Calculs (à double sens)
Donc on attend les pépètes que ne manqueront pas de donner au Liban les pays préoccupés par son avenir. On parle de montants faramineux et on peut être sûr que les parrains occidentaux sauront se montrer aussi généreux qu'un Iran qui envoie entre 10 et 15 millions de dollars par mois au hezbollah. Le parti de dieu a appris à investir utilement cet argent ; il reste à espérer que l'Etat libanais saura prendre les mesures destinées à ne pas retomber dans les vieilles habitudes consistant à construire des ponts qui n'existent pas. "Ventre affamé n'a pas d'oreilles" énonce un proverbe populaire. Le jour où le Liban parviendra à une croissance économique englobant l'ensemble de la population, les querelles se mettront en sourdine, et les religions s'effaceront au profit de l'économie. Comment pensez-vous qu'on soit parvenu à la paix en Europe ? En créant ARTE ?
Les événements libanais m'ont empêchés de rendre hommage à l'Abbé Pierre, disparu lundi. J'ai eu la chance de l'interviewer lors de son passage à Beyrouth, il y a quelques années, et donc de passer quelques heures avec lui. Forcément réticent au départ devant un homme d'église, j'ai été à mon tour enthousiasmé par ce saint laïc à qui on a fait de bien mauvais procès. On lui a reproché d'être un "people", alors même que ce sont les célébrités qui cherchaient son contact pour se donner une bonne conscience d'apparence. Et puis il y a eu l'affaire Garaudy, qui montre avant tout que c'était un homme d'amitié, antisioniste peut-être, antisémite certainement pas. L'homme possédait sûrement ses défauts, mais ses rapports tendus avec le Vatican renforce mon opinion qu'il était peut-être le seul catholique qui vivait sa foi. En tout cas, c'est le seul que j'aie rencontré. J'espère qu'il n'est maintenant pas au même endroit que cette fripouille de Jean-Paul II, ou alors on doit bien rigoler là-bas.
Tristan se préoccupe très sérieusement de mon invitation d'office au sacre de Nicolas Sarkozy et m'a envoyé les résultats partiels de ses investigations. Je reste choqué par les méthodes de notre Fouché, pour qui je n'éprouve d'ailleurs aucune antipathie à la mode. Si le candidat utilise les moyens de la République, les chances que je vote pour lui s'éloigne chaque jour davantage. Surtout que j'ai appris qu'il ne buvait pas. Désolé, impossible en France d'avoir un président qui ne boit pas. Im-po-ssi-bleuh. En revanche, je me demande souvent la tête que ferait les phallocrates iraniens ou séoudiens s'ils devaient rencontrer UNE présidente de la république française. Rien que pour cela, le vote Ségolène commence sérieusement à faire son chemin. Une femme présidente, une Marianne en chair et en os. Je trouve que ça a de la gueule. Et qu'on ne vienne pas me parler de programme, je ne connais personne qui lisent l'intégralité des programmes des candidats (mais dans les comments, on trouve souvent des oiseaux rares).
Je n'ai pas parlé du retrait de Nicolas Hulot. Normal, il n'y a que dans des pays aussi riches que la France ou les USA qu'on peut se permettre de tels non-événements. Moi non plus, je ne me présente pas à la présidentielle, je peux même pleurer un peu si vous voulez. Je préfère pleurer sur les morts du Liban, et puis espérer qu'à l'image des routes aujourd'hui, on arrivera à faire table rase du passé, et compter les pépètes.