Clic clic boum
Donc, je suis malade et je dois rester à la maison. Je n'ai pas d'autre choix vu mon état que de zapper et essayer d'éviter la vulgarité dégoulinante des clips musicaux libanais et les programmes des candidats aux législatives. Jusqu'à présent, mes favoris étaient les partis d'extrême gauche pour qui le monde est aisé à comprendre : d'un côté les riches (vicieux), de l'autre les pauvres (vertueux). Ne parlant que de fric, leur "dialectique" est assez facile à comprendre. C'est oublier qu'être riche peut avoir différentes raisons, et idem pour la pauvreté. Entre quelqu'un qui n'a jamais eu la chance d'avoir accès à des études, sésame pour obtenir un bon boulot et donc payer des impôts, et le branleur qui ne foutait rien en cours parce qu'il voulait devenir Stomy Bugsy, Zidane ou un autre modèle de voyou fortuné, l'éventail est large. Mais les groupes d'extrême-gauche ne l'entendent pas de cette oreille : le riche est coupable et en conséquence doit payer. On reste dans la pensée catholique, où il est plus difficile à un riche de rentrer au paradis qu'à un chameau, bla bla bla.
Mais parmi les autres programmes , une autre formation a attiré mon attention : celle de la "France en action". D'abord, leur porte-parole est une ancienne star du porno qui a tenté l'aventure de la chansonnette. En l'occurrence, Zarah White a préféré changer de nom pour la grande aventure politique, et on la comprend. La grande antienne de ces petits partis semblent être la référence permanente à la nature, et on a plus l'impression qu'il s'agit de sectes essayant d'obtenir des fonds pour leurs hideux desseins que de candidats sérieux décidés à représenter la République. Pendant ce temps, la droite écrase tout et c'est bien normal, le PS a perdu en grande partie son fonds de commerce : la lutte contre le racisme symbolisé par le Front national. Celui-ci s'écroule, ce qui fait plaisir, pendant que son pendant bolchévique conserverait quelques députés à l'Assemblée.Jean-Marie Le Pen était au deuxième tour de l'élection présidentielle en 2002 ; Marie-Georges Buffet a fait 3% à celle de 2007, et pourtant le FN n'aura pas de représentant. Le système ne fonctionne pas, et le PS est le premier à en payer le prix. Car sans ce combat noble et vide, que reste-t-il comme programme à la rue de Solférino ?
Je zappe, je zappe, et je vois la nouvelle : un député Moustaqbal, Walid Eido, a été tué dans un attentat à Manara cet après-midi. Son fils, deux gardes du corps et deux passants sont morts dans l'explosion. Fini de rire. Ceux qui ont perpétué les attentats jusqu'à maintenant passent à la vitesse supérieure et prouvent qu'ils sont sérieux, et qu'ils peuvent tuer, le gouvernement et le 14 mars ayant refusé de prendre en considération leurs avertissements explosifs des dernières semaines. Le Liban rend fou. Parce qu'il n'y avait pas eu d'explosion depuis quelques jours, on se sentait presque en sécurité. On ne parlait même pas de terrorisme, on évoquait les attentats comme des évènements déplaisants, en se rassurant comme on pouvait : c'est la nuit, ils ne tuent personne, ils veulent entretenir un climat de peur. La réalité a frappé en plein jour, et les coupables sont maintenant clairement désignés. Pendant ce temps, à Damas, tout va bien, les rues sont sûres, et la frontière avec Israël est d'un calme absolu.
Pour vous tenir au courant de ce qui se passe au Liban, vous pouvez aussi aller ici. Il s'agit d'un blog rédigé par deux journalistes en bon français (ce qui est assez rare pour les blogs libanais francophones) avec en prime de bons reportages photos et une terrible carte des attentats depuis 2004. Se serrer les coudes n'a jamais été aussi important qu'en ces temps de barbarie. Je retourne me coucher, et vous devriez faire pareil.