20 juillet 2006

Leçons 2

J'ai discuté ce matin avec un journaliste de France Info. Notre court entretien serait diffusé aujourd'hui après 17h sur la radio d'infos en continu.

J'espère que je n'ai pas trop dit d'absurdités. Quand je vois les réactions sur ce blog pour un mot, les critiques qui fusent quand on ne s'entend pas sur une définition, je n'ose pas penser aux confusions qui peuvent naître après un entretien de cinq minutes à la radio, qui durera 30 secondes après montage. J'ai déjà fait des interviews, mais jamais sur un sujet aussi sensible et important. Je vous laisse juge, si vous captez France Info. Vous pouvez critiquer ici.

Mais je voulais utiliser le titre "Leçons" une deuxième fois pour évoquer la vie au Liban pendant la guerre de 1974-1990 telle que l'on me l'a raconté. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais les Libanais qui sont restés dans leur pays ont du continuer à vivre, à étudier, à sortir, à travailler pendant que les bombes peuvaient de tous les côtés, que les alliances changeaient littéralement au jour le jour, et que les voisins d'hier devenaient les ennemis d'aujourd'hui. Malgré toute cette pression, ce danger de mort permanent, les jeunes Libanais qui sont nés avec la guerre ont reçu une éducation supérieure de grande qualité, et sont très recherchés comme professionnels dans le monde arabe, mais aussi en Occident.

Je suis très impressionné par cette obstination de vie. Quand j'ai fait mes études, on trouvait qu'on avait la vie dure parce qu'il fallait se lever tôt et réviser pour les exams. Au Liban, c'était plutôt pénurie d'eau, d'électricité (ça, ça a pas trop changé), routes défoncées par les obus, contrôles des milices à tous les carrefours, alertes à la bombe, profs qui venaient pas parce qu'ils avaient été kidnappés ou pire (le rêve des étudiants français), bref, un vrai parcours du combattant.

C'est une leçon pour moi que cette faculté de vivre, et pas seulement survivre, que les Libanais ont manifesté durant la guerre de 1975-1990. La guerre recommence aujourd'hui, pour des raisons similaires, et je suis un peu rassuré pour mes proches quand je repense à leurs exploits précédents. Je pense beaucoup à eux, je m'inquiète, mais en même temps, je sais qu'ils ont ces formidables réflexes d'adaptation aux situations extrêmes.

Pour autant, il faut que le conflit s'arrête vite. D'abord parce que la population souffre, et souffrira de plus en plus. Ensuite, parce que comme je le martèle, les médias et l'opinion publique se fatigueront vite d'un conflit auquel ils ne comprennent finalement pas grand chose. Et comment les blâmer, devant la complexité des enjeux, qui dépasse ce petit pays et ces habitants.

Malgré tout, n'oubliez pas le Liban.
S'il vous paît.

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