18 mars 2007

Glandeur de la France

Pendant que Dominique de Villepin, maître d'hôtel stylé de Matignon mais incapable de résoudre les problèmes de la France, va frimer à Harvard et se voit bien régler les problèmes du monde avec des prix Nobel et d’anciens présidents, on sent que le changement politique à la tête de l’Etat approche à grands pas. Quand arrivent les élections présidentielles en France, le choix est assez simple : on vote en fonction de sa famille politique, et pas par rapport aux programmes que personne ne lit, et qu’aucun candidat ne respecte. Dans mon cas, donc, en bon garçon de droite, proche idéologiquement d’un gaullisme sans politique arabe automatique, je devrais voter pour le soi-disant héritier, Nicolas Sarkozy. Ce candidat ne me dérange pas le moins du monde, je n’ai pas le réflexe bobo de le trouver facho ou xénophobe, mais je me méfie. Je ne vois pas en lui le traître qui s’est rallié à Balladur en 1995, mais plutôt celui qui a su courageusement reprendre le flambeau quand Philippe Séguin, cette grosse chochotte, a renoncé à trois semaines du scrutin à conduire la liste de droite aux élections européennes en 1999. Sarkozy sera sûrement élu, et constituera certainement un président qui ne peut être pire que le sortant, s’il respecte un tant soit peu son programme (??!). Mais je trouve le personnage trop assoiffé de pouvoir, sans compter son aveu de ne pas boire (un comble dans un pays hédoniste comme le nôtre), d’être très croyant (sans commentaire) et sa difficulté à contenir un tempérament à la Sonny Corleone. Donc, bon courage Nico, mais sans moi au premier tour. Au suivant donc.

Bayrou est un ectoplasme, l’héritier du poujadisme (tous pourris), adepte d’un Le Pen light (le complot médiatique), et représentant de ce qui affaiblit la France, l’indécision. Le fait que Simone Veil l’ait désavoué me semble un signe très clair. Venant de la femme politique de droite la plus honnête et la plus respectable, ce jugement me semble définitif. Bayrou monte artificiellement dans les sondages pour faire croire qu’il n’y aura pas d’effet Front national, mais il ne dépassera pas les 12%. La France des agrégés a vécu, enfin je l’espère, car qui voudrait vraiment d’un prétendu Européen qui s’allie aux nationalistes basques, d’un candidat de la « rupture » ministre avec le RPR et descendant de VGE, d’un propriétaire terrien qui s’affirme paysan alors même qu’il fait partie du très sélect club France Galop ? Bayrou satisfait les adeptes du provisoire qui dure, du pas-de-vague, du pourrissement de la situation. Incapable de la moindre réforme lorsqu’il a été ministre, abandonné par les siens à cause de son autocratie, François Bayrou se fera consoler par Mme de Sarnez le soir des élections. Et il retournera à sa théorie du complot qui reste son fonds de commerce.

Toujours à droite, on trouve Jean-Marie Le Pen. Comment peut-on avoir un candidat qui monte de façon régulière à chaque élection présidentielle, jusqu’à arriver au second tour en 2002, sans que le parti dont émane ce leader n’ait de représentants à l’assemblée nationale ? Inimaginable, surtout quand on compare avec le nombre de députés communistes et le score de leurs champions aux présidentielles. Il y a quelque chose de pourri dans la représentation nationale des Français, et il serait temps qu’on accepte que les électeurs du Front national ne sont pas tous des salauds, ou alors ils constituent presqu’un cinquième de la population de notre pays. C’est beaucoup. C’est faux. En revanche, le personnage lui-même qui menace de casser la gueule à une élue socialiste, ou qui parsème son discours de petites phrases immondes sur la Shoah ou l’occupation allemande, sans compter l’équation absurde trois millions de chômeurs = trois millions d’immigrés, m’empêche à jamais de voter pour lui. Impossible de voter pour un type dont les politiques d’un autre âge feraient régresser la France au niveau de l’Albanie de la guerre froide. Inimaginable de donner sa voix à un type dont le fascisme est discutable, mais qui en se montrant avec des salauds comme Alain Soral ou perroquet Dieudonné, contribue à alimenter un sentiment de haine entre les Français, peuple issu de mélanges qui ont fait sa force au fil des siècles. C’est Voltaire qui avait popularisé l’idée qu’il fallait combattre certaines idées, mais donner sa vie pour qu’elles aient le droit de s’exprimer. Qu’on traite Le Pen comme tout le monde, et on n’en entendra plus parler.

Alors qui reste-t-il à droite ? Une égérie. Pour la première fois, une femme est en passe de remporter l’élection présidentielle française. Elle est maladroite dans sa communication, ce qui la rend plutôt sympathique face aux pros du circuit qui concourent depuis longtemps. Son programme tient la route, et Mme Royal a fait ses preuves en étant quatre fois ministres et en dirigeant une région, ce qui n’est pas à la portée du premier venu. Si Ségolène fusionnait avec Marianne, le symbole serait fort, et éclipserait temporairement la honte de n’avoir accordé le droit de vote aux femmes qu’en 1945 et de ne comporter que 13% de femmes à l’assemblée nationale. On a souvent dit que les femmes seraient égales aux hommes le jour où des femmes incompétentes seraient à des postes de pouvoir. Ségolène Royal, en plus d’être jolie, semble la seule capable de changer la présidence française, qui pour le moment reste une monarchie héritée du gaullisme. Nous sommes en 2007, le gaullisme a changé de visage. Si la France, sans parler du monde, fonctionnait parfaitement, je serais pour continuer avec les mêmes. Mais les problèmes s’accumulent, et intégrer ce qui constitue plus de 50% de l’humanité dans son fonctionnement me paraît urgent. En plus d’être une femme, ce qui n’est pas rien, Ségolène Royal est une femme compétente. Et je pense que François Hollande en première dame de France risque de faire mieux que les pièces jaunes, alors qu’on n’est jamais à l’abri d’un caprice de Cécilia (et difficile de transférer l’Elysée à NYC).

Ségolène représente le PS ? Nobody’s perfect. Elle aura quand même mon vote.

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