04 janvier 2008

WIS? WIA? WIW? WIB?

C'est quand même rare qu'une année commence avec une si bonne nouvelle : le rallye autrefois nommé "Paris-Dakar" est annulé ! Alors que je m'apprêtais à vous souhaiter mes bons voeux et à réitérer une liste pour l'année qui vient du genre, "Au Liban, moins de Michel, plus d'EDL" ou "Aux USA, plus d'Hillary, moins de busheries", et que donc je comptais inclure quelques malédictions à l'encontre des organisateurs et participants de cette saloperie à roulettes, je vois à la télé les mines déconfites des sus-dits abrutis se lamenter de l'annulation de leur safari impérialiste sur le thème de "les Mauritaniens sont bien tristes, on leur amenait la joie". Des années que j'attends ça ! Je sens que 2008 sera un grand millésime, et je me dis que finalement, j'ai eu raison d'insulter régulièrement le Paris-Dakar, ça a sûrement eu un effet indirect.

2008, grande année donc, en tout cas année charnière. Comme annoncé, je quitte le Liban pour des cieux, disons, moins radieux mais ô combien plus cléments. La question se posera donc de la continuation de ce blog, et si oui, sous quel titre/thème. Je pourrai peut-être bloguer "à découvert", en n'ayant plus à craindre les foudres de ceux qui s'estiment malmenés par ces modestes écrits. En tout cas, ça me permettra d'acquérir encore un autre point de vue sur la planète, celui d'un pays Mittel-Europa, et cette perspective m'enchante, surtout après une expérience moyen-orientale qui me laisse un peu sur ma faim.

Je crois que je n'ai pas compris le Liban. Je ne comprends ni le 14 mars, ni le 8 mars, ni la soif de religion des Libanais, ni cette revendication d'indépendance illusoire, ni ce besoin de s'affirmer en permanence rois borgnes d'un pays d'aveugles. D'athée, je suis devenu clairement anti-clérical. J'ai parfois des relents de fascisme, et je commence à croire fermement, malgré des convictions que je pensais profondément ancrées, que certaines personnes ne peuvent pas vivre avec les autres, et que certains humains n'ont pas leur place sur terre. Séjourner en Afrique du Sud a été à cet égard extrêmement revigorant, me permettant de me tenir au milieu d'humains de couleur différente qui ont toutes les raisons de se haïr et de s'entre-déchirer, mais qui préfèrent se battre pour vivre ensemble malgré tout. Le Liban ressemble de plus en plus à un vieux couple qui ne peut plus vivre ensemble, mais ne parvient pas à se séparer car il sait qu'il n'y survivrait pas. Ce n'est pas la meilleure des chansons de U2 ce With or without you. Je lui préfère Bloody Sunday, mais au Liban l'Histoire n'existe pas, constamment réinventée qu'elle est, donc on ne peut en tirer des leçons. Peut-être faudra-t-il se contenter un jour de How to dismantle an Atomic Bomb ?

Je ne suis pas particulièrement fan de ces références de chansons qui font un peu initié à la Libé. Pourtant, les mélodies d'amour qui évoquent un échec dans un couple m'assaillent quand je pense que je vais quitter ce pays. Je ressens clairement une impression amère de ne pas avoir réussi, même si d'un point de vue familial, amical ou professionnel, je suis tout à fait content. Mais ce sera la première fois que je partirai d'un pays en ayant la certitude que je le regretterai, mais que je n'y revivrai plus jamais. Je viendrai de temps en temps visiter ces communautés qui se haïssent et ne voient plus que l'autre sans percevoir le reste du monde, mais je ne m'agiterai plus pour les aider. C'est dommage. Encore quelques semaines et le Liban sera un souvenir. Que deviendra WIL ? Bonne année à vous, et comme dirait les milliardaires de Google, Don't be evil.

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