12 mars 2008

Non, ce pays n'est pas pour le jeune homme (spéciale dédicace, Ben)

Qu'elles sont chiantes ces élections municipales en France ! Et pourtant si instructives. Si on l'avait nié jusqu'à présent, ce n'est plus possible à l'avenir : le Modem est vraiment la réincarnation d'une droite pétainiste prête à tout pour gagner en prétendant garder la tête haute. Le parti de Bayrou va jusqu'à s'allier avec des listes d'extrême gauche, en expliquant benoitement que toutes les tractations se déroulent au cas par cas. Donc, Juppé à Bordeaux présente un programme qui ailleurs s'apparenterait à l'extrême gauche ?! De son côté, Paris est perdu pour la droite depuis la nomination de Panafieu qui réussit à faire une campagne encore plus mauvaise que Seguin avant elle. Lors du débat télévisé contre son adversaire socialiste, elle s'est montrée telle qu'on l'attendait : arrogante, méprisante, sans aucun projet et mauvaise perdante. Moi qui ai été diagnostiqué de droite depuis bien longtemps, je remercie ma "famille" politique qui m'a fait soutenir Ségolène Royal et maintenant Bertrand Delanoë. Paris peut beaucoup mieux faire, même si culturellement et architecturalement elle est loin devant les autres, en particulier Londres. Mais on ose à peine imaginer la régression tibériesque si Panaf était élu. Heureusement, elle s'écarte d'elle-même.

Le débat entre les deux candidats pour Paris avait lieu sur Canal +, ce qui me permet de réitérer mon opinion de cette chaîne. Récemment, on a fait un évènement du retour de NTM, le groupe de rap qui insulte les flics, traite les femmes de "biatch" et fait l'apologie de la violence dans une société dont ils ne garderaient que les marques de luxe comme Louis Vuitton ou Nike (sic) dont ils aiment arborer les oriflammes. Il fallait voir Denisot rayonner en annonçant la reformation de ses bruyants délinquants. Joey Starr est connu pour sa force physique, qu'il exerce sur des cibles de choix comme des hôtesses de l'air ou des singes en cage. C'est un seigneur. Et la gauche bobo de se gargariser de ce phénomène qui permet de s'encanailler à peu de frais ma chère, tout en paraissant s'intéresser au problème des banlieues et à leur cri du coeur, symbolisé par un duo qui demande quand on foutra le feu au "Système" dont bien sûr Canal + ne fait pas partie. L'esprit Canal... Encore une invention marketing débile. Ou alors l'esprit Canal c'est tout ce qui fait la joie du beauf, en commençant par le foot, le porno, le rap bling bling mais qui devient par un tour de passe-passe second degré le summum du must de la branchitude. Déjà cette mode révoltante du "remix" en musique dont s'est faite une spécialité Mme Ardisson, femme d'un autre recycleur sans vergogne, et qui consiste à prendre une bonne chanson pour la saturer d'effets électroniques et de beats assourdissants, pour obtenir à la fin un "tube" électro à la con. Et puis cette manie de créer des idoles politiquement corrects comme Djamel ou Zidane, forcément bons puisqu'issus de minorités qui ont souffert par la main de l'homme blanc (mais se sont bien rattrapées depuis). Enfin, cette lamentable manie de cracher sur tout ce qui ne serait pas branché (notamment les concurrents comme TF1 ou F3) tout en gavant le spectateur de séries américaines débilitantes comme 24. Canal mérite d'être racheté par TF1. Ou mieux, par F3 Bourgogne.

J'arrête mon courroux. Je préfère parler de mes nouvelles idoles, de vraies rebelles, le gang rose des Indiennes qui refusent la domination masculine qui vont de pair avec la corruption et la violence conjugale. Selon la Tribune de Genève :

Elles portent un sari rose mais ne sont pas inoffensives pour autant. Ces centaines d’Indiennes font partie du «gulabi gang», ou gang rose. Elles sont les Robin des Bois du district de Banda, une des régions les plus pauvres et populeuses de l’Inde. Méfiantes envers les partis politiques, elles ne se contentent pas de dénoncer les injustices, mais elles font justice, elles-mêmes. «Personne ne nous aide, explique Sampat Pal Devi, ancienne travailleuse sociale et leader du gulabi gang. Tout l’establishment est corrompu. Nous devons donc parfois faire la loi.»

Depuis la création de leur «gang» il y a deux ans, ces Indiennes se battent contre les violences envers les femmes, les inégalités sociales et la corruption des autorités. Au sens propre comme au sens figuré, selon les informations de BBC News. Leur arme: le lahti, un bâton employé pour la self défense. Un homme bat sa femme? Elles l’humilient. Un mari chasse son épouse dont la dot ne lui convient pas? Elles vont lui demander des explications. Un policier protège un intouchable? Elles l’attaquent.

Les femmes sont particulièrement mal loties dans cette société patriarcale et stratifiées par un système de castes très rigide. Elles sont confrontées à la violence sexuelle, au mariage forcé et soumises à des exigences liées à la dot. Enfant, Sampat Pal Devi avait tenu tête à ses parents qui ne voulaient pas l’envoyer à l’école. Mais ses années d’études n’auront pas été longues puisqu’on la marie à douze ans. Le premier de ses cinq enfants naît l’année de ses 13 ans. De quoi donner l’envie de se battre.


Si vous avez entendu parler d'un moyen de les aider financièrement ou autre, je suis preneur. Pour les entraîner, on pourrait bien leur envoyer quelques figures détestables du Paris dont je viens de parler. J'imagine un duel Joey Starr-Sari rose et je sais sur qui je mettrais mon argent : contre le représentant de cette société du spectacle ridicule et dépassée qui pourtant soutient Delanoë. Le monde est complexe mes amis. L'ennemi de mon ennemi n'est pas toujours mon ami. A faire méditer les aounistes.

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