12 avril 2007

Retour au Liban

Comme au Liban j'ai Canal Horizons, la version africaine de Canal +, j'ai toujours un jour de retard sur les émissions par rapport à la France. Aussi, ce n'est que maintenant que je vois un comique, dans le Grand journal, qui en tenant un verre d'un air cool (référence au Rat Pack ? Vu la culture de ce membre du Jamel Comedy Club, j'en doute), nous prédit, en compagnie d'Elizabeth Teissier, que des voitures seront brûlées si Nicolas Sarkozy est élu. Quand j'entends ce genre de conneries, sur la chaîne qui a permis de faire croire au bobos que le foot et le porno étaient cool, j'ai vraiment envie de voter UMP. Mais alors vraiment. Penser que nombre de soi-disant gens de gauche estiment que Nicolas Sarkozy est fasciste, au moment même où Le Pen rappelle à point nommé qu'un Hongrois serait malvenu de se présenter à la présidence de la République française... Il paraît qu'en France, brûler des voitures est le seul moyen d'expression d'une partie de la population laissée pour compte. Si c'est leur seul moyen d'expression, il est probable qu'il ne comprenne qu'un langage, le leur, celui de la violence. Qu'on arrête de penser que les banlieues sont infestées de brigands. Mais que les médias arrêtent de leur donner la parole, que ce soit Jamel, ses sous-fifres ou les rappeurs comme Rost dont j'ai déjà évoqué la triste figure auparavant.

Vous croyiez que c'était fini, que Window in Lebanon était bien mal nommé, qu'on cessait de parler du Liban dans ce blog pour se consacrer aux voyous de la politique ou du Vatican !? En vérité, la politique libanaise avait fini par lasser devant un certain ronronnement pris à la suite de mauvaises habitudes : les tentes du centre-ville avaient fini par faire partie du paysage, les divagations d'Aoun n'intéressaient plus personne, et même les experts israéliens étaient parvenus à la conclusion que 2007 ne serait pas l'année de la revanche contre les barbus libanais du hezbollah. Mais justement, on peut avoir confiance dans nos p'tits gars. Le discours de Hassan Nasrallah ce dimanche a rappelé au monde que le hezb, même silencieux, n'en reste pas moins l'un des mouvements les plus dangereux de la planète. Le troisième Reich de Hitler devait durer mille ans, Nasrallah est plus modeste : il a estimé que le hezbollah existerait encore au moins 50 ans, ce qui est assez optimiste devant la puissance de l'axe sunnite, bien décidé à contrer l'amitié irano-syrienne et son familier hezbollahi. La majorité au pouvoir, toujours selon le barbu en chef, compte sur une guerre entre l'Iran et les croisés judéo-chrétien ; dans une menace à peine voilée, le hezbollah prévient des conséquences malheureuses qu'un tel conflit entraînerait. Faut-il y voir les prémisses d'une nouvelle escalade militaire provoquée par Barbus Inc. ? De son côté, l'Arabie saoudite entend contenir les passions arabes, au grand dam de l'Egypte qui perd de son influence diplomatique dans la région, et au grand étonnement des occidentaux, qui vouaient, depuis le 11 septembre 2001, une solide haine aux Saoudiens et à leur régime moyen-âgeux.

A moins que le miracle n'arrive : une paix israélo-syrienne. Le régime des Assad n'a jamais reculé devant aucune trahison pour asseoir sa domination. Acculée par les grandes puissances, rejetée par les frères arabes, la Syrie essaie à nouveau de donner le change en promettant d'ouvrir des négociations de paix par la voix de Ibrahim Suleiman, qui semble convaincu de la bonne volonté des uns et des autres. De son côté, le député travailliste Danny Yatom (ancien patron du Mossad) affirme avoir essayé de mener des pourparlers officieux, mais avoir été rejeté par la Syrie qui considère que des fuites sur ce type de négociations auraient des effets fâcheux pour elle. Il est certain que si une perspective de paix faisait jour, le hezbollah serait le sacrifice demandé par Israël en gage de bonne foi des Syriens qui rejoindraient le camp de ceux qui luttent contre le terrorisme. Vu la situation au Maroc et en Algérie, ce curieux renfort serait pourtant le bienvenu. La Syrie demeure le pays le plus fascinant de la région d'un point de vue diplomatique, et il est bon de se rappeler qu'il faisait partie de la coalition contre Saddam Hussein lors de la première Guerre du Golfe, avant de rejoindre la France dans le front du refus en 2003. Doté d'une armée ridicule et d'une économie inepte, la Syrie a su se rendre indispensable dans les décennies précédentes. Il est temps pour nous de saluer la cynique habileté de ses dirigeants, et pour eux de saisir leur dernière chance d'échapper à un sort de plus en plus funeste. Car à défaut d'Iran, les guerriers d'Israël pourraient se venger du fiasco de juillet 2006 en se faisant les dents sur un adversaire moins puissant et plus immédiat.

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