14 août 2006

Allumez-le-feu (titre provisoire)

Un cessez-le-feu intervient donc enfin dans les hostilités. Tout le monde s'en réjouit, moi le premier, mais tous les problèmes ne sont pas réglés. D'abord, évidemment les armes du Hezbollah. On avait coutume de dire qu'Israël constituait le porte-avions américain au Moyen-Orient (ou l'Angleterre en Europe, mais c'est une autre histoire). Désormais, le Liban constitue le porte-avions iranien au Moyen-Orient et, comme Téhéran ne peut atteindre Israël depuis son territoire, le régime des mollahs utilise le pays des Cèdres (quelle expression désuète !) pour réaliser ses objectifs : unifier sa population derrière le seul projet suffisamment fort pour que les Iraniens oublient qu'ils vivent dans une dictature archaïque, la destruction d'Israël et le bras de fer avec l'Occident. C'est là où je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe dans la tête de Nasrallah, sûrement parce que je ne suis pas croyant. Comment peut-il accepter de servir de marionnettes à l'Iran, tout en prétendant aimer le Liban, et en risquant la vie de ses correligionnaires de manière parfaitement inutile ? Pour l'au-delà ? Et si c'est l'enfer qui l'attend ? Je ne sais pas trop quel genre de rapport on entretient avec l'au-delà quand on est croyant, ce que je sais c'est que pour moi, l'enfer ça doit être les bombes qui s'abattent sur soi en permanence, comme un mortel supplice chinois.

Donc, que faire des armes du Hezbollah qui refuse de les lâcher ? Et on le comprend, quelle serait la réaction des Libanais face à un Hezbollah sans armes ? Sûrement de la vengeance. De toute façon, on se souvient que l'IRA provisoire, après avoir accepté de rendre son arsenal sous la surveillance d'un général canadien, avait caché quelques pétoires et recommandé illico du matériel de guerre aux Russes. Surtout, un désarmement ne pourrait avoir lieu que sous l'égide de l'ONU, qui comptabliserait l'ensemble des arme, additionnerait le tout au décompte détaillé des obus tombés sur Israël et arriverait à un total qui ne jouerait pas en faveur de la légende des "meilleurs guerriers du Moyen-Orient armés de quelques kalachnikoffs".

Imaginons toujours que le cessez-le-feu tienne. Quelle sera la relation entre Israël et le Liban après ce conflit ? Et la position de la Syrie ? Le pragmatique Saniora voudra certainement entériner un pacte de non-agression entre son pays et celui d'Olmert. Ira-t-on jusqu'à l'en empêcher "physiquement" ? Rappelons les attentats politiques constituaient le principal problème que connaissait le Liban il y a quelques mois.

Enfin, le Liban, comment va-t-il se reconstruire ? Pour les bâtiments, et pour Baalback, peu d'inquiétude, si la volonté est présente, tout devrait aller vite. Mais comment les gens vont se reconstruire ? Il me paraît difficile, quand on a subi les bombes, d'accepter de discuter avec son agresseur, même si la plupart, à l'instar de l'ONU, perçoive la responsabilité du Hezbollah. De nouveau, je pense aux enfants. Comment et quoi leur expliquer après avoir connu un mois (en restant optimiste pour la suite) de bombardements ? Le Liban était déjà scindé en communautés avant juillet 2006, contrairement à la légende du dialogue des religions. J'ai peur que ce soit encore pire par la suite, avec des chiites ostracisés après avoir été surmédiatisés dans leurs souffrances.

Et la reconstruction devra se passer de tous ceux qui ont décidé, pour des raisons professionnelles ou personnelles de ne pas rentrer au Liban. Espérons que ce mouvement sera compensé par un afflux de volontaires prêts à jouer les pionniers. Cet enthousiasme implique que les questions précédentes (armement milicien, relation Libano-israélienne, projet d'avenir) soient résolues. Quel est l'équivalent de "Prions" pour les mécréants comme moi ?

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