09 janvier 2008

Volutes

Commençons par un hommage à des gens exceptionnels, des résistants, des guerriers de la civilisation, ceux qui savent se sacrifier pour que les valeurs d'une nation ne s'écroulent pas dans le noir cauchemar de la barbarie anglo-saxonne, des hommes et des femmes ordinaires qui refusent le diktat d'un gouvernement policier qui cherche à emprisonner nos rêves et nous empêche de faire ce qu'on veut - parce qu'en France, sérieux, on peut plus rien dire ou faire, demain faudra demander l'autorisation pour baiser ou se gratter les couilles - mais quelques-uns se dressent contre la tyrannie, et continuent de fumer ! Bravo à vous, les foules anonymes, qui refusez que les industriels du tabac fassent faillite, que le cancer recule, ou qu'on puisse sortir d'un bar sans avoir les fringues qui puent la clope. Acceptez ces mots d'admiration d'un fumeur depuis des années qui manque tellement de courage qu'il saute sur chaque occasion de ne pas pratiquer, mouton qu'il est, citoyen suiviste parmi d'autres, crétin ravi de la crèche qui parvient à ne pas toucher une cigarette pendant des jours en France alors qu'il se rue sur les cibiches des autres dès qu'il pose le pied au Liban. On a parlé des Justes, des Résistants, des Martyrs. Quel sera le terme employé pour caractériser les fumeurs contre vents et décrets ? Peut-être le même que pour ceux qui déplorent l'annulation du Paris-Dakar.

Au Liban au moins, on applique le slogan de Gauloises "Liberté toujours", et on clope à tout va. Ce qui ne semble pas aider à trouver une solution électorale. Qui s'en préoccupe encore ? On se querelle pour des maroquins alors que tout reste à construire ou à détruire. Les soldats de la FINUL se font tuer, ce qui n'est pas leur job, et des roquettes s'abattent sur Israël, ce qui ne provoque pas même un battement de sourcils des partisans du malheur arabe. Qu'est-ce qu'on attend pour tous descendre dans la rue ? 1. il fait froid 2. on l'a déjà fait, en masse, et ça n'a servi à rien 3. si on descend dans la rue, ça va être l'occasion qu'attendent les chefs de tribu pour recommencer à s'injurier en prenant la foule à témoin. Non, autant rester chez soi tranquille à attendre que ça se passe, en fumant un coup. J'appelle d'ailleurs solennellement les fumeurs français à venir se réfugier ici, leur sens du civisme et de l'intelligence politique pourrait servir une autre noble cause.

Sinon, ils peuvent rester en France, car il semble que N.S. soit en difficulté et s'accroche à un pouvoir vacillant. La moindre de ses décisions est maintenant contestée à outrance, et si demain il s'avise de dire que le ciel est bleu, on peut s'attendre à un déluge d'éditos vengeurs sur ses manières de nouveau riche qui n'a pas à s'inquiéter du soleil vu qu'il porte des Ray Ban. C'est vrai que son histoire avec la nympho transalpine (attention aux coquilles) est ridicule, mais on trouve tout de même dans son fatras de gesticulations des choses intéressantes. Que l'audiovisuel public français n'ait plus droit à la pub est un juste retour des choses, puisqu'il a été autorisé très tard à en profiter. Ce sera alors la fin de la course à l'audimat, et la possibilité d'avoir des émissions sans SMS ni Ardisson qui pourraient éventuellement informer le téléspectateur en le distrayant comme à la grande époque de l'ORTF, disent les vieux cons. Mais alors, quid du président ? Deviendrait-il persona non grata sur ses propres chaînes pour vulgarité analphabète ? Quand le peuple français se heurte à un dilemme de civilisation, il entre en résistance. Aujourd'hui, fumer, c'est protester Sarkozy. Pas étonnant que Time diagnostique la fin de la culture française, et que des écrivaillons comme Olivier Poivre d'Arvor daignent lui répondre. C'est ennuyeux tout ça, et vaguement superficiel. Je retourne célébrer la bonne campagne d'Hillary, au risque d'être taxé de féministe - suprême horreur - et je regarderai les chaînes people de France et du Liban quand on y interdira non la cigarette, mais la connerie vulgos.

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