Téléportation
Je ne suis pas peu fier qu'une des photos que j'ai prises en Ouganda serve à illustrer un document des Nations Unies consacré au déséquilibre entre les sexes dans le monde. C'est le cliché que je préfère de toutes mes pérégrinations en Afrique, et je suis heureux qu'il serve à cette institution que je respecte profondément, n'en déplaise aux nationalistes de tout poil (et je ne touche bien sûr pas un kopeck pour l'exploitation de l'image). Je vous montre une autre version de la photo qui fait partie d'une série ; j'ai été très ému par cette petite fille qui transportait des galons d'eau sur la route qui mène à Jinja. Elle m'a semblé apeurée, et en même temps résignée, plus agacée de s'être fait distancer par ses camarades que consciente qu'un petit bout de son âge ne devrait pas peiner à la tâche mais plutôt apprendre à l'école et jouer.
C'est une grande chance que de pouvoir voyager comme je le fais en ce moment. Je me prépare à partir en Islande, à l'opposé de l'Afrique du Sud qui continue à me faire rêver durant mon escale à Paris. Je pense qu'en moins d'une semaine, je n'arriverai certainement pas à bout de la Terre de glace, et je me demande s'il ne faudrait pas que je prenne des stimulants pour dormir le moins possible. Mes Pentax frétillent d'excitation à l'idée de travailler si près du pôle, et j'accueillerai toute suggestion de circuit basé sur une expérience de l'île aux vikings. Si vous avez des tuyaux pour ce pays, mais aussi pour mes prochaines destinations dans le mois qui vient comme Madrid et Bonn (moins excitant...), ainsi que le Panama et le Costa-Rica, je suis preneur.
J'ai tenté d'aller voir "Caramel", annoncé comme l'événement du cinéma libanais, bien que la critique du Canard enchaîné soit très négative. Je doute que les spectateurs l'aient lu, car c'était le seul film qui affichait complet dans mon multiplexe en ce 15 août. A la place, j'ai dû me taper "Evan tout-puissant", que vous pouvez éviter. En revanche, par pitié, ne manquez pas "Persépolis", qui vous emmène du rire aux larmes en quelques secondes, et essayez le dernier Chabrol, "la fille coupée en deux". Ce film me hante plusieurs jours après l'avoir vu.
Qu'est-ce que je fous à aller au cinéma alors que je dois corriger les dernières épreuves de mon bouquin qui sort dans deux mois ?! C'est que vous ne réalisez peut-être pas à quel point c'est un procédé long et laborieux (chiant) de sortir un livre. Je suis obligé, après avoir relu et corrigé plusieurs fois le manuscrit, de me farcir les erreurs de typographie et les modifications que mon ènième lecteur a noté dans ma prose. J'avais entamé le suivant, mais me voilà collé, entre deux beaux voyages, à la relecture fastidieuse d'un texte qui me sort par les yeux, au point que j'en viens à douter de son intérêt. Chaque phrase me paraît mal foutue et sans intérêt. Je préfère de loin écrire ce blog, mes lecteurs me faisant toujours remarquer mes erreurs, mais avec tact pour la plupart. Et pour ceux qui ont eu la gentillesse d'apprécier mes photos et de me le dire, voici une dernière prise de vue de Cape Town, les piscines d'eau de mer salée qui déclinent leur bleu sous le ciel et l'océan.