13 février 2007

...et parfois le Liban ressemble plus à l'Irak

On s'attendait à des troubles pour la commémoration de l'attentat contre le premier ministre Rafic Hariri. Il y a deux ans demain, le deuxième homme le plus protégé du Moyen-orient (le premier semble toujours être dans le coma) a été assassiné par ceux qui avaient intérêt à ce que la Syrie continue sa mainmise au Liban par le biais de ses groupes terroristes travestis en partis politiques. Aujourd'hui, deux bombes ont tué au moins trois personnes et blessé une dizaine de voyageurs de minibus à Bikfaya, fief des Gemayel. Aux abrutis qui soutenaient que le meurtre de Pierre Gemayel il y a quelques mois était destiné à attirer la compassion de l'opinion publique internationale sur le mouvement du 14 mars, voilà un cinglant démenti : non, il ne s'agit pas de paranoïa, les forces opposées à la démocratie sont prêtes à tout pour empêcher l'instauration d'un tribunal international qui les forcerait à battre en retraite. Car je crois peu à la destruction de ces groupes terroristes, je pense juste qu'ils pourront être rejetés en périphérie. A moins que tous les pays s'entendent sur une définition du terrorisme, et une classification des groupes antidémocratiques, dont le hezbollah.

Demain donc, de grandes manifestations se préparent pour commémorer l'assassinat de Rafic Hariri. Le risque majeur, c'est que les groupes pro-gouvernementaux en profitent pour régler leurs comptes avec les insurgés du centre-ville, ce qui risque d'être sanglant, il n'y a pas que des nargilés dans les tentes hezbollahis. On peut compter sur l'armée pour faire son travail, mais la manifestation risque d'être massive et de déborder les forces de l'ordre. On pouvait compter sur l'esprit de discipline qui anime les partis politiques libanais soucieux de ne pas voir la situation dégénérer plus qu'elle ne l'est actuellement ; l'attentat d'aujourd'hui risque toutefois d'attiser les rancoeurs contre le hezbollah et ses alliés, et menacer la solennité d'une cérémonie qui aurait du rappeler à tous, au-delà de la mort de Hariri, le sursaut démocratique dont a été capable le Liban.

Hariri n'était pas le grand homme intègre et altruiste que ses fidèles proclament. Homme d'affaires brillant, il avait su profiter de la reconstruction du Liban pour, selon la tradition libanaise, mélanger ses intérêts privés avec ceux du pays. Solidere reste une formidable machine à capter les subventions, et chaque Beyrouthin dispose d'une anecdote concernant sa famille sur les spoliations qu'a accompli Solidere pour transformer le centre-ville en attrape-bédouins. Pour le moment, Downtown acceuille surtout des insurgés réclamant la chute de la démocratie et hurlant leur haine de l'occident. Espérons juste que demain ne sera pas une nouvelle occasion pour le hezbollah et ses amis armés d'indiquer à nouveau le chemin du chaos pour un pays qui a surtout besoin d'oxygène. Quant à Hariri, malgré sa personnalité trouble et son rôle dans la chute de la maison Liban, il mérite néanmoins comme tout homme d'être respecté, victime des vrais mafieux qui gangrènent le pays en prétendant en être le vaccin.

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