09 septembre 2006

Poker, échecs et billard

En général, dans un négociation ou un dialogue, il faut que les deux partenaires aient un minimum de confiance entre eux. Mais que peut-on attendre quand il s'agit d'un Etat qui doit discuter avec une organisation dont l'existence même est justifiée par la destruction de l'autre. Si Israël disparaît, alors logiquement le Hezbollah disparaîtrait aussi, mais comme l'Etat hébreu n'a aucune intention de s'évanouir, alors le Hezbollah restera pour clamer sa haine et ses victoires. Mais en attendant, il faut trouver une solution pour sortir de la crise. Alors Olmert, franchement désapprouvé par l'opinion publique, sort un joker, pratique acceptée dans le poker menteur :

Nous serons d’accord pour discuter du statut des fermes de Chebaa si le Liban remplit ses engagements vis-à-vis de la résolution 1701, comprenant le désarmement du Hezbollah », a déclaré jeudi soir M. Olmert au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, selon un communiqué officiel publié hier.Il a ajouté que le « secteur devrait être reconnu auparavant comme libanais et non syrien ».

D'abord on se demande un peu ce que les Russes font là, eux qui sont restés assez cois pendant le conflit, et qui ont des amitiés historiques plutôt avec la Syrie. En proposant de discuter, Olmert ne se mouille pas trop, et il sait de toute façon que le Hezbollah ne lui fera pas confiance et ne compte que sur ses armes pour se défendre. Car un Hezbollah sans armes serait ravagé à l'intérieur même du Liban, sans même attendre Israël.

Les blocus se lèvent, et on peut se dire qu'au final Israël a fait une bonne affaire, puisque l'ONU et les nations qui vont participer au filtrage vont faire le travail pour lui. Sauf que, on apprend que la France, très engagée dans les opérations de surveillance du territoire maritime libanais, ne pourra pas bloquer par la force un navire, que la mission française consiste à surveiller et repérer les bateaux suspects puis de confier la mission d'arrestation si besoin est aux autorités libanaises, dont l'efficacité a été maintes fois prouvée. Ce serait bien sûr en attendant l'arrivée de la FINUL dont le statut reste encore à déterminer mais dont la composition fait grincer des dents.

Car les Arméniens du Liban, en particulier le Tachnag, ne veulent pas de soldats turcs dans la force de l'ONU, parce que la Turquie n'a pas reconnu le génocide de 1915, et aussi peut-être parce qu'elle est un allié stratégique et militaire d'Israël. Mais il est important que la nouvelle FINUL comporte des soldats musulmans, parce que les Libanais veulent une force d'occupation qui leur ressemble : un peu de chrétienté, un peu d'Islam. Je ne me rappelle pas que les forces d'occupation de l'Irak aient respecté cette représentativité, mais en même temps, elles n'étaient pas chapeauté par l'ONU. Là où j'ai du mal à suivre le communautarisme, c'est pour le contingent népalais, présent depuis des années au Sud Liban, et dont la religion est majoritairement l'hindouisme. Quelle comunauté les Népalais représentent-ils ? Vont-ils être obligés de partir parce qu'il n'y a pas de communauté hindoue considérée comme une force politique au Liban ?

Et pendant ce temps, comment ça va en Iran ? Plutôt bien, j'ai l'impression. On continue de jouer au billard à trois bandes, et à prendre le Liban pour une boule blanche.

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