Ch'ti Liban
Comme 19252315 spectateurs avant moi, je suis donc allé voir le film sur les Ch'tis. Bilan : une solution pour le Liban. En effet, jusqu'à maintenant, je ne voyais qu'un type de film qui puisse servir à réhabiliter l'image du pays de la guerre "civile" : James Bond. Partout où il passe, le sémillant agent secret présente l'avantage de nous faire voyager à travers les contrées les plus exotiques et les plus sexy. Ce type de publicité, le placement de produits, est très efficace, et le Liban se doit de produire des films qui le montrent sous son meilleur jour, on ne peut pas compter sur "Caramel" qui reste un film de gonzesses, ni sur la paire de réalisateurs qui ont commis "A perfect day" car tout le monde se fout de leur théorie conceptuelle du 7ème art. J'ai donc longtemps pensé qu'il faudrait que 007 passe par Beyrouth lors d'une de ses aventures afin que les touristes affluent, attirés par le sceau de l'agent secret britannique qui mettrait ainsi le Liban au niveau de la Jamaïque, des Caraïbes ou des Alpes suisses.
Et puis, j'ai vu Bienvenue chez les Ch'tis et j'ai compris. Quel meilleur moyen de présenter le Liban que de partir des clichés qu'il évoque afin de les dynamiter et d'expliquer au spectateur qu'il a bien tort de ne voir dans le pays du hezbollah que le terrorisme et la silicone ? Je pourrais jouer le rôle principal (ou un acteur qui me ressemble, comme Pierce Brosnan) car moi aussi je suis arrivé au Liban à la suite d'une nomination-punition, et j'en repartirai fort dépité pour de nouvelles aventures. Parmi les nombreuses scènes explicatives de la vie libanaise, comme dans l'original du Pas-de-Calais, on pourrait avoir celle du restaurant, où on apprendrait ce qu'est un mezzé, et comment on parle le franbanais :
- Hi, kifak, ça va (bonjour l'ami)
- Je le sympathise (je le trouve sympa)
- Je vais estiver à Faqra (je passe l'été à Faqra)
- Je l'ai aimé à lui (je l'ai aimé. Point. S'applique à la plupart des verbes où on rajoute "à")
- Tu as aimé le Liban ? (Tu aimes le Liban. Le passé et le présent se mélange)
- Je vais te dire c'est quoi (Je vais te dire ce que c'est. Signe imparable de libanité même chez les très bons locuteurs francophones)
- Quelles belles espadrilles ! (Quelles belles baskets ! [oui, en français de métropole, c'est pas forcément plus malin])
- J'ai un chalet à la plage (???)
Etc. Toutes les scènes pourraient être transposées, y compris celle du facteur qui picole en faisant sa tournée qui serait remplacé par l'employé du "moteur" qui boit des cafés ou la scène où la femme du directeur de banque débarque à Bergues que l'on pourrait adapter avec une visite d'un quartier Amal. Evidemment, pour comprendre ce que je dis, il faut avoir vu le film original, qui est assez médiocre, mais si un Français sur trois l'a vu, ça veut dire qu'en fait c'est une grande oeuvre. J'attends donc que les deux Français sur trois qui ne l'ont pas encore vu se dépêchent, et que les trois millions de Libanais concernés m'envoient leurs suggestions de scénario dès qu'ils se seront procurés la version DVD pirate. De mon côté, je commence à rédiger la scène où le jeune Français commence à comprendre que le mezzé, en fait, c'est pareil à chaque coup, alors il boit plein d'arak et il se fait un tas d'amis pour la vie.