27 janvier 2007

WIL IRL ou SL ?

Et on continue de vivre dans ce pays après des mois d'attentats, de bombardements, d'affrontements intercommunautaires, sans compter les tracas de la vie matérielle concernant l'eau, l'électricité, les routes, etc. Je repense à mes besoins bourgeois de base comme tous les Français nourris au service public (Scandale : il neige en janvier ! Que fait le gouvernement !?) et je m'aperçois que décidément, l'être humain s'adapte à tout. Surtout quand je vois les Libanais qui continuent à éduquer leurs enfants du mieux qu'ils peuvent. Au risque de me répéter, c'est une des caractéristiques qui me frappent le plus dans ce pays, cette volonté de donner la meilleure éducation aux enfants, comme si demain, s'il n'avait plus rien, il pouvait leur rester une tête bien faite.

Un curieux sentiment émerge parmi ceux qui vivent dans la peur des coups du hezb et de ses voyous : la sensation d'être protégé par les milices adverses. C'est une curieuse sensation, plutôt fascinante, mais les forces libanaises, dont les militants m'ont toujours effrayé par leur similitude avec les sbires du hezb, paraissent maintenant rassurant devant la vigueur avec laquelle ils ont repris les rues aux insurgés mardi dernier. Quand on vit dans un climat de peur, on n'est plus rationnel. Je ne donne pas mon soutien sans bornes à Samir Geagea, même s'il reste l'un des rares chefs de milice à avoir payé pour la guerre, contrairement aux autres qui s'appropriaient des maroquins. Et je connais les dérives dont sont capables les FL, tout comme leurs alliances douteuses dans le passé avec notre front national d'extrême-droite. Mais au moins, en plus d'une armée qui ne peut pas être sur tous les théâtres de violence, la rue n'appartient pas seulement à ceux qui veulent la fin de la démocratie. Oui, je préfère les FL au hezb, même si on n'arrive pas encore à un projet démocratique et laïc, ce qui montre à quel point on est forcé de choisir son camp dans ce pays. Quand on réfléchit à la question, on s'aperçoit que l'avenir reste de toute façon très limité devant les acteurs qui prennent part aux troubles actuels. La guerre de 1975-1990 n'a rien résolu, il y a de fortes chances qu'avec exactement les mêmes acteurs, les évènements auxquels nous assistons ne conduisent que sur un statu quo triomphant sur un champ de ruines.

Quoique. Aoun faiblit, comme on a pu le voir lorsqu'il a exhibé sur Al Manar, la chaîne de télévision du mouvement terroriste hezbollah, une photo grossièrement truquée montrant un tireur portant un t-shirt avec le symbole des forces libanaises, pointant son arme sur la foule. Le montage était si mal fait qu'Aoun est devenu rapidement la risée du Liban. Une fois de plus. Ce vieil homme est malade. En revanche, le jeune Saniora aura fort à faire pour ne pas décevoir les attentes de millions de Libanais, et des autres pour qui le sort du Liban demeure important. Voilà, redevenu navigateur phénicien, le Liban louvoie entre espoir et résignation, entre violence et trop calme, entre pays arabe et miracle libanais.

Je suis en train de réfléchir à la possibilité de faire migrer ce blog sur Second Life. Après tout, la Suède va bien y ouvrir son ambassade virtuelle, et Mme Royal y a ouvert une permanence. Alors, WIL sur SL juste pour être tendance ? Pas vraiment, plutôt pour mieux faire comprendre le système des univers parallèles, et pouvoir profiter d'une structure qui permet d'engranger des photographies, des vidéos, des sons et qui permet au visiteur de se promener dans un site en trois dimensions. De fenêtre sur le Liban, ce blog deviendrait une maison à part entière, et vous pourriez converser dans un salon autrement plus confortable que les comments qui s'avèrent parfois trop étroits. Si vous avez des idées, je suis preneur. En attendant, je retourne dans cet univers parallèle où eau, électricité et démocratie sont virtuels, mais où les balles sont réelles.

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