10 octobre 2006

Brideshead revisited

Les plus roués d'entre vous auront compris que j'ai quitté la France il y a quelques temps pour un rapide séjour au Liban. Dur de retrouver le pays après trois mois français. Je n'ai pas voulu évoquer mon retour immédiatement pour pouvoir mieux rendre compte des changements induits au Liban, sans tomber dans les impressions peut-être trop rapides que j'aurais pu ressentir au début.

Pourtant, l'arrivée depuis l'aéroport a été un choc. Comme l'illustre cette photo, le Hezbollah sait célébrer ses batailles, et dans toutes les langues s'il vous plaît. La "victoire divine" permet surtout de s'interroger sur les conséquences qu'aurait amené une défaite...

Les premiers jours ont été étranges : il faut réapprendre les gestes du quotidien, faire avec les coupures de courant qu'on avait oubliées grâce à EDF, penser à économiser l'eau chaude, récupérer la voiture et affronter les routes toujours aussi bondées, se passer de télévision puisque je ne vais pas payer pour le câble pirate pour seulement quelques jours et bien sûr faire une croix sur l'Internet ultra rapide de Paris. D'où un énervement que l'on doit prendre avec philosophie (ça fait plusieurs jours que je pouvais pas poster ou commenter normalement) : il s'agit du quotidien des Libanais qui y font face avec courage et/ou résignation. Les ponts détruits ont été remplacés pour la plupart et le trafic automobile ne me semble pas plus lent qu'avant juillet. Peu de traces d'un conflit que l'on souhaite oublier.

Personne ne me parle de guerre. Personne n'a envie d'en parler. Ce que je comprends sans peine. Pourtant, il faudra évoquer le futur un jour ; je n'ai pour le moment aucune idée de combien de temps va durer mon éloignement de Beyrouth, s'il sera temporaire ou définitif tant que la décision n'a pas été prise en haut lieu sur notre rapatriement au Liban ou notre expatriation ailleurs. Mais où ?

Comme je ne reste pas longtemps, je vais quand même tâcher de relater au mieux ce que je peux observer mais ne comptez pas sur moi pour jouer au journaleux et aller dans la Banlieue sud ou même au Sud du pays. En revanche, je vais essayer de vous montrer quelques vues du Liban d'aujourd'hui et rester fidèle au titre de mon blog.

Je suis content d'être là, je commençais à me sentir vaguement coupable d'être au chaud en France. Et puis, (dédicace spéciale à Nanou), j'ai enfin pu revoir mes petits Libanais. On a regardé un film stupide de Walt disney et avec la plus grande sur mes genoux, la plus petite dans mes bras et le petit garçon qui avait posé ses pieds sur mon bras, je me sentais invincible. Et je me suis rappelé que je n'oublierai jamais ce pays, quoi qu'il arrive.

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