Où WIL, au lieu de regarder la télé, ferait mieux de bosser un peu
Samedi soir, j'ai tranquillement regardé Jean-Marie Le Pen monter dans les intentions de vote des Français. J'étais branché sur l'émission de Laurent Ruquier, comme souvent le samedi soir, et une fois de plus, un jeune rappeur était invité. Je pense qu'il s'agit de Rost, un truc comme ça, dont le discours était semblable à ceux qui l'avaient précédé, avec quand même un plus plus de foutage de gueule. Rost (c'est bien lui, je viens de vérifier) est togolais, refuse de demander la nationalité française parce qu'il est citoyen du monde et se sent assez français comme ça, mais incite les jeunes à voter et, à cet effet, a créé une organisation qui a interpellé les candidats à l'élection présidentielle. Tous ont répondu, sauf Villiers, pour des raisons évidentes, Buffet, pour des raisons évidentes et Sarkozy qui, tenez vous bien, à voulu IMPOSER ses conditions, qui étaient de recevoir Rost seul. Vous imaginez le culot de Sarkozy, ce moins que rien, qui voudrait dicter ses volontés à une éminence comme Rost qui écrit de la musique où les femmes sont des putes, sauf maman, les flics des homos aux pratiques sodomites et où plus la voiture est grosse, mieux c'est pour pouvoir choper des putes , sauf quand c'est la soeur aux copains qui, elles, doivent rester à la maison ou manifester de la décence (donc les filles à rappeurs, soit elles n'ont pas de frère, soit elles ne sont pas au courant de la bienséance).
Que revendiquent Rost et ses damnés de la terre ? Du respect. R-E-S-P-E-C-T, comme dans la chanson. Qu'on arrête de les contrôler et ils arrêteront de brûler des voitures. Parce que s'ils mettent le feu aux Renault du voisin, c'est parce qu'ils éprouvent un malaise, la boulangère ne leur dit pas bonjour dans les yeux, Sarkozy ne répond pas à leurs cartes postales, les pompiers n'éprouvent pas de reconnaissance quand on leur balance des frigos sur la gueule alors qu'ils viennent éteindre un feu. Zemmour a eu beau rappeler que les Italiens, pour ne citer qu'eux, étaient assassinés en pogroms par dizaines, Rost s'en moque : un autre temps, bouffon ! Bien que cinq minutes avant, il avait tenu à rappeler que la France a colonisé son pays d'origine, le Togo (l'Allemagne avant, rappellent en choeur Zemmour et Polac, mais Rost ne parle pas allemand alors il s'en fout). Autre temps, bouffon ?
Le discours de Rost est creux, il se pose en victime comme le veut la mode et il va sûrement attendrir Gérard Miller and co. qui ne se pardonnent toujours pas de vivre comme les bourgeois qu'ils voulaient pendre quand ils avaient des cheveux. Moi, Rost m'a dégoûté, parce que son fonds de commerce est le même que Le Pen, ces quartiers difficiles qui sont pris entre le marteau de la répression et la violence des petites frappes que produit le rappeur. Car c'est avant tout un entrepreneur, le Rost, et il a compris l'importance des parts de marché. Le discours du rap, en général (il existe des exceptions notables, de Beastie Boys à IAM, en passant par Public Enemy), invoque la violence, le machisme, l'appât du gain, bref le pire de la société de consommation. Rost fait du fric, et en se posant en défenseur des valeurs de la république et des droits de l'homme (!), va se valoriser devant un public adolescent qui va voir en lui un rebelle au monde des adultes fait de répressions et d'interdits. Mais Rost ne comprend pas que ses discours sont tout aussi irresponsables que ceux de Le Pen, qui se nourrit de la peur que va susciter le rappeur-producteur en Alsace ou en Bretagne. Les salauds sont partout, ça va être dur de s'occuper de tous avant le premier tour.
Heureusement, le même soir, il y avait Péri Cochin, dont je connais la cousine. Bon, ceci dit, même si elle a tapé sur Rost (hé ouais, les habitants de Beyrouth sur Seine votent rarement en dehors de la droite), elle n'avait pas grand chose à dire, et je parle d'elle juste pour faire mon quota de Liban. Et puis on a vu les Fatals Picards, qui rappellent un peu les VRP de la grande époque. Mais eux font de la musique, pas du rap.