17 octobre 2006

Gestation

Franchement, je n'aime pas ce silence. La guerre est comme oubliée, ce qui est un réflexe humain obligatoire : on ne va pas ressasser les souffrances éternellement, mais en même temps, si on n'évoque pas juillet 2006, à quand la prochaine vague ? Les journaux libanais se délectent des ennuis de Moshé Katsav, en sachant très bien que JAMAIS un tel scandale ne se produirait au Liban, non pas parce que les hommes politiques y sont chastes, mais bien parce que ça ne filtrerait pas dans la presse. Pendant ce temps, des tirs de roquettes ont mis de l'animation dans le centre ville, à deux pas du bâtiment de l'ONU, qui est toujours ceint de sacs de sable, souvenir des attentats de l'an dernier. Les ponts se reconstruisent, la vie continue, les écoles rouvrent, chacun reprend ses activités habituelles, Aoun en appelle à l'intelligence des Libanais pour le sacré sauveur de la nation, Joumblatt et Sfeir trouvent que décidément ils ont beaucoup en commun. Tant que Nabih Berry n'enlève pas sa cravate, tout va bien.

Le Ramadan touche à sa fin, que se passera-t-il après ? Personne n'en sait rien, et j'ai même plutôt l'impression que personne ne veut savoir. Les Libanais veulent être libanais et vivre dans un Liban qu'il connaisse et reconnaisse. On a souvent l'impression que la politique fatigue ce peuple de négociants, comme si vraiment ce que disent quelques vieux "c'était mieux du temps du mandat français" tenait de la sagesse. Et pourtant il revient le mandat : les aounistes commencent à insulter les Français en demandant pourquoi Chirac soutient autant un régime corrompu comme celui de Hariri, merci pour Siniora. Les champions de la propreté aounistes.... Ils ont vité oublié où était leur patron pendant onze ans, quand tout le monde pactisait avec la Syrie et que le général restait un mythe lointain. Comme l'unité du Liban d'ailleurs. On retombe dans les vieux travers, et les pestiférés d'hier sont les Louis XIV de maintenant :

L’ancien Premier ministre, Sélim Hoss, s’est rendu hier à Damas sur invitation du président syrien, Bachar el-Assad. L’entretien entre les deux hommes a été axé sur les récents développements dans la région arabe en général, et plus spécifiquement la situation dans les territoires occupés et en Irak. Le président syrien et l’ancien Premier ministre sont tombés d’accord sur « la nécessité d’unifier la position arabe et de faire face aux projets de dispersion et de partage de la région, à l’ombre de l’entêtement », comme l’a souligné le communiqué publié par le bureau de M. Hoss.

Qu'est-ce que j'espérais apprendre en revenant au Liban ? Que les Libanais sont courageux, mais commerçants avant tout ? Qu'une guerre, on préfère ne pas la revivre une deuxième fois en en parlant ? Déjà quand je suis arrivé il y a dix ans, on ne parlait pas des "troubles". Je les comprends mes Libanais, je les comprends même de mieux en mieux. Il est parfois plus sage de se recroqueviller dans un rêve plutôt que d'ouvrir les yeux sur un cauchemar.

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