Le sabre ! Le goupillon !
Ce matin, dans le nord, on entendait les canons. Curieux rappels à l'ordre de la situation, déflagrations discrètes qui permettaient de contredire ce que le cerveau répète depuis maintenant des mois : jusqu'ici, tout va bien. Non, tout ne va pas bien, rien ne va, mais pour continuer à vivre et éviter de se recroqueviller dans sa chambre ou de balancer des rumeurs comme le dernier salaud venu, il faut barrer certaines informations à son esprit. Et penser à autre chose.
Heureusement, deux collègues de blog viennent de façon bien différente me rappeler un sujet qui me tient à coeur. Chroniques beyrouthines fait l'objet d'un assaut en règle de la part des témoins de jéhovah, secte arriérée et intolérante, qui accuse le site d'avoir osé faire de façon humoristique le parallèle entre leurs VRP et ceux du hezbollah. Ce blog subit donc les commentaires incroyablement paradoxaux de chrétiens sectaires qui accusent les auteurs de manquer de tolérance, et ce dans des termes qui montrent clairement qu'il s'agit de blasphème expiable seulement par le feu. De son côté, mon ami Julius me classe parmi ceux qui combattent le catholicisme, et rejetteraient par là-même leur héritage, en particulier en tant que Français (je crois que c'est ça, les voies du seigneur son pas toujours pénétrables). Et ça je veux lui répondre chez moi, car on m'a souvent accusé de combattre les religions. Et on a bien raison.
Les religions ont ceci de spécifique qu'elles se construisent sur l'irrationnel absolu. On prend un axiome (dieu existe), et on continue à bâtir un système dessus, toujours à coup d'axiome. Contrairement à la science, on ne prend pas la peine de tester aucune hypothèse, et lorsque deux d'entre elles rentrent en contradiction, on émet une troisième hypothèse pour les faire coexister. La religion rassure les faibles, et ceux dont les interrogations personnelles ne peuvent se satisfaire de leur propre réflexion. Tant mieux pour eux, respectons la foi, mais qu'on ne vienne pas dire que le catholicisme a jamais contribué à la grandeur de la France : il a au contraire été une des clés de son appauvrissement. Comme le souverain représentait dieu sur terre, il asseyait son pouvoir sur la force et la légitimité divine. En échange, il devait guerroyer lorsque le pape devait conquérir des parts de marché contre les "païens" (ceux qui n'adhéraient pas au monothéisme), les hérétiques ou les infidèles. Les guerres étaient coûteuses, traumatisantes, et ne rapportaient rien à la France, seulement aux chefs de guerre. Cette juxtaposition du pouvoir temporel et spirituel est une vieille ruse de guerre pour asservir une population : on se rappelle de Cortes se faisant passer pour Quetzatcoatl, de l'ascendance du roi du Japon incarnation de la déesse du soleil, ou encore dans les religions laïques, de la fréquente comparaison entre Kim Il Jong et l'astre de jour. Faire croire qu'on est un dieu permet de gouverner une populace qui veut une entité d'exception à sa tête. Mais malheur à celui qui se fait démasquer, comme le montre le très beau film de Huston "The Man Who Would Be King", avec Sean Connery et Michael Caine.
Notre époque a réussi à se débarrasser de la plupart des idéologies sanguinaires, que ce soit le fascisme, le monothéisme ou le communisme. Mais ça et là, des populations en manque de repères se réfugient dans l'extrémisme, pensant que leurs problèmes économiques seront résolus parce qu'ils vouent un culte furieux à Allah, comme autrefois on sacrifiait un animal au dieu des moissons. Alarmés, les populations des pays civilisés croient voir la barbarie à leur porte, et se croient forcés d'invoquer leur dieu blanc, seul capable de jouter contre la divinité des hordes jihadistes. La religion, comme tous les mouvements de décérébrage de masse, provoque la haine, et encore la haine, et la France, berceau des libres-penseurs et génitrice de la laïcité, n'échappe pas, mondialisation oblige, à la reconquête des terrains laissés en friche par des années de progrès intellectuel et psychologique. Voir toutes ces âmes non encombrées par la religion rend la religion gourmande, comme Coca-Cola devient frénétique en contemplant tous ces Chinois qui ne boivent pas encore son produit ! Sauf qu'on peut boire Coca et Pepsi, mais la religion, en tout cas la monothéiste, vous demande de choisir : pas question d'être en même temps grec-orthodoxe et sunnite ! Il faut trancher entre les deux mensonges et choisir le plus confortable !
La religion n'aime pas la démocratie, car elle-même n'élit pas ses représentants, c'est dieu qui les nomme dans leur sommeil. Elle n'aime pas la réflexion, et exige de répéter par coeur prières, homélies et psaumes. Elle n'aime pas la concurrence et refuse la cohabitation avec ceux qui utilisent les mêmes ficelles. Elle n'aime pas la vie et promet que la mort sera plus belle. Elle n'aime pas les hommes et leur refuse le plaisir. Elle n'aime pas les femmes, et les préfère sur un piédestal que dans la fonction suprême. Elle n'aime pas les nations, et contourne leurs lois par ses milliers de relais. Elle n'aime pas la liberté, et impose des règles strictes à tous, sauf à ceux qui les établissent ou doivent les faire respecter. Elle n'aime pas l'amour, et pense que Jésus à bien fait de mourir sur la croix plutôt que de rendre les gens heureux. Elle n'aime rien tant que le pouvoir, et fait tout pour le garder. Si vous n'êtes pas d'accord, venez avec moi un jour écouter les canons, et redites-moi que la religion c'est beau, c'est l'amour, c'est la vie. J'espère que vous douterez, sinon je vous laisserai là-bas, avec vos semblables.