Bestiaire et combattants
Ce que dit Calli dans son blog confirme ce que je commence à penser et que j'avais évoqué il y a quelques jours : on assiste de plus en plus à une coupure du Liban en deux, et cette scission n'a plus rien à voir avec la religion. Je n'ai jamais vraiment cru dans le phénomène religieux pour expliquer un pays aussi complexe que le Liban. Comment expliquer qu'il existe des Chrétiens encore alliés à la Syrie, les Maradas, particulièrement puissants au Nord du pays ? Qui peut comprendre l'alliance électorale de Michel Aoun, général maronite, avec le Hezbollah, sinon en avançant que le chef du Courant Patriotique Libre, étant issu d'un milieu modeste se sent plus à l'aise avec Nasrallah, aux origines similaires, qu'avec les héritiers de grandes familles comme Saad Hariri ou Walid Joumblatt ? Pourquoi de nombreux chiites préfèrent-ils fuir le Liban plutôt que de devoir cohabiter avec les supporters du Hezbollah ? Ce manichéisme n'est pas agréable à constater, mais l'affaire qui nous intéresse n'a jamais été chrétiens contre musulmans, mais bien "partisans de la démocratie" contre "forces révolutionnaires". Ces deux termes sont, j'en conviens, caricaturaux, mais les forces qui se rassemblent sont hétéroclites et je n'ai pas trouvé d'autres dénominateurs communs.
Rappelons-nous de la Guerre d'Espagne, ou de la Deuxième Guerre mondiale ou de toutes les guerres idéologiques : il y a toujours deux camps composés de plusieurs factions qui s'affrontent militairement, puis le vainqueur se scinde à son tour et les alliés d'hier deviennent les ennemis du jour, et ainsi de suite. Les jours qui viennent nous donneront une image plus précise des forces en présence, et de l'ampleur du conflit à venir.