05 août 2008

USA, USB, USC

Si vous vous demandiez la différence entre Slovaques et Tchèques, la photo ci-contre vous l'explique. A gauche, les Slovaques sont des gros hippies qui fument des joints comme des gauchos moyens, à droite, les Tchèques boivent des piles. Cela explique peut-être le monde qui sépare leurs deux capitales, Bratislava et Prague. Au retour (fructueux) d'un séjour dans la capitale tchèque, je suis encore affolé de la beauté de la ville. A un moment, à force de lever le nez pour ne pas louper une merveille architecturales, on commence à en avoir marre de voir tant de bâtiments somptueux, rescapés de l'âge d'or de l'art nouveau, comme en témoignent les superbes illustrations de Mucha. Je vous en mets une pour que vous mettiez un nom sur un style que vous connaissez bien, tant il a inspiré l'illustration contemporaine, et je ne peux que vous recommander son œuvre, présente dans Prague sous forme de vitraux, de fresques et de tableaux. Pendant qu'on y est, je vous encourage également, en cas de séjour dans ce splendide vestige du bon vieux temps impérial, à aller déjeuner au Café Savoy, à vous ébattre dans la piscine de l'hôtel Carlo, et à vous perdre dans les ruelles pour tomber sur la librairie Shakespeare qui reste ouverte tard dans la nuit. Et puis à me rendre visite, j'y serai souvent pour le travail.

Et la Slovaquie ? Me dira-t-on, et on n'aura pas tort. Là aussi, je recommande une des expériences les plus étranges de ma courte vie, car c'était la première fois que je me sentais en état d'ébriété sans picoler. Pour ce faire, essayer les bains de boue chaude de Pistany, un complexe thermal sur une sorte d'île où le temps s'arrête. La Slovaquie possède un potentiel touristique important qu'elle ne parvient pas encore à mettre en valeur. Pourtant, quelques touristes en profitent chaque année, et j'ai été étonné par le nombre d'Arabes qui appréciaient les lieux. Je me demande comment se passe la cohabitation. Les Slovaques sont très catholiques, et j'ai pu noter une forte résurgence de l'extrême droite, notamment par la présence des marques-phares des nazillons comme Lonsdale, Thor Steinar et autres symboles de la "White Supremacy". Les regards sur les femmes voilées ne sont pas tendres, plutôt exaspérés, mais la situation économique slovaque est très bonne, donc pas de pogroms ni de ratonnades. En cas de récession, les immigrés risquent de faire les frais d'un sentiment national qui se cherche après l'Empire, l'ère communiste et la Sécession d'avec la République tchèque. En attendant, les "ethnies" cohabitent. Regardez cette scène prise à Piestany : elle pourrait se dérouler à Beyrouth (notons l'absence des femmes et des mouflets, faut pas déconner non plus, on reste entre hommes).

Bref, je prends mes marques dans une région déjà passionnante. Ce qui, comme promis, ne m'empêche pas de garder un oeil sur le Liban. Et me permet de mélanger les deux cultures, slave et arabe, pour faire remarquer que décidément, la situation libanaise devient kafkaïenne :

Les États-Unis ont demandé des explications officielles au Liban après les déclarations d’un haut responsable sur des préparations en cours visant à libérer les fermes de Chebaa par les armes au cas où les négociations diplomatiques avortaient.
« Vous nous avez beaucoup surpris », ont ainsi dit les Américains aux Libanais, lesquels se sont empressés d’éclairer leur lanterne et de les rassurer, en leur répétant qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. « Nous allons utiliser l’expression “libérer les fermes par les moyens dont nous disposons” dans les textes officiels », ont précisé les Libanais – sachant que la troupe ne dispose pas des armes adéquates pour libérer les hameaux de Chebaa ou les collines de Kfarchouba.


C'est formidable, non ? Je connaissais le double discours, mais à ce niveau là, je ne sais pas comment ça s'appelle. Je me demande ce que boivent les leaders libanais. Si les Slovaques boivent du Che, les Libanais devraient plutôt manger du Lion. De Damas.

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