30 octobre 2006

Califourchon

Après NYC, cinq heures d’avion pour rejoindre la Californie où j’ai habité il y a quelques années. On a raison de poser que tout est plus grand aux Etats-Unis : je retrouve des amis dans ce pays qui ont fréquenté les mêmes établissements universitaires que moi, mais se retrouve dix ans après avec des revenus américains qui n’ont rien à voir. Les copains chez qui je loge se connaissent depuis vingt ans, étaient parmi les pires cancres de notre université californienne, et auraient du se retrouver à pointer au chômage ou à travailler chez Taco Bell devant leur peu de motivation au travail. Au lieu de cela, ils ont monté leur propre entreprise, qui a ramé au début pour décoller, mais leur permet maintenant de dégager des revenus très confortables, tout en ne travaillant que quelques heures par jour et en prenant de longues vacances dans des pays « exotiques » quand ils le souhaitent. En France, on aurait tendance à trouver cela immoral. Moi-même j’ai du mal à comprendre comment ils arrivent à gagner dix fois plus que moi avec moins de diplômes, ce qui prouve bien que je suis imprégné de cette mentalité française limite socialisante qui veut qu’on accepte mal la réussite financière quelle que soit son origine. C’est aussi à ça que sert l’exposition à d’autres cultures : parvenir à mieux comprendre la sienne, et en cerner les forces et les faiblesses.

Quand j’habitais en Californie, j’étais toujours surpris de l’incroyable dynamisme des Californiens, toujours en mouvement même s’ils donnaient l’impression de passer leur temps en bermuda et tongs à aller à la plage et à regarder des shows pourris à la télé. Il semble que tout soit encore possible dans cet Etat qui incarne à lui seul le rêve américain. Cinquième puissance économique du monde, la Californie peut aussi représenter le cauchemar pour ceux qui sont laissés-pour-compte, que l’on reconnaît en général à ce qu’ils sont les seuls à marcher, alors que la plupart des locaux utilisent une voiture, seul moyen de parcourir l’immensité californienne. Mes amis sont des fils d’immigrés arrivés aux Etats-Unis en désespoir de cause, le père de l’un d’entre eux est un survivant d’Auschwitz, j’en avais parlé précédemment dans un billet, c’est celui qui porte encore le tatouage infamant des rescapés de l’holocauste. Malgré des origines familiales qui ne les auraient pas incitées à faire autre chose que perpétuer une forme de nostalgie pour le vieux continent et une éducation universitaire plutôt moyenne, les deux Californiens fils d’immigrés sont parvenus à monter une société profitable, au point d’être invités par notre ancienne université à parler de leur succès devant les étudiants. Des « success stories » comme la leur, il en existe des centaines en Californie, qui parviennent presque à faire oublier que plus de 40 millions d’Américains n’ont pas accès à la sécurité sociale.

La Californie est l'endroit le plus dépaysant où j'aie vécu, tout fonctionne selon un mode différent, y compris le temps qui s'écoule de façon différente qu'en Europe. En revanche, tout comme à NYC, on y trouve de quoi très bien manger, si on oublie un peu les habitudes alimentaires de la vieille Europe. Ma première visite a été pour un monument de "l'art culinaire californien" du fast food : In n Out burgers. Je m'en suis engouffré quatre pour commencer, en me promettant d'y revenir rapidement. Je viens d'arriver, alors donnez-moi un peu de temps pour vous parler de cette Californie que je retrouve, qui reste la même et qui pourtant a tellement changé en dix ans. (Et les photos suivront quand Blogger le daignera)

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