26 janvier 2007

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Les émeutes d'hier entre "jeunes" du campus de l'Université Arabe de Beyrouth se sont tenus à quelques dizaines de mètres de l'un des plus connus des camps palestiniens de Beyrouth : Sabra de triste mémoire. L'un des snipers sur le toit s'est révélé être syrien et a été arrêté par l'armée. Curieux, il y aurait des éléments étrangers introduits au Liban ? Par exemple, j'en reste sans voix. Ce conflit n'opposerait donc pas les Libanais entre eux, à la manière d'une guerre civile ?

Tout semble revenu à la normale au Liban, même si tout a changé. Le hezb, qui a lancé des fatwahs hier contre ceux qui persisteraient dans la violence, a réalisé qu'il ne tenait pas la rue comme au sortir de la guerre de juillet 2006. Paris 3, qui a été un succès indéniable malgré le sketch d'un Chirac ami du Liban, redonne une crédibilité internationale à Siniora, à la fois grand argentier et seul leader du pays. Les Libanais ont peur de ce que la situation pourrait donner, une guerre qui ramènerait le pays trente ans en arrière, et ne seront que plus enclins à soutenir la seule issue possible à la crise : le soutien au gouvernement. Même l'Arabie séoudite, au nom de l'amitié entre les musulmans, tente d'apprivoiser l'Iran qui serait en passe de dés-Ahmadinejade-ation. Une image m'a fait plaisir, ou plutôt a provoqué ce sentiment de "Schadefreude" qui consiste à se réjouir du malheur des autres : le drapeau du hezb brûlé par des émeutiers. Enfin, après avoir brûlé tous les drapeaux démocratiques possibles et imaginables, on leur rend la pareille symbolique. Assiste-t-on à un revirement de situation ? Tout va aller pour le mieux dans un pays des cèdres à nouveau riant ?

Non, hélas, puisque le conflit dépasse largement les Libanais, que la Syrie possède ses capacités de nuisance intactes, que le pays a beaucoup à produire pour sortir de l'ornière économique, et que le principal problème du Liban, le communautarisme, se renforce chaque jour devant la haine qu'éprouvent entre elles les factions féodales. On peut éventuellement éloigner pour le moment le spectre d'une guerre sur le sol libanais, sauf si Israël dans un mouvement d'humeur tentait de faire oublier les ennuis de son président en se débarrassant du hezb, comme en 1982, en remontant jusqu'à Beyrouth par voie de terre. Les terroristes rattachés à Barbarallah (surnom de Nasrallah le rusé, copyleft Nabih/WIL) ne lâcheront pas leurs objectifs, changeront de stratégie, gagneront du temps. On sent déjà que leur combat morbide séduit une partie de la gauche extrême européenne qui tente d'inverser la perception de la réalité et se prépare certainement à des actions d'éclat, comme la prise d'assaut du consulat du Liban au nom de la libération d'un terroriste mardi dernier. J'ai autant peur des émeutiers lourdement armés des rues de Beyrouth que des beaux esprits de gauche en Occident séduits par un discours marxiste hâtivement concocté par le hezb et ses chiens de guerre. A nous de rester vigilants. La suite promet d'être fascinante tant elle exaltera les passions humaines dans toute leur horreur.

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