21 mai 2007

Surboum

Encore un attentat à Verdun cette fois, à "Beyrouth ouest", près d'un centre commercial, le Dunes. Les terroristes ne chôment pas, c'est d'ailleurs leur principale qualité. Je me demande si vraiment leur objectif est d'empêcher l'instauration du tribunal international : quand on voit les images, comme je les regarde en ce moment sur LBC, on se rend compte que le Liban ne peut pas se sortir tout seul d'une crise dans laquelle de nombreux pays étrangers ont contribué à le plonger. Alors que les affrontements entre Fatah el Islam et les forces de sécurité libanaises (et non pas les forces libanaises comme on l'écrit dans certains journaux, il s'agit d'un parti politique) continuent, et que les militaires ne sont pas à la fête, un deuxième front semble s'ouvrir, plus insidieux, mais qui conserve la marque de l'avertissement. En frappant de nuit, les terroristes veulent montrer qu'ils peuvent frapper quand ils veulent, mais s'arrangent pour qu'il y ait le moins de victimes possibles, tout en provoquant le plus de terreur grâce à la nuit. Vous vous imaginez expliquer la situation à vos enfants, réveillés dans leur sommeil par les cris des adultes ? Tout vaut mieux que cette situation pourrie, à laquelle chacun a contribué. Il doit se sentir bien con, le général Aoun, en contemplant ce dont sont capables ses nouveaux copains. Et Nasrallah aura du mal à expliquer la nécessité de ces attentats qui n'ont pas fait une seule victime israélienne...

Est-ce que l'espoir existe encore ? Est-ce qu'on peut se dire qu'en serrant les dents, en attendant que ça se passe, on aboutira à une situation meilleure ? Depuis 1996 que je suis installé au Liban, la situation a empiré, après une brève embellie qui n'a eu d'autre mérite que de faire grimper le prix de l'immobilier. Aujourd'hui, le Liban est divisée entre camps irréconciliables, comme au temps de la guerre de 1975-90, alors même qu'on avait pensé qu'elle servirait de leçon. Mais non. Les hommes comme Aoun n'apprennent pas, ils se trompent et expliquent que c'était intentionnel. Les hommes comme Nasrallah ne prennent de leçons que de leur dieu, dont ils sont le ventriloque. Et ceux qui commettent les attentats en pleine nuit, qui réveillent les enfants et blessent les vieillards, ne méritent pas d'être considérés comme des humains. Ni des animaux non plus, je n'ai jamais assisté à un attentat entre deux factions de blaireaux ou de caniches. Le Liban me rend fasciste, me fait perdre ma foi en l'homme, me fait comprendre la violence. Dois-je partir ? Combien d'entre nous se posent la question ici ? Seulement ceux qui ont le choix, ce luxe ultime au Liban de pouvoir partir si le navire coule.

Des hommes courent partout, tentant de contenir la nouvelle catastrophe qui a frappé le Liban. Il n'en faudra pas beaucoup plus pour faire revenir les vieux démons, invoqués dans les nuages de fumée et les explosions sulfuriques. Et c'est toujours la même histoire, la même litanie.
N'oubliez pas le Liban. Encore et toujours.

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