La France d’à-côté
Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous n’avez pas aimé mon dernier post. Je m’en doutais un peu, et la règle d’un blog consensuel, c’est de ne pas parler politique ou religion, ou alors taper sur Bush et sur le pape, ça met tout le monde d’accord ou presque. Pour autant, je ne regrette pas de m’être « déclaré », d’autant que ça m’a permis de me rendre compte à quel point mon choix semble minoritaire, en tout cas chez ceux qui ont eu la patience de me lire. Nicolas Sarkozy sera de toute façon vraisemblablement élu en mai, et la seule chose dont je sois sûr c’est que son avènement sera une bonne chose pour le Moyen-Orient, vu le peu de sympathie qu’il éprouve pour le hezb et l’amitié qu’il éprouve pour le Liban miraculeux et Israël. Pour le reste, je persiste à douter, même si les témoignages des anti-Sarkozy me le rendent de plus en plus sympathique. Une sorte de rappeur nommé Axiom vient de déclarer sur Canal + à quel point il n’aimait pas Sarkozy, d’autant que le ministre de l’Intérieur n’est pas venu faire allégeance aux caïds des cités dont ledit Axiom semble être le porte-parole. La France tourne parfois à l’envers : les rappeurs, fort sensibles lorsqu’il s’agit de leur « bien parler », n’ont aucun problème à traiter les femmes de putes dans leurs « chansons » ou à affirmer être prêts à tuer des flics s’ils en ont l’occasion ; en revanche, ils n’aiment pas qu’on leur demande leurs papiers et le font savoir haut et fort. Pauvres petites brutes sensibles.
Dans le cas de Cesare Battisti, ce sentiment que les hors-la-loi sont romantiques est encore plus flagrant. Voilà un gaillard condamné par deux fois pour terrorisme qui se fait la malle pour la France pour échapper à la justice italienne, qui commet quelques bouquins pour montrer que ce n’est pas qu’un criminel (syndrome Bernard Tapie), puis qui reprend la tangente au Brésil lorsqu’on parle de l’envoyer purger sa peine dans son pays d’origine. Et il se trouve des bonnes âmes pour le défendre, comme Gaillot le défroqué, sous prétexte qu’après tout, il a changé, il est devenu écrivain, et puis il n’est pas vraiment coupable, et les Italiens ont une bien mauvaise justice. Il est vrai que la justice française est de loin supérieure à celle de nos transalpins voisins : voyez le cas Yvan Colonna. Accusé d’avoir tué un de nos préfets, excusez du peu, ce noble berger corse trouve le moyen de poursuivre en justice les autorités françaises car il s’estime maltraité. Ses copains cagoulés auraient recours à une justice plus expéditive mais la République française est décidément bien bonne avec ceux qui souhaitent sa perte. Qu’on foute Battisti et Colonna dans la même cellule : ils en ont des choses à se raconter et avec un peu de chance, une belle idylle carcérale verra le jour (ou une internationale terroriste Bastia-Roma).
Mais assez avec les bandits du Sud de l’Europe, hier, c’était la journée de la francophonie. Vous me direz qu’on s’en fout car aujourd’hui c’est le printemps. Mais à propos de francophonie, je voulais revenir sur deux belles réussites françaises, toutes deux à Abou Dhabi : les franchises de Paris IV et du Louvre. J’étais persuadé que tout le monde se réjouirait de cette preuve que la France dispose encore d’un rayonnement culturel tel qu’elle parvient à exporter ses emblèmes intellectuels jusque dans des pays non-francophones. Et bien, non, il a encore fallu que des crétins critiquent le Louvre en fustigeant la marchandisation de la culture. Alors que le milliard que Abou Dhabi donne au Louvre-Paris, en compensation d’œuvres qui ne manqueront pas au musée devant l’abondance de ses collections, servira à créer un atelier de restauration, et qu’au final, tout le monde est largement gagnant, on trouve encore des esprits ( ?) chagrins pour pester en arguant que la culture n’est pas à vendre, voire à se prostituer. Dans ce cas, inutile d’avoir un ministère de la culture. Quand on voit le niveau de la culture officielle financée par la France et qui transite par les CCF et les Alliances françaises, on doute de l’intérêt d’une subvention étatique. Le Louvre et La Sorbonne d’Abou Dhabi me réchauffent le cœur, mais je n’aime pas l’art subventionné. Dans le même temps, je fustige le laxisme de l’Etat français vis-à-vis de ses voyous. Question : pour qui devrais-je voter aux présidentielles ?