir indépendant des Serbes qui ne l'entendent pas de cette oreille. La Russie s'oppose aux USA et à l'Union européenne, chacun vantant les mérites du divorce ou au contraire de la conciliation. Si la Yougoslavie a pu éclater, le Liban n'en-a-t'il pas également le droit ? Si la Tchécoslovaquie s'est scindée, ne peut-on avoir une société ouverte au Nord du Liban, et un Etat moyen-âgeux au nord de la Galilée ? Qu'en pensent les aounistes qui brandissent le document d'entente nationale comme la foule adore la gourde ou la sandale dans Life of Brian des iconoclastes Monty Pythons ? On ne sait pas qui a tué Mughnieh et une fois encore, c'est peu important. Ce qui l'est c'est que son assassinat, d'abord fêté par les démocraties, a ensuite causé un profond sentiment de malaise lorsqu'on a réalisé que les attentats allaient recommencer dans le monde. Comme si le hezb changeait de stratégie et réalisant que sa peau de mouton ne servait plus à rien, la jetait à terre pour montrer sa vraie nature de loup. On a dit que le numéro deux du hezbollah était responsable de la mort de plusieurs dizaines d'occidentaux, et qu'il en détiendrait le record sans Ben Laden. Si des attentats sont commis dans le monde contre des "cibles juives", pourra-t-on encore nier que le hezbollah est un groupe terroriste ? Une nouvelle ère commence. La lutte continue.

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