22 septembre 2007

Sick of Moore

En ce jour de Kippour, suivons la tradition juive et pardonnons à tout le monde, sauf à Hassan Nasrallah et ses potes qui vont manger bientôt inch'allah, et surtout pas à Michael Moore. J'ai retardé le moment où j'irais voir son dernier forfait, bien que son film dorme dans mon disque dur depuis quelques semaines, car j'avais peur de voir jusqu'où la démagogie allait emmener le Bayrou américain, le redresseur de torts catho, le yankee préféré des Français après Noam Chomsky, le post-marxisant le plus inculte de tout le cinéma hollywoodien. Je n'étais pas préparé à ça. Pour ceux qui ont vu le film, à moins que vous ne soyez convaincu qu'il existe un complot comprenant George Bush, les grandes multinationales, la finance juive et Sarkozy, je pense que comme moi vous avez été atterré de voir jusqu'où Moore poussait la mauvaise foi. Pour ceux qui n'ont pas vu le film, je m'en vais le gâcher en vous en narrant la fin : Michael Moore découvre que Cuba, c'est vachement bien, sûrement mieux que les Etats-Unis d'ailleurs puisque même les Américains peuvent s'y faire soigner par un personnel qui les accueille comme s'il avait été formé à l'école hôtelière de Lausanne. En passant, Moore trouve que la France c'est vachement bien aussi, ce qui fera plaisir à not'président, et que l'Angleterre, c'est le jackpot. Pour avoir vécu à Londres, je tiens à dire que Michael Moore se fourre la caméra dans l'oeil en confondant sa lentille de caméra avec ses lunettes de myope. Evidemment, on n'oublie pas le Canada, dont la description fait mentir l'avant-dernier film de Denys Arcand où il montrait un système de santé à la ramasse.

Moore nous a habitué à la démagogie, en laissant entendre que tout est mieux hors des USA. Mais là, on atteint des sommets, où des records de profondeur. Le système de santé américain est certainement perfectible (bien que Moore oublie de préciser que la recherche médicale américaine est la meilleure du monde), mais accuser les grosses firmes qui tyrannisent les petites gens, c'est de la démagogie. Il est évident qu'une compagnie d'assurances prend plus de risques avec un fumeur qu'avec un non-fumeur, ou avec un obèse qu'avec une personne en bonne santé. Mais M. Moore serait-il prêt à signer un contrat d'assurances qui lui dicterait ce qu'il doit faire pour rester en bonne santé, y compris perdre, à vus de nez, 40 kilos ? Je ne pense pas, Moore, en bon membre de la NRA, considère que bâfrer des cheeseburgers fait partie de sa liberté, et que les hôpitaux n'ont qu'à se démerder avec son quintuple pontage. On avait la gauche caviar en France, paix à son âme, on découvre avec effroi la gauche cheeseburger aux Etats-Unis.

Je pense qu'il faudrait tout de même montrer l'épisode français au personnel hospitalier de notre pays, qu'ils comprennent que, décidément, ils se plaignent pour rien (attention ! Phrase ironique) et surtout, il nous faut nous cotiser pour que Michael "Che" Moore puisse installer sa boîte de production à La Havane, d'où il pourra continuer à loisir son intéressant travail de critique de son environnement immédiat (Mike n'aime pas trop voyager dans les pays du tiers-monde ou chez les dictateurs à plus d'une heure d'avion). Moore utilise des techniques d'agit-prop rudimentaires mais qui fonctionnent : le petit peuple est écrasé par le système, et les riches s'engraissent au détriment des pauvres qui sont tous vertueux. En oubliant de préciser que le petit peuple a le choix, et qu'il serait intéressant de demander aux "victimes" de son film pour qui elles ont voté précédemment. Ceux qui ont voté républicain pour payer moins d'impôts ont le revers de la médaille, un peu comme le Français qui s'offusque que Moulinex délocalise en Chine mais préférait acheter la cafetière made in China chez Darty parce qu'elle coûtait deux fois moins cher que celle fabriquée en France. En clair : contrairement à ce qu'assène Moore et les démagos comme Besancenot, chacun est responsable. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas qu'il y ait entraide entre les citoyens, c'est même la base d'une société, et c'est ce qu'il manque dans les pays du tiers monde comme le Liban. Mais croire aux solutions miracle et aux bonimenteurs à caméra ou à casquette de postier, c'est vouloir détruire l'immeuble parce que le radiateur a une fuite. Ou pendre son propriétaire, comme le scandait un slogan heureusement oublié.

Aujourd'hui, se positionner contre les Etats-Unis, de quelque manière que ce soit, c'est passer pour un héros soucieux des petites gens. Moore a flairé le tuyau, et l'exploite à fond pour la plus grande joie des ennemis de l'occident. On peut, on doit, critiquer son pays quand on est dans une démocratie, et cela passe par le vote ou par le travail citoyen de critique du gouvernement et de son action. Mais que faire des Michael Moore et de leur travail de poudre aux yeux ? Les spectateurs vont-ils réellement croire que Cuba est mieux que les USA parce qu'on y a soigné gratuitement quinze Américains filmés par une vedette de l'altermondialiste de salon ? En tout cas, dans ma salle de cinéma, on gobait les chiffres et les arguments du Dr. Moore en même temps que du pop corn graisseux. Et on se réjouissait tout bas du satisfecit décerné par un réalisateur qui a dû passer en tout et pour tout une semaine à Paris mais qui juge qu'on est très bien soignés en France ET qu'on a SOS médecins. La prochaine fois que les infirmières manifesteront pour de meilleures conditions de travail, on les recevra au ministère concerné et pour les faire patienter, on leur projettera "Sicko". Quant à Fidel Castro, qui a adoré le film, il ne comprend pas pourquoi ses administrés continuent à fuir le pays année après année alors qu'on leur fournit des inhalateurs contre l'asthme à 5 cents ! Et la Syrie, comment y est-on soigné là-bas ? Précisons que le hezbollah a d'excellents hôpitaux, et qu'on y soigne les démunis sans assurance de santé. Ce qui montre bien qu'ils ne sont pas méchants, CQFD grâce à Michael Moore, le village Potemkine ambulant.

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