De toute façon, une route, c'est très surfait
Ce matin, j'ai reçu une lettre (pas dans ma boîte aux lettres, au Liban, on n'a pas de boîte aux lettres, on a des concierges de pays du tiers-monde, c'est nettement plus chic) de Paris. Intrigué, je l'ai ouvert fébrilement car quand je reçois des lettres de notre bonne capitale, c'est les impôts qui me réclament des arriérés de 1997 ou demandent une caution représentant dix fois le montant des actifs potentiels que je possèderais si j'étais un chien de capitaliste. Ce n'était pas les impôts, donc j'ai épongé mon front mouillé par la crainte de devoir encore filer du pognon à l'Etat français alors même que je suis expatrié depuis 15 ans. Mais c'était l'Etat puisque j'étais invité au meeting de l'UMP du 14 janvier.
Je suis tombé des nues. Seul l'Etat possède mon adresse libanaise, ainsi que les membres de ma famille mais eux ne votent pas Sarkozy, à part un ancien chevènementiste. Donc, ça veut dire qu'un certain candidat mentionné dans la phrase précédente se sert des listings de l'Etat pour organiser sa campagne aux élections présidentielles. Vous n'êtes pas étonnés ? Moi non plus, mais je suis quand même vaguement dégoûté.
A part ça, ça y est, on va l'avoir notre escalade ! Le hezbollah sent qu'on le prend pour un con, alors à partir du 20, selon Omar Karamé, on va voir ce qu'on va voir, à savoir des routes bloquées, des aéroports paralysés (il paraît qu'on a plusieurs aéroports), des bateaux arraisonnés, bref un Liban hors-service. Le parti de dieu a perdu beaucoup de ses soutiens, et l'ensemble de l'Occident et la majorité des pays arabes sont bien décidés à aider le gouvernement Siniora qui n'a pas eu de membre assassiné depuis bien longtemps. La seule issue pour le hezb consiste donc à provoquer la confrontation, ce qui reste de l'Etat libanais ne pouvant accepter la paralysie du pays sans réagir. Une fois de plus, comme au basket, Nasrallah provoque la faute et tente de réitérer son exploit de l'été où il était apparu comme la victime qui arrive à mettre en déroute l'agresseur. La guerre civile repointe son ombre, et même si on s'habitue aux rodomontades de l'opposition, en particulier celle d'Aoun, on ne sait que trop bien qu'on reconnaît les cons à ce qu'ils osent tout.
Le hezbollah a intérêt à provoquer des troubles au sein même du Liban, car une nouvelle confrontation avec Israël risquerait de tourner au carnage. Le nouveau chef de l'armée israélienne sera certainement choisi pour sa connaissance de la Galilée et du Liban, et on peut gager qu'Israël aura su apprendre de son embourbement de juillet 2006 contre les armes iraniennes. Si le hezbollah continue à recevoir des armes qui transitent par la Syrie et que la FINUL ne peut rien contre, Israël frappera de toutes ses colossales forces, quitte à réduire le Liban en champ de cendres. On parle de phénix libanais, mais pour renaître, il lui faudra cette fois-ci un miracle, ou une étincelle.
A moins que le Golan ne soit la clé du problème et que la Syrie accepte de remuseler ses chiens de combat au Liban et dans les territoires palestiniens en échange du retour du plateau occupé par Israël. Ici encore, le Liban risque d'être pénalisé car il sera difficile d'expliquer que ce petit Etat refuse de reconnaître son puissant voisin alors que des puissances autrement plus bélligérantes, comme l'Egypte, la Jordanie et la Syrie, ont accepté la coexistence. Mais bon, relisez ce que j'ai écrit sur les cons en empruntant à un certain Audiard.
Bon, si les routes vont être bloquées, il va falloir que je me dépêche pour aller au congrès de l'UMP. Ha ben flûte, c'est passé. On a toujours les nouvelles en retard dans ce pays. Qui a gagné alors ? Villepin ?