14 janvier 2008

Le Liban, modèle de coexistence belliqueuse

Cette recherche ne date pas d'hier mais ses résultats sont tellement tranchés qu'ils méritent qu'on s'y attarde. Le Pew Research Center est un "fact tank", ce qui le différentie en théorie d'un "think tank" en ce qu'il est supposé n'amener que des données quasi brutes sur les Etats-Unis et le monde. Cette batterie de sondages réalisée sur le Liban nous apprend donc que la ligne de fracture religieuse ne se situe pas entre chrétiens et musulmans, mais à l'intérieur de l'Islam. On l'a compris depuis longtemps, mais depuis Washington, cette subtilité semble parfois échapper aux meilleurs analystes.

La communauté chiite (terme à évoquer avec précaution tant on sait qu'il existe de nombreux individus rattachés d'autorité à un grand ensemble alors même qu'ils n'en partagent pas les valeurs) semble préférer largement l'Iran aux Etats-Unis comme modèle de démocratie, ce qui n'est pas vraiment une surprise. En revanche, l'opinion que se feraient les chiites des Nations Unies et de l'Europe peut inquiéter à raison. Les Nations Unies se sont battues avec le peu de moyens qu'on leur concède pour ramener la paix au Liban, et ont certainement évité nombre de carnages qui auraient touché les chiites en priorité. De même, l'Union européenne pour laquelle j'éprouve pourtant un solide mépris de contribuable, a contribué à de nombreux projets de développement, en particulier dans le Sud du Liban, mais possède une image extrêmement négative car considérée comme occidental au même titre que les Etats-Unis.

Il semble que le soutien massif des chiites au hezb procède d'une méfiance généralisée à l'encontre des puissances tutélaires au Liban et ne saurait être contré ni par une action militaire contre la "Résistance" qui la renforcerait si elle n'était pas entièrement annihilée, ni par des campagnes de communication rappelant le rôle positif des USA, de l'Europe ou des Nations Unies. Le clivage entre communautés apparaît comme un fossé, sans parler des déchirements politiques internes comme chez les maronites. Un seul chiffre inspire un peu plus d'espoir quant à l'avenir du pays, et c'est la diminution de l'image positive du terrorisme selon le Pew Center. Reste que pour 42% des chiites, le recours au terrorisme se comprend de temps à autre, ce qui laisse à penser que la saison des bombes ne va pas s'arrêter avec le retour au printemps. On aurait toutefois aimé que la question sur le soutien au terrorisme s'adresse également aux chrétiens, les musulmans n'ayant historiquement ou même de nos jours pas le monopole de la "violence aveugle".

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