25 janvier 2007

J'ai deux amours et sept milliards

Plus de 7 milliards ! Voilà ce que recevra le Liban sous une forme ou une autre. Saniora, au lieu de proclamer qu'avec cet argent il fera repeindre sa cuisine, parle déjà d'un plan de remboursement de la dette publique. Je ne sais pas si, à la manière d'un de Gaulle, il se révèle avec la crise, mais Saniora a déjà sa place dans l'histoire quoi qu'il arrive. On peut s'estimer heureux d'avoir un chef d'Etat grâce à lui, car les deux camps font assaut d'irresponsabilités, et ont encore trouvé le moyen de se taper dessus cet après-midi. Le couvre-feu est donc déclaré pour cette nuit, ce qui est une bonne idée, y'a Cauet sur la Une.

Je me trompe peut-être mais je pense que Hassan Nasrallah le rusé, réalisant que son mouvement a perdu beaucoup de sa popularité après sa guerre contre Israël, laisse endosser à Aoun la responsabilité des événements. Quand on le laisse parler, le général orange arrive à sortir un paquet de conneries, et pas des moindres : ainsi, pour lui, la grève de mardi a été un succès puisque 90% des Libanais ne sont pas allés travailler, en oubliant que le pays était paralysé par ses sbires et que cinq morts et des dizaines de blessés ne sont pas vraiment considérables comme un succès. Mais après tout, "la divine victoire" a démoli une bonne partie du pays, alors pour les insurgés, un succès est possible lorsque le Liban encaisse au maximum sans tomber. Quand Aoun le brave sera considéré comme le chef de file du mécontentement, Nasrallah le vendra et négociera un accord en douce. Les aounistes, déjà perçus comme des traîtres, deviendront les cocus du Liban, les dindons de la farce de l'opposition.

C'est un scénario certes optimiste, mais réaliste au vu de l'histoire du Liban où les alliances se font et se défont en fonction du sens du vent. Saniora est consolidé dans sa démarche par l'ensemble des pays qui comptent, à l'exception des parrains du hezb, Syrie et Iran. Il a la légitimité, l'argent et les forces de l'ordre avec lui. De plus en plus de Libanais se rallient à son panache blanc devant les méthodes mafieuses des insurgés. Et le hezbollah sent bien qu'une nouvelle provocation vis-à-vis d'Israël ne sera pas aussi facile qu'en juillet : Gaby Ashkénazi, le nouveau chef de l'armée israélienne, est un ancien Golani, connaît bien la Galilée et se tient prêt à laver les affronts de la dernière guerre.

S'il n'y avait pas autant de morts et de blessés, je dirais que c'est fascinant d'assister à l'histoire en marche, comme un feuilleton haletant. On se demande tout de même si, parmi les insurgés, certains ne vivent pas dans une fiction permanente et peinent à retrouver contact avec la réalité.

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